jeudi 28 février 2013

1059 : mercredi 27 février 2013


Malgré l’humidité de l’air, je sens la torpeur m’envahir. Je ferme les yeux… Quand je les rouvre – combien de temps s’est-il écoulé ? – je suis toujours contre l’arbre mais au milieu d’une vaste prairie, si vaste qu’on dirait que le monde n’est couverte que de cette herbe haute parsemée de sanglants coquelicots.

mercredi 27 février 2013

1058 : mardi 26 février 2013


chaux tailladée à l'emplacement exact de l'impact. interception du vestige.

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Je cueille encore deux figues et je suis rassasiée : à force de faim, mon estomac aurait-il rétréci ? La bruine est de plus de plus en plus fine, l’arbre protège peu, mais je m’assois contre son tronc pour profiter de l’instant. Mon pull commence à sentir le chat mouillé.

mardi 26 février 2013

1057 : lundi 25 février 2013


En avance sur Pâques : pour acheter quoi, au fait ?

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Qu’aperçois-je alors ? Un arbre à nouveau, et celui-là me sera secourable : c’est un figuier. J’arrache deux fruits que je croque illico. Les fruits sont mûrs comme il faut, peau ferme et chair tendre, des petites graines se coincent entre mes dents. Un soupir d’aise…

samedi 23 février 2013

1056 : vendredi 22 février 2013


Le ciel s’est obscurci, bientôt l’averse et pas un endroit où s’abriter. Je reprends ma longue marche. A défaut de grosse pluie, c’est un crachin qui commence, doux et frais de prime abord mais je sais que bientôt j’aurais froid. Retourner sous l’arbre ? Le crachin est sournois, il ne tombe pas à la vertical, brumisation suspendue, les atomes d’oxygène devenus de minuscules gouttes d’eau. Je décide de continuer, vers ce que j’ai décidé être le sud.

vendredi 22 février 2013

1055 : jeudi 21 février 2013


Mais vers où ? Je tends l’oreille et je n’entends rien d’autres que les battements de mon cœur, rien qui ne m’indique comment, pourquoi ni dans quelle étagère…

jeudi 21 février 2013

1054 : mercredi 20 février 2013


Perdue, je suis irrémédiablement perdue. Je l’étais déjà, mais j’avais encore en moi la certitude de savoir où j’allais, alors que j’avançais au gré des hasards. Maintenant, je sais qu’il n’y a peut-être pas d’issue, que je suis condamnée à errer dans ces murs jusqu’à l’épuisement. Il faut que je me donne un but. Trouver de la nourriture. J’aurais pu manger les insectes, mais le courage m’en a manqué et de toute façon, cela ne m’aurait pas rempli l’estomac. Avançons donc et gardons la foi : d’autres sont sûrement passés par là avant moi.

mercredi 20 février 2013

1053 : mardi 19 février 2013


de loin quête d'ombre. lambeaux de nuit matricielle. mur et faces presque pardonnés.

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L’araignée a stoppé sa course et me regarde en train de l’observer. C’est à celui qui baissera les yeux le premier. Une minute passe, qui semble une éternité. Comble de l’entomologiste, j’ai des fourmis dans la jambe gauche. Je capitule et me redresse.

mardi 19 février 2013

1052 : lundi 18 février 2013


"Rien y voir", c’est voir quelque chose. Une pensée pas du tout commune, ça ne serait pas de refus ; changer de métier forme un début de solution. Auprès de qui toujours se souvenir de ceux qu’on a tendance à oublier, Formidable ? Tous les citoyens pacifistes de l’Union ont remporté un prix Nobel !

