mardi 31 décembre 2013

1232 : lundi 30 décembre 2013


Grisons-nous de l'effet du punch sur les jeunes retraités, spaghettis effarés de leur proche destinée !

mardi 24 décembre 2013

1231 : lundi 23 décembre 2013


On en connaît qui baissent les bras et lèvent le pied à la fois : le dodo des anges… Penser à fêter la naissance du Christ, le 15 août ; avec une corde, tout ira mieux.

mardi 17 décembre 2013

1230 : lundi 16 décembre 2013


Plus vrai qu'en vrai, verrière urbaine à prix plancher, sans attraper la jaunisse. A inventer : l'odeur de la littérature numérique. Pas dans le verre, les glaçons ? Tranches d'une vie liquéfiée.

mardi 10 décembre 2013

1229 : lundi 9 décembre 2013


Et c'est magique, l'humanité sans orthographe !

mardi 3 décembre 2013

1228 : lundi 2 décembre 2013


Il ne fut pas le premier à envisager comme siège d'appoint le bon filon des ciseaux d'occasion. On fait pareil avec le foie gras ?

vendredi 29 novembre 2013

1227 : jeudi 28 novembre 2013


emmêlement des pistes. remous figé dans les chaumes. cartographie brûlée d'herbes sèches et de rhizomes momifiés. fin de route. crémation simulée. avec ça égarer la mesure.

mardi 26 novembre 2013

1226 : lundi 25 novembre 2013


Ainsi naquit Boucle d'or, irrespirable cliché. De la cuisse endormie rêva le beau visage à classer dans les petites annonces. Gavons-la, elle manque d'embonpoint.

vendredi 22 novembre 2013

1225 : jeudi 21 novembre 2013


emmêlement des pistes. remous figé dans les chaumes. cartographie brûlée d'herbes sèches et de rhizomes momifiés. fin de route. crémation simulée. avec ça égarer la mesure.

mardi 19 novembre 2013

1224 : lundi 18 novembre 2013


Sur des kilomètres, presque personne, on se passe d'ânes bâtés… Ontogenèse d'un cœur de nacre : feuilleter Paludes dans cet environnement, et la taille qui va avec.

vendredi 15 novembre 2013

1223 : jeudi 14 novembre 2013


La goutte d'eau s'est tue. Non ? Je suis juste en dessous. Et je souris à ces larmes qui ne sont pas les miennes. Qui manquent de sel... et qui ruissellent, comme je laisse faire, et descendront jusqu'aux chausettes mauves à pois jaunes.

jeudi 14 novembre 2013

1222 : mercredi 13 novembre 2013


(Néanmoins) je me laisse guider par le rebond sonore des gouttes qui sanglotent : leur rythme s’affole au fur et à mesure que je m’approche. Quelle émotion les presse ? Et si j’étais attendue… depuis longtemps, trop longtemps… J’avais refusé d’appartenir à l’ombre, au monde du dessous et voilà que je vois presque dans l’obscurité de ce que je refuse à considérer comme une tombe.

mercredi 13 novembre 2013

1221 : mardi 12 novembre 2013


Je m’arrête. J’espérais une présence, un bruit proche indiquant du vivant. Et maintenant je me dis : « la solitude n’est-elle pas plus sûre ? » Le silence me rassure. J’en sonde la profondeur. Qui me dit que l’on me voudrait du bien ? Je ne perçois qu’un « ploc ploc » au loin, qui m’indique qu’il y a là un couloir et à boire… peut-être une source souterraine et inconnue des êtres de surface. Ou une stalactite, un piège, car elle se détachera quand je m’y abreuverai…

mardi 12 novembre 2013

1220 : lundi 11 novembre 2013


Verdun / D’abord, il y a la boue. Ca gicle, ça s’infiltre, ça suinte, ça splouitche. Une lamentation spongieuse qui s’écoule des plaies de la terre retournée, dévastée, ravagée. Terre humide qui pleure en miroir d’un ciel toujours gris, on ne sait plus si c’est du nuage ou de fumée, on ne sait plus si c’est la nuit qui a pactisé avec le jour pour engendrer cette lumière sans clarté, cette aura de fin des temps qui n’en finissent plus d’agoniser. Ce serait trop facile que tout s’arrête, là, d’un coup ! Non, la fin sera longue, il faut souffrir, il faut ramper, tomber, glisser, et puis de temps en temps tirer là-bas sur un truc qui bouge. Faire semblant de croire que c’est en tuant quelqu’un ou un mégot de cigarette que l’on se sauve. Mais même la poudre est mouillée, le tabac aussi, et les tissus se trouent d’être trop humides, tiens, mon index dès la première semaine avait percé le gant, le gant que ma mère avait tricoté il y a cinq ans pour les travaux d’hiver, même que je lui avais ri au nez, mais la mère, je ne suis plus un bébé, des gants rouges comme un coucher de soleil, enfin la mère, c’est gentil quand même, et je l’avais embrassé. Et je les emporté avec moi sur le front, ces gants de laine rouge comme son amour de mère, étouffant mais qui tient chaud dans le froid de cet hiver des cœurs humains.


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Un second doctorat reste possible. Y a plus qu'à inverser, et c'est tout bon. Heavy work on the roof : on dit "une" peinture, mais "un" artefact. Il y a du masculin dans toute œuvre de faux. Des lectures de canapé !

lundi 11 novembre 2013

1219 : dimanche 10 novembre 2013


devant le projecteur placé par terre et devant l'ombre du corps pendue à un clou du mur blanc réminiscence intacte.

samedi 9 novembre 2013

1218 : vendredi 8 novembre 2013


Papa dit « Attention, dou-ce-ment » et je déchire le papier doré. Effrayée, je constate que la boîte est vivante… je recule, je regarde derrière moi et Papa sourit et Maman pouffe… C’est que le danger n’est pas si grand. Délicatement, j’ouvre donc le battant du dessus, de l’index, et j’attends… alors ? Alors une petite tête, museau rose et yeux immenses fait son apparition. La mignonne minuscule gueule s’ouvre, petits crocs pointus et cri muet. Pupille fendue dans la mienne qui s’agrandit et se brouille de larmes. Oh, oui, ça c’est un chouette Noël, pour Noé, Noé, Noémy. « Noémie ? » Maman s’inquiète… « tu ne le prends pas ? »

vendredi 8 novembre 2013

1217 : jeudi 7 novembre 2013


Hululement ? Non point, même à l’évocation de l’oiseau d’Athéna. Le hibou peut-être rôde, lui qui annonce mon sort funeste… ? Même pour un nocturne, il fait trop clos, trop rude, trop noir. Paumes en avant, la paume du feu, j’ose quelques pas.

jeudi 7 novembre 2013

1216 : mercredi 6 novembre 2013


Flotte une odeur d’épineux qui ses épines perd, en masse. Ne pas marcher pieds nus. Pourtant, en chemise de nuit, je cours vers mes chaussons où trônent : une clémentine, un chocolat en forme de bonhomme barbu. Derrière, des paquets cubes ou pavés, brillants de leur papier de fête. C’est chouette. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est chouette.

mercredi 6 novembre 2013

1215 : mardi 5 novembre 2013


S’en va-t-elle ? Et comment suivre sa traîne d’argent et de dentelle ? Je pose les derniers morceaux de caillasse qui m’empêchaient d’aller, et je me glisse, en m’écorchant l’avant-bras, dans l’oblique ouverture. Me voici dans une pièce haute à en croire l’écho de mon atterrissage. Je tente une petite vocalise, ça résonne joli, mais personne ne me répond. Mon sang est sale de la poussière des joints, son goût de terre me rappelle un vin bu lors d’un lointain Noël. Noël ? Ma tête me tourne à cette évocation. Comme si un conte que je me serais raconté prenait tout à coup consistance. Des cadeaux sous un sapin, est-ce que cela a jamais existé ?

mardi 5 novembre 2013

1214 : lundi 4 novembre 2013


Une voix, me semble-t-il ! Quelqu’un chante, une harpe l’accompagne, c’est ma fée, ma bonne fée, j’en suis sûre ! Un frisson. Comment la rejoindre ? Je bondis et me colle au mur, humant chaque fissure pour y déceler quelque courant d’air, synonyme d’escapade. C’est sur le côté droit, d’où ne vient pas le chant, que je sens les pierres branlantes. C’est d’abord une toute petite que j’arrive à desceller, puis, de mes ongles trop courts, je creuse creuse creuse les joints friables. Le temps s’effrite ainsi dans le noir total. Mes efforts ne seront pas vains. Une pierre longue accepte d’être enlevée et me tombe dans les bras. De l’autre coté, il ne fait pas plus clair, l’air est tiède et humide. Je lâche la pierre, inutile trophée, et je m’attaque à la déconstruction, m’arrêtant de temps à autre pour écouter : le chant s’est arrêté, puis la musique. Pas de souffle, pas de pas, au loin juste un frôlement dans la poussière moisie.

