mercredi 31 juillet 2013

1149 : mardi 30 juillet 2013


Je compte dans ma tête jusqu’à trois fois soixante avant de tenter une autre approche. Je me lève, elle n’a pas bougé, le rythme de l’étoffe qui se soulève et s’abaisse me laisse à penser qu’elle s’est rendormie. Je marche sur des œufs de coton… Peut-être va-t-elle se découvrir d’un coup, en criant « bouh ! » et nous rirons ensemble comme de vieilles copines ; viendra alors l’heure des confidences et nous chercherons ensemble sur quelle carte nous sommes et comment nous évader du conte.

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/ Rêve d'avril [2013] / Cette nuit j’ai rêvé du retour politique de Jacques Chirac. Travaille pour lui. Il fallait l’appeler Monsieur. Il était séduisant, plus jeune que je ne l’ai jamais moi-même connu, fringant et heureux de prendre le pouvoir. // Pour éradiquer mes terreurs nocturnes, mon pharmacien me conseille les comprimés homéopathiques Stramonium 15ch. Depuis je rêve que j'assiste Jacques Chirac (jeune) dans son retour politique. Je soupçonne le RPR de manigancer des trucs pas nets avec le labo Boiron.

mardi 30 juillet 2013

1148 : lundi 29 juillet 2013


Enfin, pas chûr que moi chat veuille chortir de là. Scientifiquement irréfutable. Then I started babbling. Y en a deux autres en projet : pour les "braves bêtes" et pour les "jolies plantes".

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/ Les leurs / Je les observe à ma fenêtre, assise, faisant face à leurs horizons, à leurs rêves qui se dessinent à vue, sans fausses notes ni prétentions, des rêves objectivés dont la propreté des contours me laisse songeuse. Je rêve aux rêves de ceux qui me sont étrangers. Leurs cours sont profondes, mille espaces à investir. On m'y signale toutes les possibilités, multiples et infinies. Un jour je piquerais les "je" des autres pour investir ma vie.

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« Euh, salut » fait-elle. Son regard est filtré par de longs cils au bout desquels j’imagine perler des pétales lorsqu’elle, fée, se promène au milieu des papillons bleus. Je me soulève du coude de ce lit sur lequel j’essaie d’avoir l’air artistiquement alanguie, je grommelle un bonjour, essaie un sourire. Bref, une grimace avenante, mais elle me fixe en retour comme si j’avais dévoilé des canines assassines… Elle se précipite sur son lit et, sous son drap vite remonté, se blottit. Bon, j’ai gaffé. Ne jamais montrer ses dents à des inconnus.

lundi 29 juillet 2013

1147 : dimanche 28 juillet 2013


Souvenir de la nuit du 31 mars au 1er avril Mes rêves n’ont rien d’une plaisanterie d’avril naissant. Un homme qui refuse d’admettre son homosexualité finit par se révéler ce soir, subitement, là, sous mes yeux spectateurs, dans un recoin sale et ombragé, une ruelle encaissée dont les murs de briques ardoisées font penser à un décors de roman policier, Sherlock Holmes en particulier. Le moment de l'épanchement sexuel est bien mal choisi. L'inverti imprudent a affaire à un tueur en série, mais le sachant pertinemment paraît dans le même temps s’en moquer. Il lui fait du rentre-dedans exempt de finesse. L’assassin en puissance finit quant à lui par passer à l’acte. Il fait le coming out de son couteau, le plante dans l’avant-bras avant de lui couper l’ensemble des doigts. Plus tard, je suis maman d'une petite fille que je n'ai pas vue grandir et que j’oublie à la maison, coincée sur une chaise pour adulte. La maison, c’est l’appartement de mon enfance, irrémédiablement imprimé en mon cerveau. Les pièces sont intactes. La propension de l’esprit à laisser une part importante de matière grise silencieuse, pour ne pas faire imploser la tête, est vraiment surprenante. 