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Peut-être que mon labyrinthe n’est que la mousse d’un labyrinthe plus grand encore.

lundi 18 février 2013

1051 : dimanche 17 février 2013


pierre aux verrous maxillaires. salivation du vide. génération d'une grande ombre. temps. ensuite recracher et voir. signe creux. insecte sec au poteau.

dimanche 17 février 2013

1050 : samedi 16 février 2013


encercler d'une chute l'insigne du mort. poteaux et tumulus. arasement du jour.

samedi 16 février 2013

1049 : vendredi 15 février 2013


Plus je m’approche, accroupie, plus je me rends compte que dans le vert grouille un microcosme. De petites fourmis, et des bestioles dont je ne connais le nom, toutes plus minuscules les unes que les autres, à vaquer à leurs occupations domestiques. Ou peut être à errer sans autre but que de sortir de leur dédale en miniature.

vendredi 15 février 2013

1048 : jeudi 14 février 2013


L’araignée est noire avec une tache rouge sur le dos. Elle a trouvé son garde-manger dans le végétal qui s’immisce dans les jointures. Je m’arrête un instant pour observer son manège, méditation immobile sur la mobilité de huit petites pattes fourchues.

jeudi 14 février 2013

1047 : mercredi 13 février 2013


Une toute petite araignée traverse juste devant moi. Elle ne semble pas chercher la sortie, elle, se contentant d’aller d’un filet de mousse à un autre, d’une paroi à l’opposée. Dans ces courts trajets, elle a trouvé son bonheur. Elle.

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arêtes de pierre raclure de l'approche rapidement recouverte d'insectes de cavité.

mercredi 13 février 2013

1046 : mardi 12 février 2013


Il doit être midi et pourtant nul astre au zénith, la brume tient encore. Je me dirige vers là où elle semble la moins épaisse, où la clarté perce un peu. J’imagine que c’est le sud. A force de toujours tourner à droite, j’espère revenir sur mes pas et trouver non pas le monstre mais le chemin de la sortie camouflé derrière le dais rouge. J’avance prudemment, attentive au moindre souffle. En bas, le long du mur, parfois un peu de mousse. Il y a de la vie sur la pierre.

mardi 12 février 2013

1045 : lundi 11 février 2013


Je jette un long regard à l’arbre, je reviendrai, promis. Une feuille tombe pour me saluer. Il est temps de continuer mon chemin. Le sol est indemne de poussière. Murs gris à nouveau. Je cherche un repère, une couleur, une odeur, mais rien pour me guider. Très vite, le couloir coude vers la droite. Puis il me laisse le choix de continuer le long des murs gris ou de bifurquer, à droite encore, dans du grès rose. Va pour le gré rose. Le ciel, au-dessus, semble un peu plus lumineux. C’est le seul signe.

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Pourquoi les enveloppées portent-elles exclusivement de la lingerie d’aïeule ? « On n’y voit pas à 500 m, comme dans la plupart de nos instants quotidiens. » Bientôt l’homme-tronc au pied noueux...

dimanche 10 février 2013

1044 : samedi 9 février 2013


cependant une herbe suture le sang d'aube au feu interrompu. cicatriser mon empreinte sur le bois du poteau. sel fossile dans le ventre.

samedi 9 février 2013

1043 : vendredi 8 février 2013


Faire demi-tour, à nouveau ? Ou rester un instant à profiter de cette bouffée de vie en plein désert minéral ? Juste avant l’arbre, il y avait un autre couloir, et s’il y avait aussi d’autres surprises ?

vendredi 8 février 2013

1042 : jeudi 7 février 2013


Derrière l’arbre, un mur. Mur de béton, haut et lisse. Mais pour le moment, je m’en fous. Cette apparition de verdure me donne l’impression de respirer mieux tout d’un coup. Je pose mes mains à plat sur le tronc énorme, je ferme les yeux et je sens sa vie. En haut, les feuilles bruissent d’on ne sait quelle brise. Si seulement je pouvais grimper jusqu’au faîte… les branches sont trop hautes, je ne peux les atteindre. Encore une impossibilité. Je commence à en avoir marre d’être constamment empêchée.

jeudi 7 février 2013

1041 : mercredi 6 février 2013


Ce serait regarder et écouter sur un écran des déluges de mauvaise foi et de bêtises brutalement agressives et avoir une envie presque irrésistible de pénétrer dans l'image pour distribuer des claques. Ce serait imaginer la chose…

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dévastation logique. désastre nominal. les ruines fuient les noms frottés contre le vent et le silence. crispation des fractures et martyre de la présence.

