samedi 30 juin 2012

922 : vendredi 29 juin 2012


Les Hypercondriaques promènent leur petite santé sur de vastes étendues de glaces et de glaires, s’enfoncent en toussant dans des jungles infestées d’éléphants volants suceurs de rêve et progressent au flanc de parois sans prise vers un ciel supposé que masque à leurs conjonctivites chroniques l’aile d’effarants oiseaux de proie. Ils pulvérisent de leurs seuls os de verre et de leur hargne rachitique les records les plus insensés sous l’œil médusé – où l’on croit parfois lire un soupçon d’envie – des avisés.

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On ne voit de son visage que ce que l'ombre veut bien nous révéler. Posé sur l'oreiller, las mais souriant... La vie effleure à peine les courbes dessinées, ses pommettes hautes, sa bouche fine, ses sourcils qui pourraient s'envoler.

vendredi 29 juin 2012

921 : jeudi 28 juin 2012


Jacques ne comprenait pas très bien pourquoi il fallait renommer les choses (après tant de verres, il ne comprenait pas grand chose). Un halo de brouillard l'entourait, des sons déformés en lumières tâchées d'ombres grinçantes.

jeudi 28 juin 2012

920 : mercredi 27 juin 2012


Les Mocassins parfois s’égarent le long des rivières et piétinent les ronces du temps jusqu’à ce ventre de bête qui fut leur première demeure. Sur les parvis déhanchés aux reflets de verre, ils manquent soudain à l’appel. Il faudra encore une fois compter sans ceux, chuchotent alors les courtiers émus, qui se sont fait la belle.

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Chaque marche est une étape. Un calvaire d'effort. Le sang qui bat les tempes et voile les yeux. Trois étages essouflé, trois étages à gravir avec peine, la main sur la rampe agrippée, tirant et portant. Ses pas sont lourds, son costume gris usé d'âge et de poussière. Tous les jours l'extérieur l'invite. Quand il pleut c'est terrible, il descend tout de même et reste la porte ouverte à regarder dehors. Quoiqu'il arrive, ensuite, trois étages à monter. En vie.

mardi 26 juin 2012

919 : lundi 25 juin 2012


Dans le bruissant bredouillis des branches le Bristignol hésite et hésite encore. Doit-il sauter sachant qu’il ne sait point voler ou ignorer à tout jamais le vertige à bout brisé de l’aile ? Voilà que fignole le Bristignol jusqu’à ce que branche craque et tout se résolve. Moralité : le petit futé joue toujours de la flute à deux becs.

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Pragmatique Une lettre. Un son. Un mot. Un nom. Un code. Un mode. Un cadre. Un support. Un véhicule. Un médium. Un signifiant. Un signifié. Un message. Un usage. Une utilité. Une finalité.

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L’école accomplit beaucoup ; c’est la société qui ne tient pas ses promesses. La révolte gronde… La toute puissante notion de "flexible worker" aurait-elle reçu du plomb dans l’aile ?

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Le corps d'Albert creuse les draps moites. Jambes écartées et bras en croix, il respire péniblement, ses poumons opprimés par la chaleur. Pas un souffle d'air, et pourtant malgré tout, une fenêtre  au loin parvient à grincer les heures doucement.

lundi 25 juin 2012

918 : dimanche 24 juin 2012


Elle avance avec persistance, s'allégeant des tristesses passées. Son pas lent mais sûr lui est envié, tant la grâce de son parcours parait simple. Elle se dépouille de chaque larme, de chaque difficulté, des ombres mouvantes qui entravaient sa route. Devant elle, la lumière de l'évidence, la confiance que quelque chose sera: elle n'a plus peur.

dimanche 24 juin 2012

917 : samedi 23 juin 2012


Lorsqu’un Ul vient à manquer dans un coin, il est toujours un Ul pour ne point s’en plaindre.

vendredi 22 juin 2012

916 : jeudi 21 juin 2012


L’Eska renait chaque année de ses chants tel le phénix de ses cendres. Les Indiens de la rue des Envierges ne le connaissent que sous le nom d’Immortel-au-long-chemin-de-pluie.

mercredi 20 juin 2012

915 : mardi 19 juin 2012


Un blasphème de Chouriplume a généralement meilleure mine qu’un juron de Mastobec mais les gourmets indélicats ne préfèrent pas toujours la plume au bec. Et certains vont même jusqu’à se taper sur le ventre à l’heure où les Pélardons lâchent des tourbillons de grasses paronomases (des fientes de vautour !) dans la colonne préfabriquée des mots.

mardi 19 juin 2012

914 : lundi 18 juin 2012


C’est orthoclassique, je dirais ; les mots ne guérissent de rien, car ce n’est pas là leur rôle. Dans la société, l’interdiction des devoirs a bien pris. En tout cas ? La ligne éditoriale de L’Univers Stratégique consiste à rendre sibyllin ce qui était complexe.