dimanche 28 juillet 2013

1146 : samedi 27 juillet 2013


Juillet 2013 Dans ce rêve,  P. m’indique avoir rencontré A. Mon imagination fait en premier lieu la place belle à l’Éros. Mais non. Elle me signale un temps plus tard l’y avoir tué, enfin tenté. Bouleversée par l’acte commis, un tir à bout portant, ce dernier ne mourant pas « du tout » m’a-t-elle dit, A. l’a consolée un peu. Certains considèrent chacun des personnages présents dans nos songes comme un sous-texte de l’âme, vaste et complexe palimpseste dont on ne saurait à vue d’œil déchiffrer les couches successives et hétérogènes. On se recouvrerait donc aléatoirement de masques et travestissement pour tenir le rôle des différents protagonistes qui circulent en nos jardins intimes et nocturnes. Cette pensée qui tombe sous le sens se révèle à bien des égards fort rocambolesque tant ces autres soi nous paraissent faire figure d’altérité. Combien de fois ne me suis-je pas cru la victime d’une tromperie de mon amant alors que ce dernier dormait paisiblement à mes côtés ? Il était difficile dans le matin de mettre à distance le ressentiment éprouvé quelques instants plus tôt. Or, j’aurais peut-être dû m’en prendre honteusement à moi-même. J’ai ainsi appris que les songes devaient être tus puisque nous n’avions qu’une maîtrise limitée de leur compréhension. P. m’a répondu « Tu veux dire que je me tue moi-même. Merde… » Lui ai parlé de résilience et consolation. Puis devant son scepticisme, ai conclu par une assertion indiscutable : « N’est pas Freud qui veut » - et certainement pas moi en effet. Nous avons résolu ce court débat avec sa proposition géniale : le lancement d’un service de sms : Sigmund Freud sur consultation. Ce serait chic, je vois et entends déjà les coupures publicitaires : « 10 22 22, toi aussi, tu veux savoir quelle est la signification de cet étrange rêve, compose le 10 22 22, Sigmund Freud se tiendra à ta disposition pour t’éclairer. 10 22 22 » ; « 10 22 22, tu veux savoir si cet(te) inconnu(e) rencontré(e) dans ton rêve la nuit dernière sera l’homme ou la femme de ta vie, au 10 22 22, Sigmund Freud peut t’aider. 10 22 22 » ; « 10 22 22, si tu as rêvé que ton père devenait le fils de ta mère, et que tu le finissais au cyanure, compose le 10 22 22, Sigmund Freud et son équipe mettront tout en œuvre pour répondre à tes questions. 10 22 22. »
 Quant au rêve de P. je lis ces lignes du fameux Freud : « nous avons résolu de n'admettre l'existence que de deux instincts fondamentaux : l'Éros et l'instinct de destruction (les instincts, opposés l'un à l'autre, de conservation de soi et de conservation de l'espèce ainsi que ceux, également contraires, d'amour de soi et d'amour objectal, entrent encore dans le cadre de l'Éros. » Il lui faudra donc en découdre avec son instinct de destruction et j’espère que cette analyse suffira à la remettre bien vite sur la voix de son autre penchant.

samedi 27 juillet 2013

1145 : vendredi 26 juillet 2013


J’entends que, de l’autre côté, un lit s’étire sur ses moignons. Je me rhabille et me passe un peu d’eau sur le visage. En m’approchant, je me reconnais, surtout autour de ma pupille, la couleur n’a pas changé, il y a toujours un peu de vert au milieu du brun. La porte s’ouvre, entre la rayonnante, qui a de petits yeux pas bien éveillés. Elle passe devant moi, s’assied et pisse sans autre formalité. Je me sens de trop, je dégage, elle lève un peu la tête, comme une taupe étonnée, lorsque je sors à reculons, en hésitant à me courber, en une révérence qui verrait mes cheveux balayer le carrelage et son beige douteux.