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Et la parole des hydrocarbures est douce à notre oreille, irrésistible paradigme social. Combien d'enfants les huîtres ont-elles, comment ne pas songer à la densité de pensée ? Le nouvel esprit critique, teinté d'automne avant la saison.

vendredi 1 novembre 2013

1213 : jeudi 31 octobre 2013


Mais voilà que ma vision se trouble. Je glisse sur quelque chose comme de la boue, aucune aspérité à laquelle me raccrocher, mes mains me disent que je vais continuer à tomber, sauf si… Un choc. Me voilà assise sur un sol… de pierre. Seuls quelques branchettes indiquent que l’extérieur a été un jour à ici relié. Je tâte un peu plus loin, à l’avance frémissante de rencontrer un fémur ou un crâne. Mais je suis vraiment seule. Sauf que…

jeudi 31 octobre 2013

1212 : mercredi 30 octobre 2013


Alors, pour connaître mon avenir, j’avais voulu découper des formes dans ce papier couleur marc de café… laisser ma main et le métal inox décider de mes pas sur le fil du destin, le fil que de mes yeux fatigués je voyais se troubler, se dédoubler, comme une réalité à plusieurs niveaux, autant de couches de ma conscience.

mardi 29 octobre 2013

1211 : lundi 28 octobre 2013


Un mélange détonant, en attendant la vraie désolation dans la chambrée.

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Ivana tourne la tête, ma présence la dérange peut-être. C’est là que je remarque son profil. Une impression de déjà-vu, mais ce n’est pas une intime dont l’image me revient. J’ai découpé ce profil, il y a quelques mois, dans du papier noir en suivant la course de mes ciseaux. J’avais alors envie de produire du beau sans réfléchir, trouver des formes qui émerveillent et j’avais d’abord eu l’idée de dessiner un oiseau. Croquis raturé, puis feutres sortis, des silhouettes s’étaient mises à danser. Danseuses de flamenco, gitanes aux pieds cachés par les plis de la jupe qui attendaient ma main gauche tendue pour dire si j’allais vivre vieille ou mourir jeune en amour.

samedi 26 octobre 2013

1210 : vendredi 25 octobre 2013


Ouvre les yeux Ivana, et dis-moi d’où tu viens, et si tu sais où je vais ? Ma tête est lourde de souvenirs qui ne veulent pas émerger. Mon corps est épais d’une graisse qui m’enserre pour me rappeler que le soir d’adolescence dont je me souviens n’est pas hier comme je le croyais. Viens-tu aussi d’un rêve, où nous allons ensemble cheminer ? J’avance sur un fil, toi sur le tien, et s’ils se rejoignaient ? Manque un troisième pour une tresse, qui permettrait à nos pas d’être plus sûrs. Sur une corde trois fois plus large, nos corps se mettraient à danser, et le chapiteau, oscillant, laisserait se lever des pans de son manteau ; il s’ouvrirait au vent qui se caresserait à la plante de nos pieds.

vendredi 25 octobre 2013

1209 : jeudi 24 octobre 2013


Dans ma chambre, Ivana respire sur un rythme régulier. Si c’était elle, l’autre moi-même, l’épaule à mon épaule, mon double décoloré ? Je m’approche encore une fois de son lit. Elle est pareille à cette reine morte dans la cathédrale visitée, je ne sais plus son nom, mais son teint de marbre blanc est le même, ainsi que la main posée sur le cœur. Où est l’époux charmant, et mort aussi, censé l’accompagner ? Nous sommes donzelles solitaires, dans ce dédale emprisonnées, sans savoir qui demain a prévu de nous manger.

jeudi 24 octobre 2013

1208 : mercredi 23 octobre 2013


Arrivé devant sa porte, il me dit : « bonne nuit, Noé ». Comment a-t-il deviné ? J’entends dehors la pluie, au même instant, qui se remet à tomber. Je suis celle d’après le déluge. Je suis avec eux tous embarquée. Qui sauve qui, c’est à voir, mais nous sommes tous par pair, à moi de nous trouver. Car si c'était lui le bon, il ne m'aurait pas si vite démasquée.

mercredi 23 octobre 2013

1207 : mardi 22 octobre 2013


Je n’ai pas dit mon nom, je n’ai pas dit grand chose. J’ai laissé la tisane couler dans ma gorge et réchauffer mon atmosphère. Farid a dit qu’il n’avait pas sommeil, qu’il lui faudrait trois verveine. « Prends tes cachets » a marmonné le géant. Je ne suis pas sûre d’avoir bien entendu, mais ce n’est pas à moi qu’il s’adressait. Nous voilà Lui et Moi, glissant côté à côte vers nos chambres respectives, dans ce couloir clair qui ressemble à un tunnel sans fin, si haut que des chauves-souris pourraient sans se cogner poursuivre les insectes qui naissent de nos pensées, et pas assez étroit pour que nos mains se frôlent.

mardi 22 octobre 2013

1206 : lundi 21 octobre 2013


Le code de la route, pourquoi une résolution de saison ? What a luscious idea, lady friend ! Ou les deux. Rien ne se perd en enfer, guet-apens du passé.

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Les bols fument, lourds d’infusions de fin de soirée. Il s’appelle Farid. Et il essaie de deviner mon prénom. Il tente « Mafalda » ; je ne vois pas en quoi c’est drôle. Bon, peut-être. J’ai choisi verveine ET camomille. Le géant maigre me souffle : « assonance et allitération. » Je ne comprends pas ce jargon. Quelle science suis-je ici venue chercher ? La plante tordue s’est un peu redressée et me salue du bout de la feuille. Il est tard, mais je ne vois pas d’étoile, seul un réverbère nimbé d’orange me rassure sur le fait qu’il existe encore un monde extérieur. Et pourtant… sans angoisse particulière, j’en viens à sentir que mon espace intérieur s’étend jusqu’aux murs du réfectoire, englobant les convives, molletonnant la ronde table jaune.

samedi 19 octobre 2013

1205 : vendredi 18 octobre 2013


Le film s’achemine vers une fin heureuse. Le héros a retrouvé sa douce, femme ronde et colorée, jaune et rouge, comme la devanture d’une boulangerie d’où émanent des effluves de bon pain et de croissants chauds.

vendredi 18 octobre 2013

1204 : jeudi 17 octobre 2013


Je me retourne et il est là, hilare, la bouche un peu bête. Et pourtant. Il y a un je-ne-sais-quoi de torturé et d’aigu chez cet homme, peut-être le cheveu qui s’exclame, ou alors dans l’oblique du corps dont l’épaule droite descend jusqu’à chercher l’appui d’un accoudoir – or la chaise est manchote. Déséquilibre de l’attitude et main immense et molle qui désespère. C’est alors que de façon totalement imprévue, il baille, et sa main décrit une arabesque, un salut de cour en rewind, et ses doigts qui écrasent en s’écartant filtrent un regard, adouci à ma vue et mouillé d’une grande fatigue.

jeudi 17 octobre 2013

1203 : mercredi 16 octobre 2013


Autour de moi les rires sont gras. Le héros zygomatant sort en courant de la voiture qui s’est encastrée dans la vitrine d’un magasin dont l’ancienne clignotante vante les « pizzas à toute heure ». Une « quatre saisons » retombe sur l’asphalte après avoir fait l’éclipse ridicule, et suscité l’éclat qui me fait, moi aussi, atterrir. Je n’aime pas son rire. On dirait un sac de noix qui dévale à ski une pente couverte de bosses avant de s’encastrer dans la vitrine, de…, non, dans un panneau publicitaire, vert sapin.

mercredi 16 octobre 2013

1202 : mardi 15 octobre 2013


Lune amie, lune à la bouche close, que voit ton cratère le plus profond de la nuit bleue de nos océans ? Lune qui joue l’astre mais qui n’est qu’un caillou, tu me comprends, n’est-ce pas, quand j’aspire au ciel, amoureuse d’une étoile… ? Combien d’heures ai-je donc frémi à l’idée d’être sienne, me détournant pour soupirer de ta rognure d’ongle…

mardi 15 octobre 2013

1201 : lundi 14 octobre 2013


Amande du regard en faisant ressurgir l'angoisse de l'emploi. None, they're all agreed upon. Au piment d'Espelette, même commentaire... que l'année dernière, pour une peau bien hydratée.

