dimanche 1 août 2010

262 : samedi 31 août 2010

Il me manque le début, peut-être que le début n’est pas bon et qu’il vaut mieux que je ne le lise pas, mais je ne pourrai pas le savoir. Peut-être que sans le début, sans ce qui précède la page 27, le roman est-il parfait, ou plutôt quasi-parfait : peut-être ne lui manque-t-il qu’un début aussi bon que tout ce qui suit la page 27. Alors que si le début s’avère raté, la lecture du livre depuis le premier mot jusqu’au dernier, tel qu’intégralement écrit par l’auteur et délibérément publié par l’éditeur, laisse la fâcheuse impression d’une réussite imparfaite et donc d’un quasi échec. Les circonstances m’ont - qui sait ? - favorisé en me fournissant un exemplaire ainsi tronqué. À supposer que je sois chanceux, je ne pourrai pas connaître ma fortune, sauf à la gâcher en lisant le début sur les pages d’un autre exemplaire de l’œuvre.


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Le comte de Sarians, qui avait silhouette sèche et esprit urticant, disait que Monsieur Durant-Morbier - non je veux dire le marquis de Becdor -, qui se piquait de poésie, et dont l'âme était ingénue, avait fait ajouter, au dessus des volutes des ferronneries des balcons de son nouvel hôtel, une rangée de feuilles de laurier, pour inciter les membres de notre Académie à s'intéresser à son dernier recueil, paru chez le Sieur Roumanier - qui était bien complaisant.