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/ Rêve diurne en marge de la nuit du 26 au 27 juillet / « J’aimerais porter un toast, mes amis. / Aux rêves, doux rêves, mes amis. / Aux rêves qui font de nous qui nous sommes. / Aux rêves qui nous permettent de nous trouver les uns les autres. / De chercher refuge / Et de prendre le temps du réconfort. […] Aux rêves qui nous font avancer. / Aux rêves qui nous maintiennent en bonne santé. / Et enfin, aux rêves qui nous réunissent ici, ce soir tous ensemble. » Dans le film foutraque dessiné par Harmony Korine, Mister Lonely, on peut doubler l’existence, prétendre la surprendre, contrarier ses projets, mais pas ceux de dieu, épouser le songe, les contes, poursuivre l’enfance, rester entre deux mondes en caressant le dos d'un chat de Schrödinger, balayer les illusions à coup de fantasmes et simulacres. Pourquoi ne pousserait-on pas la tromperie dans ses plus sains retranchements, soit la comédie, si le réel n’était qu’une vaste supercherie ? Il m’est longtemps arrivé de douter de l’idée de réalité, de ne savoir quelle était la part palpable, or la vie n’est certainement pas au rêve, ce que le corps et à l’âme. Dans l’étroitesse des relations entre espaces diurnes et nocturnes, si l’obscurcissement du jour, donne à la nuit sa raison d’être, cette dernière, théâtre d’un manque - l’excès de jour dont elle est privée - demeure le terrain vague des soupirs et chimères, de l’inaccompli, l’inavouable, la voix libérée, les chairs amies, une fente à pénétrer, un vase à emplir, une salle des pas trouvés, une terre d’asile pour les carences du jour. Ce qui fait défaut à la nuit et ce que lui laisse le jour en dernier lieu, c’est-à-dire ses restes de lumière et quelques éclats prolongés dans l'été. Peut-être, serait-ce bien là un égarement de l’entendement. La nuit qui est vraie, qui ne truque pas, qui n’illumine ni dévoile, qui seule entend les paroles, dans un « vieux parc solitaire et glacé » ou ailleurs, la nuit qui est songe, et le songe qui est vie, l’irréalité de la réalité, le territoire ensommeillé qu’on ne discerne déjà plus. « La réalité c’est du réel déjà organisé par le symbolique. C’est du réel modifié. » On s’y perd. « Il n’y a nulle part où aller. Je veux prendre ça à bras le corps. Être seul au milieu de la foule. Je sais que tout n’est qu’une illusion, un rêve, que tout a une fin. Rien de trop bon ne dure trop longtemps. Je vois l’espoir sur le visage des gens. Je sais qu’ils cherchent tous quelque chose. Ils poursuivent un grand rêve. Chacun d’entre eux veut s’améliorer. Ils cherchent tous des réponses. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils ont trouvé. Ils ont trouvé les uns dans les autres. Et comme toujours, le monde du dehors nous attend. Il attend patiemment… de pouvoir nous emporter. »

vendredi 26 juillet 2013

1144 : jeudi 25 juillet 2013


Je n’ai pas le corps que j’avais hier dans ma chambre quand j’ai enfilé, en forçant au niveau de fesses, mon jeans préféré pour ma fugue macabronocturne. Voilà que j’ai un corps de femme, de femme mûre, au moins trente ans, c’est terrible. Mes seins sont en poires et l’attraction terrestre me fait craindre pour l’avenir de leur rondeur. Mes hanches sont larges, mes cuisses lourdes d’une graisse que je vois en cratères sous mon épiderme épais. Ma toison est fournie et pas du tout taillée, alors qu’elle était clean pour la piscine de mardi dernier. Et voilà qu’autour de mes yeux, sur mon front, à la commissure de mes lèvres, de petits sillons m’indiquent qu’il y a erreur sur la datation du produit. Que s’est-il donc passé en une nuit ?