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Une course-poursuite dans des ruelles sombres et humides, pneus qui crissent, pare-choc qui défonce l’écran. Rictus du héros, grimace du méchant. La musique accélère, héros qui coupe la radio. Une impasse, demi-tour. La voiture poursuivante barre le chemin du non-retour. Des planches salutaires, et le véhicule héroïque plane au-dessus de l’obstacle dépité. On fait semblant d’y croire. Au-dessus luit la lune qui tout voit mais ne dit mot.

dimanche 13 octobre 2013

1200 : samedi 12 octobre 2013


Je pousse la nuit de côté pour qu’elle fasse place au jour. Un peu de vent est accepté, voire souhaitable, mais nulle pluie. Je peigne les candélabres parallèles d’où suintent des larmes de givre. Fluide, la musique des sphères se heurte à chaque imposture. Des fragments irréguliers se détachent et tombent, vite emportés. On procède à des libations légères dont les spasmes font écho jusque de l’autre côté du fleuve.

samedi 12 octobre 2013

1199 : vendredi 11 octobre 2013


Se recentrer, ce concentrer, impression d'enroulement, escargot sous tension. Puis s'exprimer, aller vers, explosion d'une fleur de langage.

vendredi 11 octobre 2013

1198 : jeudi 10 octobre 2013


Et sans attendre la réponse, comme jadis, il part loin… vers la télévision. Je le suis à distance, pour ne pas l’effaroucher. Le voilà, assis, qui ne me regarde pas entrer, mais je sais qu’il sait que je suis là, et là, bien sûr uniquement pour respirer le même air de la même pièce que lui.

jeudi 10 octobre 2013

1197 : mercredi 9 octobre 2013


Trois p’tits chats, trois p’tits chats, trois p’tits chats chats chats ; chapeau de paille, parce qu’il m’éblouit ; paillasson, je m’écrase, mais non, c’est pas ça… paille de fer, et ses yeux me transpercent ; fer à cheval, j’ai beaucoup de chance ; cheval de course, on y va ; course à pied ; ça prendra le temps que ça prendra ; pied d’cochon, toi même… cochon de ferme ta boîte aux lettres d’amour. Nous y voilà. Et il me dit : « tu viens ? »

mercredi 9 octobre 2013

1196 : mardi 8 octobre 2013


Un instant suspendu, comme ma nuisette sur un fil à linge, poésie triviale d’un regard échangé. C’est lui. Il a mis le temps, mais il m’a retrouvée. Et si pour cela il faut que je navigue entre deux âges, peu importe, l’essentiel est de ne plus se perdre sur le chemin, le chemin du cimetière pour animaux.

mardi 8 octobre 2013

1195 : lundi 7 octobre 2013


Biscuit perché sur sa balustrade sans déployer ses ailes, ce paon est à la traîne. La vérité même, non ?

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On frappe à la porte. « Oui », je dis. Et paradoxalement, la personne s’en va. Ivana dort maintenant, elle ronfle légèrement, mignon, on dirait qu’elle soupire à chaque expire. Je me lève à pieds de chat, et, chaussettes sur lino, je me glisse jusqu’à l’appel du couloir. Vide. Au loin, un téléviseur dialogue avec des rires. Un grave et un trémolo. Envie de voir la tête de ces chants. Après le tournant, j’esquive un mouchoir en papier qui gît, recroquevillé, au milieu du passage. Deux portes plus loin, une porte s’ouvre avant que je ne la dépasse. L’homme qui se tient là, devant moi, n’a plus rien d’Eddy. Mais il me dit : « bonjour ». Tempes grisonnantes, cheveux noirs en bataille, si, il a bien quelque chose de mon rockeur adolescent. Je lui répond : « bonsoir », histoire de lui faire comprendre que je ne suis pas si à l’ouest que ça.

samedi 5 octobre 2013

1194 : vendredi 4 octobre 2013


C’était il y a trois semaines… ou 15 ans. Il m’a de nouveau salué le lendemain matin quand on s’est croisé dans la cour, je lui ai proposé un chewing gum. On a parlé du temps qu’il faisait, m’a demandé si c’était pour ça que j’étais enrouée, je lui ai dit que non, c’était parce que j’avais trop pleuré : « Mon chat est mort ». Il a eu un sourire bref, s’est excusé, c’est juste qu’il pensait à Molière. « Il avait quel âge ? », puis il précise « ton chat », des fois que je croie qu’il parlait de Jean Baptiste Poquelin.

vendredi 4 octobre 2013

1193 : jeudi 3 octobre 2013


Alors Eddy, je lui ai dit « bonjour » ; on était dans la queue de la cantine, il était juste devant moi, c’était le destin, y a pas, et en plus, il s’est retourné parce qu’il cherchait quelqu’un, alors j’ai fait comme si c’était moi, et derrière, Séverine s’est mise à pouffer. Il m’a regardé comme un coq regarde la chèvre d’à côté : on n’est pas du même enclos mais on peut se parler. Et il m’a dit : « bonjour. » Je n’en revenais pas, c’était trop beau, trop la classe, il m’avait remarquée. Bon, après, même si j’ai pris les mêmes entrées, la même mousse au chocolat dans laquelle je prévoyais déjà de tremper l’index pour le sucer voluptueusement, je n’ai pas osé le suivre, manger à la même table, de toute façon, il n’y avait pas de chandelier. Et puis, paf, re-coup du destin, voilà qu’au moment de reposer les plateaux, on se croise et les entrechoque ! Et, là, il me sourit, pour de VRAI, et il me dit « re-bonjour ! ». Trop top. Bon, la répartie, ce n’est pas mon fort et j’ai juste souri comme une gourdasse, et là, bouquet final, il m’a dit : « à bientôt. »

jeudi 3 octobre 2013

1192 : mercredi 2 octobre 2013


A qui allais-je désormais parler d’Eddy ? Eddy et sa dégaine de rockeur juvénile, ses grandes jambes et ses jeans gris délavés. Son regard bleu d’enfant sage et son sourire moqueur d’ado rrrrebelle. Qui me suivent jusque sous ma douche qui devient plus chaude à mesure que je grandis. Car maman me l’a dit, ce sang entre mes jambes, c’est que je ne suis plus petite fille. Alors je peux oser des rêves de « grande », des rêves de celles qui ondulent sur talons et font tourner les regards des copines jalouses. Je peux laisser monter les envies de caresses, plumes sur la peau d’un mouton noir tondu, bête idiote qui se cache dans ses mains, car peur, ou peur, et pourtant tout va bien. Il faudrait que je lui dise, que je lui parle à Eddy, que je lui dise « bonjour » et qu’il comprenne que c’est plus que le jour que je lui souhaite favorable et doux, que je mette une jupe, pas trop courte mais un peu moulante, quand même, que je montre mes genoux, que j’arrête de me ronger les ongles, que dans la chorale de l’école je demande si je peux être soliste sur un tout petit morceau...

mercredi 2 octobre 2013

1191 : mardi 1er octobre 2013


Ça devait faire un mois que Titi était mort. Titi… drôle de nom pour un chat, félin noir au ventre blanc, je sais. Qui piétinait le mien amoureusement tandis que je grattais sa tête en murmurant des confidences… Titi était mort et ma tristesse infinie. Les mots sont faibles et usés. Infinie. Comme un huit couché, ça tend vers… et la droite s’enfuie vers un haut inaccessible ; les « y » ne savent plus qu’un jour ils ont croisé les « x ».

mardi 1 octobre 2013

1190 : lundi 30 septembre 2013


Demain à l'île de Pâques, homme-oiseau ! Rechargeons-nous en énergie. Idem à Tikehau…

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Deux filles sur leurs lits. Mains croisées sous la nuque, à chercher la fissure. Que fais-je dans ce corps trop vieux, trop lourd ? Hier j’avais 12 ans et m’en voilà vingt de plus. Je cherche à retracer le fil de mes jours frais avant ma chute dans cette faille spacio-temporelle… Je me souviens d’avoir, quelques heures avant de sortir, corné le coin d’une page de mon Agatha Christie. Je me souviens du réveil qui a sonné à l’heure prévue, 1 heure du matin et de mon échappée sur la pointe des pieds. Il faisait froid et brume, un vrai temps de cimetière.