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Jean a dit « il y a les légumes de l'été, il y a les terres cuites, il y a les parfums, il y a... » et Marie l'a interrompu pour savoir ce qu'il voulait manger.

lundi 18 juin 2012

913 : dimanche 17 juin 2012


Les Soldats de Gaspard n'aiment qu'une seule chose : tourner. Tourner autour ou tourner tout court, tracer avec leurs pieds des cercles parfaits ou approximatifs (ils ne sont pas bégueules), marcher des heures, des jours, des années durant, le long de vastes ondées concentriques ou sautiller autour d’insignifiants orifices.

samedi 16 juin 2012

912 : vendredi 15 juin 2012


Les Paupiettes-du-Silence très vite s'endorment et se réveillent muettes. Elles font pourtant tout ce qui est en leur pouvoir pour soutenir la parole de qui leur parle. Mais c'en est trop, toujours déjà trop pour elles. Elles luttent contre l'engourdissement mais sombrent au bout de quelques instants. De la bavette taillée sur le pouce au dialogue socratique rien ne résiste à leur pesante indifférence. Ainsi les Paupiettes-du-Silence vont semant tout autour d'elles blessures d'orgueil et questions sans réponses. On se demande souvent à côté de quel insaisissable sujet de conversation, dans le jeu infini des probabilités, leur longue lignée a bien pu passer.

vendredi 15 juin 2012

911 : jeudi 14 juin 2012


Le store, grillage de fer, resté à demi ouvert... Au bas de la vitrine on apercevait une photographie encadrée. La photographie représente une fleur blanche, unique, une orchidée, dans un vase noir élancé, sur fond de ciel blanc, très lumineux. Assez lumineux pour en distinguer l'ombre nette, sur les contours indistincts du socle en pierre. On ne sait cependant si le regard ne pouvait être influencé par l'ordinaire des reflets du jour sur la vitrine. Ce qui se reflète, dans la vitrine... Ce qui s'y renvoie en un instant unique à chaque fois ce sont ces figures perdues dans le quotidien. Tout ce qui s'y reflète…Des centaines de visages, ne serait-ce que le temps d'une demi-journée. Les couleurs du ciel; nuages, ombrages, pluies, éclaircies, teintes pastel ou appuyées. La circulation; voitures, taxi, autobus, vélos, motos. Les panneaux publicitaires en face que l'on voit en obliques. L'usure des jours. Les couleurs du jour. Cette vitrine n'a pas plus d'une trentaine d'années. Par endroits le verre y est abîmé (usure due au frottement des stores de fer, érosion presque imperceptible, mais inévitable) Le verre, agglomérat de silice, défini par des qualités de transparence et de solidité, garde un temps la mémoire de la chaleur, pas celle des formes et des lumières que ce matériau renvoie. Sa structure isole l'intérieur de l'extérieur et répercute les ondes sonores d'une façon ou d'une autre dans un espace donné. Les bribes de paroles qui sont le fait des passants, les bruits de moteurs, klaxons, les bruits de freins générés par la circulation des engins motorisés, le son du chant des rares oiseaux. Tout ce qui s'y passe est éphémère ; on rencontre pourtant certains motifs répétitifs, certaines situations usuelles dans ces quartiers de la ville qui sont plus qu'animés, dans une des rues du centre, dites "commerçantes" où j'aime parfois m'en aller, au hasard, le soir venu, lorsque tout est fermé.

jeudi 14 juin 2012

910 : mercredi 13 juin 2012


Les Poètes d’Après pratiquent le don d’inspiration dans l’anonymat le plus charitable, et se séparent sans rechigner, de leurs plus beaux greffons rimés.

mercredi 13 juin 2012

909 : mardi 12 juin 2012


Jean a dit « il y a un salon près d'une rivière, il y a le bazar, il y a les bleus et chamois des tapis de Chine », il y a les tapisseries, les kilims et les tapis de la Savonnerie, les nattes, les tapis berbères, des tapis tout autour du monde, les tapis d'Anatolie et puis pour ma méditation heureuse il y a les tapis persans, il y a les tapis d'Ispahan, la variété des tapis de Gouhm, et le minah khani pastel et argenté d'un Héréké, il y a le bleu sombre en jardin choisi pour mon père, il y a quatre vingt ans environ, par un ami turc, il y a mon petit Gouhm, il y a tous les tapis que je rêverais d'avoir, les innombrables ateliers, quoique peut être devrait-on dire il y avait, il y a les laines du Khorasan, le coton, les soies, les fils d'argent, la garance, l'indigo, le jaune de la vigne et celui du safran, le brou de noix, le noir des poils de chameau, il y a l'univers des marchands, les souks pour touristes et les réservés, les tapis proposés sur les épaules dans les rues des ports, les tapis en gloire derrière les vitrines rue de Richelieu – il y avait – ou près de Saint Philippe du Roule, il y a trop longtemps, et la boutique qui est sous mon antre.

mardi 12 juin 2012

908 : lundi 11 juin 2012


Il existe une solution : simplifions la prononciation anglaise, vivement ! La prochaine rentrée avec sa fortune personnelle ? Un millionnaire peut créer au moins deux emplois, ce qui règlerait l’épineuse question du chômage en France. Reste à convaincre cette population dorée d’entamer un peu ses fonds.