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/ Nuit du 3 au 4 juin / En bateau, grosse chaloupe en bois, ici réunis en famille, constituée d’un grand-père, oncle, deux cousins, la fille d’une cousine qui ressemble à s'y méprendre à la cousine en question. Nous frôlons les rochers pour mieux prendre le vent. Le paysage est alternativement méditerranéen ou cotentinois. Rapidement, nous touchons le sol et les écueils. Le grand-père qui est mien n’a de cesse de répéter sa crainte. Quant à l’oncle qui s’affaire au commandement, il s'énerve et persiste obstinément dans cette voie-là, celle qu’il a choisie, point barre. Je réfléchis aux raisons de l'angoisse croissante du grand-père et envisage l'idée de mort et de perdition, vision démesurée aux vues des circonstances. Aussi, je relativise cette idée qui me paraît reçue et comme pour me rassurer, encourage l’oncle à poursuivre son avancée maritime, sans tenir compte de la peur de mon grand-père qui, comme à son habitude préfère se taire et subir l’affront plutôt que de le braver. J’éprouve une certaine compassion passive à son égard, mais je ne suis qu’un personnage observant. Mon alter ego qui incarne en ce rêve mon rôle a déjà pris sa décision. Je me trouve la première confondue d’étonnement devant ce choix et mon caractère indifférent. Nous finissons par redescendre, à ma grande surprise, comme si nous avions jusqu'ici vogué sur une montagne aquatique. Les flots y sont dénivelés. Dans le plein d'eau, nous perdons le vent. Cette idée est contraire au bon sens, puisqu’il ce dernier soufflait en rafale le long des côtes avant de s’éteindre dans l’horizon. Nous parvenons enfin à destination. Après avoir navigué dans unespace de mer bleue lagon, une brèche nous permet d'accéder au bord d'une plage de la Manche. C’est celle de mon enfance. Nous accostons donc à son extrémité, que je juge alors nord, par le biais d’une percée dans la falaise. Mon père, soudainement et inexplicablement présent, me tend une longue et élégante planche de surf en bois. Il m'explique comment m'élancer dans les vagues. Je n'ose pas. Nous continuons donc à marcher, moi en maillot, lui en tenue de ville et arrivons ainsi dans une petite pièce tout en longueur ou nous sommes attendus pour la soirée. Je pose la planche sur un grand mur à ma droite en entrant. Il y a P. l'amie compliquée de l'adolescence. Une fille nous parle de l'infection qu'elle a subie au nombril à cause de son piercing. Nous mettons implicitement en cause son manque d'hygiène dont elle pourrait et paraît être victime. Il y a aussi cette fille enceinte en train de fumer et les questionnements qui s’en suivent. Stupéfaite, je lui demande, sur le ton de l’évidence, si elle a diminué sa consommation, Me répond que non. Scènes diverses d'accouchement. La nuit s’emmêle ensuite progressivement.

jeudi 25 juillet 2013

1143 : mercredi 24 juillet 2013


/ Souvenir de la nuit du 5 juillet / Dans ce rêve alors que la température avoisine les trente degrés, ma peau recueille quelques flocons de neige tardivement oubliés à l'hiver et que la saison tente d'expurger le plus discrètement possible en amont. Mais suis là, en hauteur, lac de Peyrelade - peut-être. Il fait chaud, de cette chaleur douce qui n'encombre ni l'esprit ni le corps, qui embaume et ressource. Le coton de glace explore déjà l'épiderme. De la lenteur dans le ciel. Je sais l'étrangeté des circonstances, suis néanmoins en paix. Ni la solitude, ni le chaos climatique ne sont adversaires. Plus tard, mardi 16 juillet, la vallée de Campan récolte quinze centimètres de grêle, étrange tapis hiémal et circonstance.