lundi 30 septembre 2013

1189 : vendredi 27 septembre 2013


Une main se pose sur mon front, j’ouvre un œil, Ivana blonde fée est à côté de moi. « Tu as de la fièvre, je crois, tu gémissais, je suis venue voir… » Pourquoi m’a-t-elle tiré de là, je lui ai rien demandé ! je voulais voir, moi, où ça allait, tout ça ! Zut et zut et flutte alors : me voilà à nouveau dans la prison blanche. J’ai envie de cracher ma colère, mais un cheveu pris dans le sommier m’en retient. Je me contente d’un regard de tueuse et son menton se renfrogne, interloqué. « Bon, t’as bien fait, en tout cas, c’est nul, leur film. »

vendredi 27 septembre 2013

1188 : jeudi 26 septembre 2013


Mon souffle me revient de plus en plus proche. Petits êtres tapis dans mon ombre, qu’attendez-vous pour me chahuter ? Un grattement sur ma droite, j’essaie d’en saisir un par la patte, mais je n’attrape qu’une racine. Tirer… Alors le cercueil s’incline et je glisse glisse glisse, et mes cheveux se traînent et s’accrochent, aïe, je descends vers plus loin de la verdure encore. Il fait enfin doux, tiède puis vraiment chaud ; c’est si bon d’aller vers les enfers.

jeudi 26 septembre 2013

1187 : mercredi 25 septembre 2013


Et si j’étais à jamais enterrée vivante ? Je sens mon souffle, je suis vivante, mais je sens aussi son retour : la paroi de dessus est proche, me voilà basse de plafond. Le pire, c’est que j’en suis responsable : qu’allais-je donc faire à explorer les profondeurs de l’arbre ? Pourquoi n’ai-je pas couru, pourquoi cette peur de la flamme ? Je ne croyais donc pas assez en moi, à mes semelles d’étoiles ? Je pouvais m’envoler et me voilà noyée sous la terre. Les farfadets attendent mon hurlement de terreur pour lancer leur attaque : ils ont en main plumes et cotillons, leur objectif : me faire rire de la mort.

mercredi 25 septembre 2013

1186 : mardi 24 septembre 2013


Je suis étendue, il fait froid et humide. Est-ce moi qui suinte ainsi ? Est-ce l’eau qui a éteint l’incendie ? Car je n'entends plus au-dessus moi l’arbre, ni ne sens l'odeur de ses racines en sursis. Je tends le bras, je brasse l’air noir, j’écarquille les yeux pour manger de mes pupilles l’étrange. Mais rien. Je suis peut-être aveugle au milieu de mille farfadets discrets qui m’observent sans un mot avant de décider s’ils vont me consommer vivante. Me soulevant sur un coude, je desquame par plaque d’humus. Une pointe fulgure à l’intérieur de mon crâne… Tu penses trop, ai-je entendu dans mon coma… À l’instant T, je ne pense pourtant pas , je ressens : ça caille.

mardi 24 septembre 2013

1185 : lundi 23 septembre 2013


Agonie caniculaire : la même sans marque, c'est possible ?

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De dehors perce un rythme binaire, qui se finit en cascade, balle blanche et petite sur un sol sans concession. Si j’allais ? Dehors, la liberté peut-être… Mes yeux se brouillent de fatigue, le souvenir d’un autre choc, un plic, ploc sur mon front, je suis sous l’arbre, il faudrait que je me relève, ou tout du moins que j’arrive à ramper vers un souffle d’air, mais dehors, des fumées ! brûle le bois, craque l’univers, où est l’issue ? Ma main chancelle… ouf, le lit.

samedi 21 septembre 2013

1184 : vendredi 20 septembre 2013


Une main sur mon épaule, c’est Ivana. Je me raccroche à sa griffe pour garder tête froide et mobile. Elle me dit : « viens à la télé, c’est une comédie ». Je n’aime pas qu’elle m’ordonne. Et avoir souri me suffit, je ne veux pas aujourd’hui rire, craignant le choc thermique dans mon univers en expansion. Elle fronce les sourcils, petite moue terrible ; à peine a-t-elle fait demi-tour que je regrette mon refus. Pourquoi suis-je autant attirée par l’immobilité solitaire dans l’étreinte de Morphée ?

vendredi 20 septembre 2013

1183 : jeudi 19 septembre 2013


Jour - nuit. Derrière le mur. Jour, nuit ; jour, nuit ; jour, nuit ; jour, nuit ; jour, nuit. Autant d'oeufs que de jours factices.

jeudi 19 septembre 2013

1182 : mercredi 18 septembre 2013


Tandis que certains se donnent rendez-vous pour une tisane en fin de soirée, je traîne des pieds vers la chambre. A droite, suivre la ligne. Un courant d’air venu d’on ne sait où, tout est fermé. Sensation d’être sur une balançoire qui redescend de son élan vers plus haut. Bouche sèche. Ai-je mangé de ce gâteau ? Sont-ce mes membres qui s’engourdissent, mes sens qui me trahissent, ou tout n’est-il pas en train de fondre autour de moi ?

mercredi 18 septembre 2013

1181 : mardi 17 septembre 2013


rumeur sol écrasé. chicane d'os on dirait le charnier des pas que les pas broient. comme compter. spoliation de terre franchissable. extorsion absurde. saccage du désert. parole des prédateurs marques d'humain et noms de lie. urines et empreintes. dénomination inviolable. germes de prescription.


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Autour des lasagnes qui s’effacent des assiettes, je réalise que la parole s’est libérée. Il est question du programme télé du soir : film ou téléréalité (télé quoi ?). A-Eddy sourit dans ma direction, il dit qu’il préfère une bonne partie de ping pong « à la fraîche », et son voisin de répliquer que, c’est sûr, les grandes chaleurs, c’est terminé. Une assiette de fromages apparaît au milieu de la table, chèvre et Emmental. La combinaison des deux m’apparaît comme un summum de gastronomie, alors que d’habitude je trouve ça trop fade, ne jure que par Roquefort et brie très fait. Mais là, le goût subtil éclate, j’utilise le pain que l’on m’a donné, qui craque comme du pain frais tout juste sorti des fours. Je savoure si bien que le dessert arrive avant que je n’aie eu le temps de terminer mes miettes blanches et jaune ciré. Salade de fruits (jolie, jolie), des fruits frais, je croque le raisin dans ma dernière bouchée de fromage et je me rends compte que sans destinataire cependant je souris.

mardi 17 septembre 2013

1180 : lundi 16 septembre 2013


Assistanat au bout des doigts, Mexicaine minimaliste, la remorque est intacte : Venise dans la brume, à défaut d'en trouver parmi les jardins ? Autrefois s'accroche encore.

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Maman ! Les yeux ouverts qui fixent ceux du géant maigre, je l'appelle de toute mon âme. Appeler Maman. C’est elle qui me sortira de ce mauvais rêve aux murs pastel. Je cherche autour de moi à qui m'adresser  à qui demander, qui supplier s'il le faut… Ma voisine me tend la corbeille de pain. « Ça va bien se passer » gronde-t-elle sur le ton des secrets. Focus une table plus loin, Ivana est en train de me faire un petit signe de la main. Elle est radieuse. Le bleu lui va bien.

samedi 14 septembre 2013

1179 : vendredi 13 septembre 2013


Alors je « pause ». Un morceau de pasta qui fond entre langue et palais, je laisse la viande spongieuse libérer son coulis de tomate sur des papilles attentives et les morceaux d’oignons qui croquent doucettement entre mes prémolaires. Dolce dolce… Le vendredi, c’est ravioli, maman, dit-moi que tout ira bien. J’ai oublié de saupoudrer avec le Parmesan.

vendredi 13 septembre 2013

1178 : jeudi 12 septembre 2013


de l'eau sur les charpentes noires et rien. corps absent ou savoir épuisé. le lieu et les choses unité d'un désastre. crémation interrompue. nombre tronqué. virginité du sol d'épaves et d'eaux noires

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A-Eddy ne tend pas son assiette. C’est pourtant lui que je voulais servir en premier. Ou en dernier, puisque les derniers seront les premiers. J’ai du mal à découper la couche de pâte qui colle au fond. Ma mémoire reviendra sûrement si… La dame d’à côté en reposant son assiette mezzo voce me murmure : « tu penses trop ».

jeudi 12 septembre 2013

1177 : mercredi 11 septembre 2013


Hier soir, par exemple, où je ne sais plus quel soir, le dernier dont je me souviens, en tout cas… c’était des larmes plein le cœur que je suis sortie en catimini, retrouver Eddy et Séverine aux portes du cimetière. Mais ça se brouille à nouveau, au moment où j’entre dans ce caveau, et que, qui étais-ce ? Un plan de lasagne est posé sur la table. Les couverts de services sont en face de mon verre, les attablés me regardent. C’est à mon tour.

mercredi 11 septembre 2013

1176 : mardi 10 septembre 2013


dos tourné et la nuque comme un clou obscur. derrière nuit rivée à la nuit. devant incendie simulé astre rouge opercule palpébral.