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Quand les Bleus s’émeuvent, ils bleuissent. C’est-à-dire qu’ils sont encore plus bleus que bleu. On dirait des Avatars en colère, des bonbons chimiques, des Gendarmes qui font le poirier dans le parc de Saint-Cloud, des Schtroumpfs qui ont vu la Lumière. Au fond, ils ne sont pourtant qu’eux-mêmes, de simples Bleus émus et bleuis.

dimanche 10 juin 2012

907 : samedi 9 juin 2012


Chez les Poils-de-Buse, l’honneur est à cheval sur les principes qui se lèvent tôt et la vérité des valeurs brille au front suant des familles agricoles qui vont à Rome à cœur vaillant comme une seule patrie réunie à la force des cinq doigts de la main droite. Et pourtant la semaine de travail n’est que de 28 heures.

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Jean a dit «il y a une maison, il y a un bois, il y a un jardin, il y a l'automne», il y a la promenade intéressée, il y a les petits produits des campagnes, les champignons à lamelle, les champignons à pores, les phalles, les géastres, les vesses, les champignons en coupe ou en gelée, les lactaires, les bolets à pied rouge et les bolets Satan, les armillaires du miel, les cèpes, les coulemelles, les chanterelles, les clavaires, les girolles, les coprins et les galères, les lentins, les helvelles et les trompettes de la mort, les pleurotes et les oreilles de Judas, les amanites, les russules, les lépiotes, les extravagants sparassis et les xylaires, les morilles, les truffes, les arrêtés préfectoraux, les qui-se-mangent, les qui-sont-délice, les qui-sont-à-éviter, les tueurs et les champignons magiques des coréens, et puis c'est vrai il y a les mycoses des pieds, l'ergot du seigle, le midiou et autres mais ça c'est une autre histoire, alors revenons aux champignons à fumer, et n'oublions pas l'ail et le persil.

vendredi 8 juin 2012

906 : jeudi 7 juin 2012


Les Crons naviguent de Trils en Trils et leur soif de vengeance est tout aussi incompréhensible.

mercredi 6 juin 2012

905 : mardi 5 juin 2012


Les Mères-d-Amour sont ainsi faites qu’elles cachent le plus longtemps possible à leurs petits l’existence des autoroutes allemandes à quatre voies sans limitation de vitesse. Certaines parce que c’est laid et d’autres parce que c’est dangereux. Et quand les petits l’apprennent, il est déjà trop tard. On leur a roulé dessus ou ils sont à leur tour devenus des Mères-d-Amour, pleines de préjugés sur l’Allemagne et la Beauté.

mardi 5 juin 2012

904 : lundi 4 juin 2012


L’amour est naturel ! Le rose et le bleu layette existent depuis le début du XXe siècle, et sans s’assombrir, à la différence de la lune.

lundi 4 juin 2012

903 : dimanche 3 juin 2012


Si mourir est un paradoxe, qu’est-ce alors que mourir de rire ? Voilà, à titre d’exemple, de quelle façon les Infréquentables se mettent la tête au carré à l’heure de l’apéricube.

dimanche 3 juin 2012

902 : samedi 2 juin 2012


Jean a dit « il y a la nuit des temps, il y a l'obscurité des grottes, il y a les bisons et chevaux, les animaux qui vivent à la lueur, il y a aussi ces silhouettes en fil de fer, il y a les mains », il y a Fuente del Salin, Vilhonneur, Gargas et Bornéo, il y a la grotte Chauvet et la grotte Gosquer, il y a la marque d'une gifle qui a voulu faire mal, il y a la peinture blanche écaillée de la main que j'ai évité de piétiner dans ma rue ce matin.

samedi 2 juin 2012

901 : vendredi 1er juin 2012


Les Piliputiens se tiennent à une portée de main de nos rêves. Ils en pâtissent parfois, l’été, quand on les prend pour des mouches. On ne peut ni tout savoir ni tout voir. Et ils passent pourtant, ces soirs de juillet bêtement pastissés par notre manque de discernement. Ils passent comme passe juillet.

vendredi 1 juin 2012

900 : jeudi 31 mai 2012


Les Trululu font ce qu’ils peuvent pour paraître innocents. Ils portent des gants de maille qui cachent au tout venant la vue de ce sang dont leurs mains sont couvertes depuis qu’ils sont nés. Ils arborent des sourires en carton qui remplacent avantageusement le rictus douloureux qui leur tient lieu de bouche. De requinquantes lotions éclairent encore un peu leurs visages affaissés. Et quand on leur demande ce qu’il en est du proche avenir, ils ne nous gratifient que d’une obscure parabole connue chez nous sous le nom de danse des canards.