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Je me suis relevée difficilement, j’avance en titubant un peu sur les premiers mètres. Les murs sont en briques apparentes. D’un coup de masse, il serait facile de les briser. Je n’ai pas de masse. J’approche de cette tache verte et c’est bien ce que j’espérais : une feuille, une vraie feuille d’arbre, avec toutes ses nervures, fraîchement tombée et portée là mais par quel vent ? Ici, l’air est immobile. J’avance, le couloir fait un coude vers la droite. Briques toujours. Une possibilité à gauche, mais c’est alors qu’au loin, je l’aperçois : l’arbre. Il est immense et c’est sans doute sa présence que j’ai sentie du fond de mon tourbillon, je marche de plus en plus vite pour pouvoir toucher enfin ce monument végétal, pour qu’il me donne un peu de l’énergie qui fait vibrer la sève sous son écorce.

mercredi 6 février 2013

1040 : mardi 5 février 2013


Je suis à terre, avec un tournis terrible. Le couloir d’en face tangue devant mes yeux. Mais cela ne m’empêche pas de voir, sur le sol un peu plus loin, quelque chose – je fais le point – quelque chose qui ressemble à une feuille, une feuille de platane, gigantesque et encore verte. L’extérieur vient donc jusqu’à moi ! Peut-être est-ce un leurre, une feuille en plastique, peut-être que l’extérieur n’existe pas, mais cette feuille je la veux, je l’attacherai à une boutonnière de ma veste comme un trophée, un espoir.

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affouillement de fosses. de l'eau et du temps. colonie orbitale. savoir sûr d'une esquille d'os. crue du vide. intrusion creuse. sel natif du lieu cloué au sol. gangue topographique. lest faible le flot de rien durcit.

mardi 5 février 2013

1039 : lundi 4 février 2013


organe de jonction sueur froide sur le mur et le même vent pour le front et pour la pierre.

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Pendant que mon corps devient toupie, mon esprit quitte mes pieds, remonte le long de ma colonne et flotte au-dessus de ma tête. Que je tourne encore et il s’élèvera, au-dessus des murs et s’en échappera. Je le sens attiré par une direction en particulier, tension subtile de mon être tout entier, alors c’est face à celle-là que je me laisse tomber.


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Le "futur compliqué" : il s’inscrit dans quel(le) mode, ce nouveau temps ?

lundi 4 février 2013

1038 : dimanche 3 février 2013


Encore une nuit. Toujours le sommeil se dérobe. Un cœur qui s'obstine à battre la chamade malgré les tisanes. Seule la musique chantée soulage la douleur. Tu n'es plus là. D'autres voix et des notes habitent avec moi. La plus sage tire une chaise et s'assoit derrière moi face au miroir. Elle peigne mes cheveux, lentement, me caresse. Elle farde mes joues et mes paupières et dépose dans un baiser son parfum sur mon front. Elle me dit : "Mange !". Elle me dit : "Bois !". Mais jamais encore elle n'a prononcé le mot que j'attends :"dors."

samedi 2 février 2013

1037 : vendredi 1er février 2013


Je tourne et tout devient flou autour de moi. Ocre des murs et gris du ciel, ces deux couleurs passent en traînées devant mes yeux. Je tourne et j’essaie de me souvenir. Depuis combien de temps suis-je dans ces murs en errance ? Existe-t-il un avant ? Je n’ai la mémoire que de ma quête d’une issue potentielle. Depuis si longtemps, je marche, je cours, je m’essouffle et je cherche. Qui étais-je avant ? Je ne suis aujourd’hui qu’une tension vers le dehors, mais ce dehors n’est peut-être qu’une chimère, un vieux rêve de l’humanité. Sommes-nous tous condamnés à errer éternellement en ne faisant qu’espérer ?

vendredi 1 février 2013

1036 : jeudi 31 janvier 2013


Silence. Alors je tourne, tourne sur moi-même. Là où je tomberais, saoule, indiquera la direction à prendre.