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La tension est montée d’un cran, je la sens de mon ventre à ma gorge. A-Eddy se tient plus droit, aussi. Alors ma voisine rit. Un petit rire, un souffle d’air tiède qui vient caresser nos nuques, et la femme aux cheveux de jais dont les lèvres minces s’attardaient sur chaque fourchetée lui fait un clin d’œil et pousse le grand homme mince du coude : « elle est jolie quand elle sourit, non ? » Elle s’adresse à Eddy, par ricochet, je le sais, et je me rends compte que ma bouche est figée en un rictus amer. Depuis combien de temps n’ai-je pas souri à la vie ?

mardi 10 septembre 2013

1175 : lundi 9 septembre 2013


Félicitations, un dessous de plat chauffant ! Ou bien une bouillotte ultra-plate... Croisons les rémiges : quelle sorte de portable ?

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Tout à coup, un silence. A mi-chemin entre l’assiette et ma bouche, je laisse goutter la mie de pain. Il me semble que la plante bizarre et tordue a frémi. Puis, l’ange passé, les conversations, le cliquetis et les craquements de machoires reprennent. Je ne sais quoi dire pour lever le plomb de notre table. Personne n’a demandé mon nom, je ne peux donc questionner personne sur son identité. Sommes-nous tous des anonymes ? Les assiettes sont vides.

samedi 7 septembre 2013

1174 : vendredi 6 septembre 2013


Derrière, voix féminine : « la cigarette électronique ? » Mon voisin de gauche fait : « Pffffff… ». Il lève les yeux au ciel et saisit un morceau de pain qui devait être le mien, mais il me semble qu’il vaut mieux ne rien relever. A-Eddy prend à son tour du pain, ma voisine me regarde d’un coin de paupière tombante et pousse sa tartine vers moi, qui obéit et peut ainsi saucer des épanchements de vinaigrette un peu trop moutardéchalotée.

vendredi 6 septembre 2013

1173 : jeudi 5 septembre 2013


Une salade de pommes de terre posée au centre. Main levée de la dame ronde et triste, elle me sert sans me demander mon avis. Puis elle sert l’avatar d’Eddy. Puis elle se sert et tend les couverts au grand escogriffe qui s’occupe de l’autre moitié de table. Je ne sais même pas si j’ai faim. Je mange pour faire comme les autres. A la table d’à côté, ça cause, des aigus joyeux. Pas ici. Je lève un œil. A-Eddy ne mange pas.

jeudi 5 septembre 2013

1172 : mercredi 4 septembre 2013


Sur son visage une lumière du soir. Je tourne la tête vers le jour qui perce entre des arbres feuillus. Leur faisant face, trois ficus dont l’un étrange, aux petites feuilles parsemant des branches tordues, peut-être moribondes ? En face de moi, un grand vieux gars à la mâchoire de cheval et aux dents gâtées, celui dont les yeux m’ont appelée. Ceux-ci sont éteints désormais. Il contemple les dents de la fourchette, et son voisin fait de même. Un choc en le voyant. Je sais que ce n’est pas lui, et pourtant, quelque chose me dit que c’est Eddy. Il n’y a que lui pour froncer ainsi du nez de telle manière que les narines se gonflent et captent ce qu’il interroge. Personne ne regarde personne. Ce message était pour moi seule.

mercredi 4 septembre 2013

1171 : mardi 3 septembre 2013


La paroi s’efface sur la gauche : sur des tables rondes, le couvert est mis. Six chaises autour de chaque table. Certains sextets sont déjà formés, servis, et donnent de la fourchette. Il reste une table de libre et trois incomplètes. Un regard insistant m’aimante vers celle où il ne manque qu’un convive. Je m’assieds à côté d’une petite dame ronde dont les rides attestent qu’elle a beaucoup ri. Mais c’était jadis.

mardi 3 septembre 2013

1170 : lundi 2 septembre 2013


Nous sommes, elle et moi, silhouettes noires découpées sur le mur silencieux, à espérer un écho à son audace. Des pas glissent devant la porte que j’ouvre d’une main d’automate. Deux dos s’éloignent, nous nous regardons ; l’instant d’après nous sommes dans le couloir. Au sol, une ligne verte. Elle nous mène vers du bruit, des cliquetis. Derrière nous, une autre porte s’est ouverte sans un grincement et nous sommes suivies par deux ombres.

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De concert, on dirait : « Ah, la mode des fourrures par-dessus les bikinis... » Fond prêt pour la fresque bucolique…

jeudi 29 août 2013

1169 : mercredi 28 août 2013


instauration du seuil. le simple poids du corps crée la terre adventice. emblème flammé sur le front crépuscule rouge. avertissement concluant. sacre du dépotoir ou crémation de l'absence.

mardi 27 août 2013

1168 : lundi 26 août 2013


Délicate meringue sur fond d'azur, c'est maintenant que les révisions commencent. Pensif, lire les brins d'herbe pour mieux comprendre : la petite est en train de balayer, non ?

lundi 26 août 2013

1167 : dimanche 25 août 2013


pays fondé. nombre cloué au sol. cales et clous. chiffre erroné.

mardi 20 août 2013

1166 : lundi 19 août 2013


Qui travaille à l'université ? Ou comment se divertir des vitres propres, sans remuer l'orteil. Oh oui, oh oui, la rance rave, ma pivoine préférée !

lundi 19 août 2013

1165 : dimanche 18 août 2013


travaux d'usure sur les décombres. dépérissement des marques d'intrusion. sol de restes retourné. dénudation de charpentes pourrissantes. structure du déchet. fertilité du désastre. relecture brutale d'anciennes topographies.

vendredi 16 août 2013

1164 : jeudi 15 août 2013


mains affamées de terre. gabarit dévasté.

mercredi 14 août 2013

1163 : mardi 13 août 2013


| Il me faut | 13 | Dans ce rêve, il me faut l’été photographique, le bestiaire imagier, le tout photogénique, le sourire apprivoisable et les horizons ou les détails, l’avenir à capturer. Il me faut les instants sacrés à sacraliser, les raretés à emporter. Il me faut tous les trucs et astuces pour apprivoiser la lumière, comprendre les affaires de focales ou de grands angles. Dans ce rêve il me faut passer derrière l’objectif, ne plus être à la merci des circonstances. Il me faut les encadrer.

mardi 13 août 2013

1162 : lundi 12 août 2013


Et les nonagénaires ne pensent pas autrement. Pouvaient-ils mieux faire parmi les crocodiles ? Chic, une nouvelle vie, dit-on dans l'ignorance à mains nues : valait autant, elle s'appelait Ménalquine. C'est un porte-voix sur le mur.

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| Il me faut | 12 | Dans ce rêve, il me faut soigner tous les projets en cours - et il m’en faut moins certainement -, du nerf pour le moral et l’estomac, le répondant pour la conseillère pôle emploi, la ruse pour la famille. Il me faut truquer les ambitions, dire "oui peut-être", alors que je pense “oh, que non, si seulement jamais”, les sous de côté pour l’après, mais il faut déjà penser au plus tard à venir prochainement, la sécurité précaire, le minimum, les projets d’entreprise avec seuil de vie, point mort, marges brutes, nettes, BFR, CA, CV, CF, MCV, TMCV, SR, PM, RSA. Il me faut déraisonner, dynamiter, déminer les acronymes.

lundi 12 août 2013

1161 : dimanche 11 août 2013


| Il me faut | 11 | Dans ce rêve, il me faut une machine à écrire, un nouveau frigidaire, une petite voiture, une belle bibliothèque en bois sur mesure créée par Joshua, une collection de cailloux précieux ou rares, une lampe bonbons d'ana kraš, de vieux clichés de familles qui me sont étrangères, un instrument de musique, n'importe lequel, des verres à pied dépareillés, des beaux cadres en bois faits main, un placard tapissé avec de la toile de Jouy bleue, un moule à cake, une robe Carven,  une collection de photographies, mes livres qui sont en transit dans la cave de ma grand-mère, allier l'utile au plus futile, un appartement sans garants, une ville, n'importe laquelle, une ville pour grandir apaisée, avec des enfants qui circulent heureux dedans, une ville arborée, pas fleurie, une ville avec son quota raisonnable de bruit, une ville sans faste et paillettes, une ville où avoir importe moins que vivre dans l'instant, une ville qu'on imagine à soi pour plus tard, une ville où l'on puisse dire "c'est chez moi", "c'est ici", "je suis d'ici", "pas d'ailleurs, une ville choisie à l'emporte-pièce qui réserve son lot de surprises et ravissements.

dimanche 11 août 2013

1160 : samedi 10 août 2013


| Il me faut | 10 | Dans ce rêve il me faut le temps retrouvé, les refrains imprévisibles, les souvenirs à pénétrer, le temps T, l’instant présent. Il me faut investir le moment venu, prendre ses contours, dégouliner les jours, râpé les minutes, me suffire du maintenant. Il me faut dire oui à l’accidentel, ne pas blâmer sa venue, mais il me faut du temps, du temps à étaler sur la surface des circonstances.

samedi 10 août 2013

1159 : vendredi 9 août 2013


| Il me faut | 9 | Dans ce rêve, il me faut l’avant-goût, le bon comme le mauvais, mais l’avant, avant tout. Il me faut l’avantage, l’avancement, l’avant-garde, pas l’avant-hier ni l’avant-veille – non, c’est l’aventure qu’il me faut. Pas les bateaux - mal de mer et ennui sur les flots -, pas les avions, même souffrance que pour l’aquatique, le train peut-être, mais les longs trajets bousillent mon oreille interne et c’est ainsi pour les voitures, du reste l’aventure à un prix que je ne saurais avancer. Il me faut un compromis à domicile, or je ne crois que ne pourrais me satisfaire d’un bon bouquin, certes « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature », mais saurait-on proprement s’en tenir à ce constat littéraire, quoique indéfectiblement bien formulé.

vendredi 9 août 2013

1158 : jeudi 8 août 2013


| Il me faut | 8 | Dans ce rêve, il me faut déserter l'ego sans abolir le "je". Il me faut une stratégie pour le "moi", il me faut faire le tri dans l'autofictif, il me faut épargner les proches, il me faut m’abstenir de faire passer des messages. Il me faut les mots pour les mots, mais pas l'art pour l'art. Il me faut souquer fort dans la phrase et la sabrer de ses adjectifs encombrants comme m'a dit l'autre sur facebook. Non, pas "encombrants" donc, simplement "adjectif" seul. Il me faut éviter de trop facilement calquer l'écriture sur le rythme et le flou propres aux rêves et aux souvenirs qu'ils laissent, m'a-t-elle dit. Elle avait raison, j'ai arrêté de retranscrire les rêves. C'est mieux, là, P. ? Il me faut faire sauter ici la ligne 9 qu'il trouve longuette et malaisément biblique, bref son opinion m'a-t-il mailé. Non. Je la garde, je l'aime bien. Il me faut plus de critiques pour avancer, il me faut les constructives, il me faut l'oeil averti, il me faut progresser à tout prix et s'il est nécessaire d'esquinter l'ego, allons-y.

jeudi 8 août 2013

1157 : mercredi 7 août 2013


description éparpillée. chevilles et agrafes dans la rouille. clous intacts. gonds de cuivre. écrous et nœuds de fer précisément incrustés sur toute l'étendue du schéma dévasté des lieux. barbelés blanchis au feu et souvenir des cendres lavées et emportées sous le grand ruissellement noir conception des limites et grouillement des repères dans le simple charbon du sol brûlé.

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| Il me faut | 7 | Dans ce rêve, il me faut des solutions pour l'avenir, l'après, le maintenant. Il me faut maintenir à flot l'à présent, éviter l'après-coup, mais pourrait-on vraiment truquer le destin ? Tous les conseils sont bienvenus, les sages, les avisés, les retenus, les avertis, les prudents, les éclairés, les perspicaces, les réfléchis, pas les inquiets et ignorants. Il me faut le tour d'avance, il me faut revoir le futur avant de l'explorer, il me faut les rêves prémonitoires, il me faut appréhender le réel avant qu'il ne devienne réalité.

mercredi 7 août 2013

1156 : mardi 6 août 2013


| Il me faut | 6 | Dans ce rêve, il me faut faire une pause.

mardi 6 août 2013

1155 : lundi 5 août 2013


Probability is manichean truth. Un vilain personnage habite dans la croisée fermée. Barbouille a trouvé sa voie : lemongrass ! Think of it, faux félin féroce…

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| Il me faut | 5 | Dans ce rêve, il me faut dormir, de façon imminente et impérieuse, dormir pour plus tard. Il me faut étrangler le bourdonnement de la pensée avec le blanc de la nuit tannée. Il me faut les cauchemars en vrac, la mise en veille du corps – quant à l’âme, nul besoin d’essayer de dompter cet âne-là qui n’en fait qu’à sa tête -, les moutons à compter, les espaces insulaires où se réfugier, la respiration ventrale, la relaxation, la méditation, le Qi Gong, toutes les techniques pour aller à l’apaisement. Il me faut tenir le calme sans calmants, l’endormissement après la bataille, laisser ses chevaliers et blessés graves sur le bas-côté du combat. Il me faut la mise à distance émotionnelle, le surplus de testostérone, l’apaisement des hormones, faute de ne pourvoir faire avec.

lundi 5 août 2013

1154 : dimanche 4 août 2013


| Il me faut | 4 | Dans ce rêve il me faut la paresse et les beaux jours, le farniente, le calme après la tempête, le très doux, le sommeil réparateur, l’air et la lumière à voler derrière le ventail, les sentiments aux abris, les mots seuls. Il me faut déclarer la douceur intraitable de vivre. À la fin je me dirai, avec mon cœur de môme, que la grâce est à venir, qu’au pire tout finira par s’arranger avec le temps.

dimanche 4 août 2013

1153 : samedi 3 août 2013


Il me faut | 3 Dans ce rêve, il me faut le surplus d’énergie, la vigueur à étaler sur l’asphalte et les mots. Il me faut les jambes élancées qui siéent à la course, les pieds plats pour amortir l’enjambée, le front bombé vers l’avant, la fermeté du buste et de la poitrine, le corps gainé, tendu vers une seule et même destinée : déclivités, chemins, côtes, routes, voies, montées, pentes douces, avenues, chaussées, boulevards, toutes les artères et déserts à investir puis évacuer, la chair à transiter. Il me faut la puissance pour le poing, l’explosivité pour crocheter le menton, ricocher dans le nez, appuyer dans l’estomac ou le foi, suspendre le corps des plus robustes en dépit de mon poids quasi plume et de mon sexe. Il me faut le flegme pour ne pas me donner les gants après l’envoi, ne pas me satisfaire d’un bon enchaînement qui à découvert est une déclaration d’attaque. Cravan pouvait, avec l’immensité de sa stature et la démesure de son ego talentueusement placé. Il me faut l’allonge et la poigne afin de reprendre la main et recouvrir la tête pour plus tard. Il me faut l’état de pleine conscience, l’animalité, la brutalité du fait brut, le déploiement de l’instant, le pressentiment, le tour d’avance, un poème de bras vif et instinctif qui va au rythme du flot corporel, la faculté de savoir pour l’autre plus qu’il ne saura jamais de lui-même. Lui aussi, s’instruit empiriquement de ce qui m’est nécessaire, la ritournelle de mes parades et l’agencement des coups, la construction des stratégies, - « Ce serait idiot de mentir, c’est comme au poker – autant dire la vérité, les autres croient que tu bluffes et comme ça tu gagnes. » -, il ira contrer les velléités attaquantes, sécher la bouche, y déranger le dentier, faire suinter la peau, chercher le soupir étourdi, briser le souffle,  mettre trompeusement en confiance, attendrir et amadouer les après-coups. Dans ce rêve, il me faut revenir au corps innocent, soustraire les années, ne pas m’en tenir au durcissement de l’âme, le préparer pour l’après.

samedi 3 août 2013

1152 : vendredi 2 août 2013


Il n’y a pas de fenêtre. Quelle heure peut-il être ? Dans ma tête, l’absence d’un tic tac aspire mes repères. Je ne sais ni combien de temps j’ai dormi, ni si je suis à nouveau éveillée depuis quelques minutes ou si ce sont des heures. La question étant en soi anodine, j’ose à haute voix : « tu aurais l’heure, par hasard ? » Elle me répond : « je n’ai pas l’heure ; et il n’y a pas de hasard. »

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| Il me faut | 2 | Dans ce rêve, il me faut la parole, l’ancienne parole, les mots que l’on se chuchotait amoureux hors et à l'abri des querelles domestiques, affaires jalouses ou autres invectives aggravées de reproches. Il me faut les secrets que l’on garde pour le Deux, les batailles philosophiques pour séduire et grandir, les spectacles à partager, la curiosité intarissable de savoir l’autre. « L'amour, après tout, n'est qu'une curiosité supérieure, un appétit de l'inconnu qui vous pousse dans l'orage, poitrine ouverte et tête en avant. » Il me faut l’inconnu entre nous, non pas l’âme et ses indispositions ou son indisponibilité, de l’Italie entre nous, peut-être, ce qu’on dit de la dolce vita et ce qu’on en vit. Il me faut le très doux, les parfums arrosés de rosé, le vin qui coule et les gouttes qui échappent à la bouche pour prendre la peau, la douceur des épidermes nouvellement en collision, l’échappée du savoir, la dérive des sentiments, des gougères à fourrer, le désir si tant est que ce dernier suffise, l’abolition des guerres, le répit dans l’étouffe de la vie, l’avenir murmuré dans le cou.

vendredi 2 août 2013

1151 : jeudi 1er août 2013


Au moment où j’ouvre la bouche pour répondre, son index m’interdit toute parole, divisant mon souffle étonné. Elle descend du lit et se précipite vers la salle de bain, en éteint la lumière et referme doucement la porte. Puis, dans une frénésie muette, m’invite de la main à la rejoindre : nous inspectons la blanche pièce pour déceler d’où Ils sont susceptibles de nous écouter. Je lui montre le néon, loin, massif, et ancré dans un support propice… Elle hoche la tête.

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Il me faut | Dans ce rêve il me faut une ville à épuiser, quelques musées pas milliers, les choses à voir, les chemins à sillonner, les gens à rencontrer, les verres à partager, les lacs à assécher. Il faut que cela crisse sous la dent, que cela éveille, remue, mais pas que cela cancane. Dans cette ville, il me faut l'épaisseur des épis des tour allignés dans l'horizon que j'accepterais même bouché, il me faut les saccages vestimentaires, il me faut le bruit, il me faut les mises en commun du métro. Dans cette ville, qui n'est pas mon ici, je pardonne à celle que je quitterais temporairement de ne pas posséder les contours de celle que je conquiers alors. Dans cette ville, jupes courtes et tissus légers, il y fait superbe, les idéessont larges, quoi qu'irrégulièrement belles. Il me faut une ville dans ce rêve, faute d'étrangère, je mangerais une provinciale.

jeudi 1 août 2013

1150 : mercredi 31 juillet 2013


/ Le dernier / Le dernier somme condense toutes les angoisses en cours : grand purgatoire onirique. Tout y passe. Aucun doute n’y est épargné. On navigue à vue dans cet océan nuiteux. Inventaire exhaustif des tourments : père, mère, grand-mère, sexualité, amour, amant, ami, travail, écriture, passion, vie, mort.

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Au moment où j’ouvre la bouche pour répondre, son index m’interdit toute parole, divisant mon souffle étonné. Elle descend du lit et se précipite vers la salle de bain, en éteint la lumière et referme doucement la porte. Puis, dans une frénésie muette, m’invite de la main à la rejoindre : nous inspectons la blanche pièce pour déceler d’où Ils sont susceptibles de nous écouter. Je lui montre le néon, loin, massif, et ancré dans un support propice… Elle hoche la tête.

mercredi 31 juillet 2013

1149 : mardi 30 juillet 2013


Je compte dans ma tête jusqu’à trois fois soixante avant de tenter une autre approche. Je me lève, elle n’a pas bougé, le rythme de l’étoffe qui se soulève et s’abaisse me laisse à penser qu’elle s’est rendormie. Je marche sur des œufs de coton… Peut-être va-t-elle se découvrir d’un coup, en criant « bouh ! » et nous rirons ensemble comme de vieilles copines ; viendra alors l’heure des confidences et nous chercherons ensemble sur quelle carte nous sommes et comment nous évader du conte.

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/ Rêve d'avril [2013] / Cette nuit j’ai rêvé du retour politique de Jacques Chirac. Travaille pour lui. Il fallait l’appeler Monsieur. Il était séduisant, plus jeune que je ne l’ai jamais moi-même connu, fringant et heureux de prendre le pouvoir. // Pour éradiquer mes terreurs nocturnes, mon pharmacien me conseille les comprimés homéopathiques Stramonium 15ch. Depuis je rêve que j'assiste Jacques Chirac (jeune) dans son retour politique. Je soupçonne le RPR de manigancer des trucs pas nets avec le labo Boiron.

mardi 30 juillet 2013

1148 : lundi 29 juillet 2013


Enfin, pas chûr que moi chat veuille chortir de là. Scientifiquement irréfutable. Then I started babbling. Y en a deux autres en projet : pour les "braves bêtes" et pour les "jolies plantes".

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/ Les leurs / Je les observe à ma fenêtre, assise, faisant face à leurs horizons, à leurs rêves qui se dessinent à vue, sans fausses notes ni prétentions, des rêves objectivés dont la propreté des contours me laisse songeuse. Je rêve aux rêves de ceux qui me sont étrangers. Leurs cours sont profondes, mille espaces à investir. On m'y signale toutes les possibilités, multiples et infinies. Un jour je piquerais les "je" des autres pour investir ma vie.

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« Euh, salut » fait-elle. Son regard est filtré par de longs cils au bout desquels j’imagine perler des pétales lorsqu’elle, fée, se promène au milieu des papillons bleus. Je me soulève du coude de ce lit sur lequel j’essaie d’avoir l’air artistiquement alanguie, je grommelle un bonjour, essaie un sourire. Bref, une grimace avenante, mais elle me fixe en retour comme si j’avais dévoilé des canines assassines… Elle se précipite sur son lit et, sous son drap vite remonté, se blottit. Bon, j’ai gaffé. Ne jamais montrer ses dents à des inconnus.

lundi 29 juillet 2013

1147 : dimanche 28 juillet 2013


Souvenir de la nuit du 31 mars au 1er avril Mes rêves n’ont rien d’une plaisanterie d’avril naissant. Un homme qui refuse d’admettre son homosexualité finit par se révéler ce soir, subitement, là, sous mes yeux spectateurs, dans un recoin sale et ombragé, une ruelle encaissée dont les murs de briques ardoisées font penser à un décors de roman policier, Sherlock Holmes en particulier. Le moment de l'épanchement sexuel est bien mal choisi. L'inverti imprudent a affaire à un tueur en série, mais le sachant pertinemment paraît dans le même temps s’en moquer. Il lui fait du rentre-dedans exempt de finesse. L’assassin en puissance finit quant à lui par passer à l’acte. Il fait le coming out de son couteau, le plante dans l’avant-bras avant de lui couper l’ensemble des doigts. Plus tard, je suis maman d'une petite fille que je n'ai pas vue grandir et que j’oublie à la maison, coincée sur une chaise pour adulte. La maison, c’est l’appartement de mon enfance, irrémédiablement imprimé en mon cerveau. Les pièces sont intactes. La propension de l’esprit à laisser une part importante de matière grise silencieuse, pour ne pas faire imploser la tête, est vraiment surprenante. 

dimanche 28 juillet 2013

1146 : samedi 27 juillet 2013


Juillet 2013 Dans ce rêve,  P. m’indique avoir rencontré A. Mon imagination fait en premier lieu la place belle à l’Éros. Mais non. Elle me signale un temps plus tard l’y avoir tué, enfin tenté. Bouleversée par l’acte commis, un tir à bout portant, ce dernier ne mourant pas « du tout » m’a-t-elle dit, A. l’a consolée un peu. Certains considèrent chacun des personnages présents dans nos songes comme un sous-texte de l’âme, vaste et complexe palimpseste dont on ne saurait à vue d’œil déchiffrer les couches successives et hétérogènes. On se recouvrerait donc aléatoirement de masques et travestissement pour tenir le rôle des différents protagonistes qui circulent en nos jardins intimes et nocturnes. Cette pensée qui tombe sous le sens se révèle à bien des égards fort rocambolesque tant ces autres soi nous paraissent faire figure d’altérité. Combien de fois ne me suis-je pas cru la victime d’une tromperie de mon amant alors que ce dernier dormait paisiblement à mes côtés ? Il était difficile dans le matin de mettre à distance le ressentiment éprouvé quelques instants plus tôt. Or, j’aurais peut-être dû m’en prendre honteusement à moi-même. J’ai ainsi appris que les songes devaient être tus puisque nous n’avions qu’une maîtrise limitée de leur compréhension. P. m’a répondu « Tu veux dire que je me tue moi-même. Merde… » Lui ai parlé de résilience et consolation. Puis devant son scepticisme, ai conclu par une assertion indiscutable : « N’est pas Freud qui veut » - et certainement pas moi en effet. Nous avons résolu ce court débat avec sa proposition géniale : le lancement d’un service de sms : Sigmund Freud sur consultation. Ce serait chic, je vois et entends déjà les coupures publicitaires : « 10 22 22, toi aussi, tu veux savoir quelle est la signification de cet étrange rêve, compose le 10 22 22, Sigmund Freud se tiendra à ta disposition pour t’éclairer. 10 22 22 » ; « 10 22 22, tu veux savoir si cet(te) inconnu(e) rencontré(e) dans ton rêve la nuit dernière sera l’homme ou la femme de ta vie, au 10 22 22, Sigmund Freud peut t’aider. 10 22 22 » ; « 10 22 22, si tu as rêvé que ton père devenait le fils de ta mère, et que tu le finissais au cyanure, compose le 10 22 22, Sigmund Freud et son équipe mettront tout en œuvre pour répondre à tes questions. 10 22 22. »
 Quant au rêve de P. je lis ces lignes du fameux Freud : « nous avons résolu de n'admettre l'existence que de deux instincts fondamentaux : l'Éros et l'instinct de destruction (les instincts, opposés l'un à l'autre, de conservation de soi et de conservation de l'espèce ainsi que ceux, également contraires, d'amour de soi et d'amour objectal, entrent encore dans le cadre de l'Éros. » Il lui faudra donc en découdre avec son instinct de destruction et j’espère que cette analyse suffira à la remettre bien vite sur la voix de son autre penchant.

samedi 27 juillet 2013

1145 : vendredi 26 juillet 2013


J’entends que, de l’autre côté, un lit s’étire sur ses moignons. Je me rhabille et me passe un peu d’eau sur le visage. En m’approchant, je me reconnais, surtout autour de ma pupille, la couleur n’a pas changé, il y a toujours un peu de vert au milieu du brun. La porte s’ouvre, entre la rayonnante, qui a de petits yeux pas bien éveillés. Elle passe devant moi, s’assied et pisse sans autre formalité. Je me sens de trop, je dégage, elle lève un peu la tête, comme une taupe étonnée, lorsque je sors à reculons, en hésitant à me courber, en une révérence qui verrait mes cheveux balayer le carrelage et son beige douteux.

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/ Rêve diurne en marge de la nuit du 26 au 27 juillet / « J’aimerais porter un toast, mes amis. / Aux rêves, doux rêves, mes amis. / Aux rêves qui font de nous qui nous sommes. / Aux rêves qui nous permettent de nous trouver les uns les autres. / De chercher refuge / Et de prendre le temps du réconfort. […] Aux rêves qui nous font avancer. / Aux rêves qui nous maintiennent en bonne santé. / Et enfin, aux rêves qui nous réunissent ici, ce soir tous ensemble. » Dans le film foutraque dessiné par Harmony Korine, Mister Lonely, on peut doubler l’existence, prétendre la surprendre, contrarier ses projets, mais pas ceux de dieu, épouser le songe, les contes, poursuivre l’enfance, rester entre deux mondes en caressant le dos d'un chat de Schrödinger, balayer les illusions à coup de fantasmes et simulacres. Pourquoi ne pousserait-on pas la tromperie dans ses plus sains retranchements, soit la comédie, si le réel n’était qu’une vaste supercherie ? Il m’est longtemps arrivé de douter de l’idée de réalité, de ne savoir quelle était la part palpable, or la vie n’est certainement pas au rêve, ce que le corps et à l’âme. Dans l’étroitesse des relations entre espaces diurnes et nocturnes, si l’obscurcissement du jour, donne à la nuit sa raison d’être, cette dernière, théâtre d’un manque - l’excès de jour dont elle est privée - demeure le terrain vague des soupirs et chimères, de l’inaccompli, l’inavouable, la voix libérée, les chairs amies, une fente à pénétrer, un vase à emplir, une salle des pas trouvés, une terre d’asile pour les carences du jour. Ce qui fait défaut à la nuit et ce que lui laisse le jour en dernier lieu, c’est-à-dire ses restes de lumière et quelques éclats prolongés dans l'été. Peut-être, serait-ce bien là un égarement de l’entendement. La nuit qui est vraie, qui ne truque pas, qui n’illumine ni dévoile, qui seule entend les paroles, dans un « vieux parc solitaire et glacé » ou ailleurs, la nuit qui est songe, et le songe qui est vie, l’irréalité de la réalité, le territoire ensommeillé qu’on ne discerne déjà plus. « La réalité c’est du réel déjà organisé par le symbolique. C’est du réel modifié. » On s’y perd. « Il n’y a nulle part où aller. Je veux prendre ça à bras le corps. Être seul au milieu de la foule. Je sais que tout n’est qu’une illusion, un rêve, que tout a une fin. Rien de trop bon ne dure trop longtemps. Je vois l’espoir sur le visage des gens. Je sais qu’ils cherchent tous quelque chose. Ils poursuivent un grand rêve. Chacun d’entre eux veut s’améliorer. Ils cherchent tous des réponses. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils ont trouvé. Ils ont trouvé les uns dans les autres. Et comme toujours, le monde du dehors nous attend. Il attend patiemment… de pouvoir nous emporter. »

vendredi 26 juillet 2013

1144 : jeudi 25 juillet 2013


Je n’ai pas le corps que j’avais hier dans ma chambre quand j’ai enfilé, en forçant au niveau de fesses, mon jeans préféré pour ma fugue macabronocturne. Voilà que j’ai un corps de femme, de femme mûre, au moins trente ans, c’est terrible. Mes seins sont en poires et l’attraction terrestre me fait craindre pour l’avenir de leur rondeur. Mes hanches sont larges, mes cuisses lourdes d’une graisse que je vois en cratères sous mon épiderme épais. Ma toison est fournie et pas du tout taillée, alors qu’elle était clean pour la piscine de mardi dernier. Et voilà qu’autour de mes yeux, sur mon front, à la commissure de mes lèvres, de petits sillons m’indiquent qu’il y a erreur sur la datation du produit. Que s’est-il donc passé en une nuit ?


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/ Nuit du 3 au 4 juin / En bateau, grosse chaloupe en bois, ici réunis en famille, constituée d’un grand-père, oncle, deux cousins, la fille d’une cousine qui ressemble à s'y méprendre à la cousine en question. Nous frôlons les rochers pour mieux prendre le vent. Le paysage est alternativement méditerranéen ou cotentinois. Rapidement, nous touchons le sol et les écueils. Le grand-père qui est mien n’a de cesse de répéter sa crainte. Quant à l’oncle qui s’affaire au commandement, il s'énerve et persiste obstinément dans cette voie-là, celle qu’il a choisie, point barre. Je réfléchis aux raisons de l'angoisse croissante du grand-père et envisage l'idée de mort et de perdition, vision démesurée aux vues des circonstances. Aussi, je relativise cette idée qui me paraît reçue et comme pour me rassurer, encourage l’oncle à poursuivre son avancée maritime, sans tenir compte de la peur de mon grand-père qui, comme à son habitude préfère se taire et subir l’affront plutôt que de le braver. J’éprouve une certaine compassion passive à son égard, mais je ne suis qu’un personnage observant. Mon alter ego qui incarne en ce rêve mon rôle a déjà pris sa décision. Je me trouve la première confondue d’étonnement devant ce choix et mon caractère indifférent. Nous finissons par redescendre, à ma grande surprise, comme si nous avions jusqu'ici vogué sur une montagne aquatique. Les flots y sont dénivelés. Dans le plein d'eau, nous perdons le vent. Cette idée est contraire au bon sens, puisqu’il ce dernier soufflait en rafale le long des côtes avant de s’éteindre dans l’horizon. Nous parvenons enfin à destination. Après avoir navigué dans unespace de mer bleue lagon, une brèche nous permet d'accéder au bord d'une plage de la Manche. C’est celle de mon enfance. Nous accostons donc à son extrémité, que je juge alors nord, par le biais d’une percée dans la falaise. Mon père, soudainement et inexplicablement présent, me tend une longue et élégante planche de surf en bois. Il m'explique comment m'élancer dans les vagues. Je n'ose pas. Nous continuons donc à marcher, moi en maillot, lui en tenue de ville et arrivons ainsi dans une petite pièce tout en longueur ou nous sommes attendus pour la soirée. Je pose la planche sur un grand mur à ma droite en entrant. Il y a P. l'amie compliquée de l'adolescence. Une fille nous parle de l'infection qu'elle a subie au nombril à cause de son piercing. Nous mettons implicitement en cause son manque d'hygiène dont elle pourrait et paraît être victime. Il y a aussi cette fille enceinte en train de fumer et les questionnements qui s’en suivent. Stupéfaite, je lui demande, sur le ton de l’évidence, si elle a diminué sa consommation, Me répond que non. Scènes diverses d'accouchement. La nuit s’emmêle ensuite progressivement.