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Qui est-elle ? Elle est si belle, semble fragile et fulgurante à la fois, avec cette aura qui concurrencerait l’arc-en-ciel. Mais il ne pleut pas et le néon a remplacé le soleil. Je balaie les murs de mes yeux lasers, aucun interrupteur pour appeler la nuit… mais une porte à côté de mon lit, qui mène peut-être vers une issue… ou d’autres corps en extase muette. Je sors et entre dans un local obscur, clignotements à ma droite, c’est une autre lumière qui s’exclame. Me voici dans une salle de bain. Sous la lampe ronde, une gigantesque glace, rectangulaire, et je me découvre enfin. Je n’en crois pas mes yeux, alors j’ôte en deux gestes le haut puis le bas : Nudas Veritas.

mercredi 24 juillet 2013

1142 : mardi 23 juillet 2013


Réveil doux, une lumière diffuse émane du fond de la pièce, au bout de mes pieds. Je me sens toujours lourde, mais mobile. Je me lève et oh, surprise, constate que je ne suis pas seule. Sur un lit perpendiculaire au mien repose une jeune femme dont le visage, sur une couronne de boucles paille, resplendit. Elle sourit dans son sommeil comme si elle venait d’être visitée par le plaisir. Je souffle sur ses cils pour tester la profondeur de sa chute, et son nez se fronce puis soupire, entraînant jusqu’à sa lèvre supérieure un trait de morve presque invisible pour qui n’en aurait surpris l’avènement, comme la trace d’une limace furtive.

mardi 23 juillet 2013

1141 : lundi 22 juillet 2013


Moi, j'aurais éteint mon portable.

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Ils ont quitté la pièce. Des pas feutrés et des chuchotements derrière la porte à nouveau close comme mes yeux qui se voilent et glissent derrière les paupières orange.

lundi 22 juillet 2013

1140 : dimanche 21 juillet 2013


sanie dorée aux cils horizon brume fendue.

samedi 20 juillet 2013

1139 : vendredi 19 juillet 2013


« Et… » Le mot outil s’éteint sur mes lèvres. L’espace d’un instant, oh, pas long, une demie seconde, j’ai vu son visage se transformer en tête taurine : des yeux devenus ronds sous un renfoncement velu, des cornes menaçantes, un mufle humide… Il attend, ruminant son chewing gum d’herbes de la prairie… quelle prairie ? Le rythme de mon cœur s’accélère, des idées se confusent et collisionnent dans mon ventre. Sans doute que mes yeux crient panique car la femme s’approche de moi, tirant une plaquette alu de sa poche. « Mettez-ça sous votre langue ». Le ton est doux, toute résistance est inutile.

vendredi 19 juillet 2013

1138 : jeudi 18 juillet 2013


« Et que c’est-il passé hier ? » (hier, cela signifie que nous sommes samedi. Je me suis plantée d’un jour) « J’étais sortie, avec deux amis » je suis même prête à donner des noms ! « c’était vers le milieu de la nuit, on avait prévu d’attendre que tout le monde dorme, et on s’était donné rendez-vous au cimetière. Pour aller dans la partie réservée aux animaux. On avait décidé de… Ce n’est pas important. Je… Toujours est-il qu’il y a eu un bruit, alors je suis entrée dans un caveau. A ce moment, la lune s’est cachée, la porte derrière moi s’est refermée et… » Et je me suis retrouvée dans une bâtisse pleine de couloirs, à ciel ouvert. C’est ouf comme truc, non ?. « Et ? » fait l’homme.

jeudi 18 juillet 2013

1137 : mercredi 17 juillet 2013


« Bien. » dit l’homme d’une voix égale. « Pouvez-vous me dire quel jour nous sommes ? » J’hésite un peu, je ne sais pas combien de temps j’ai dormi dans cette chambre étrange. Moi aussi j’ai des questions à poser ! Mais ce n’est pas le moment. Donc, voyons, je suis sortie dans la nuit de vendredi à samedi. Nous sommes donc soit samedi, soit dimanche, sinon, ça devient inquiétant… Comme il voit que je cogite, l’homme de préciser : « le jour et la date ? » J’ai les méninges qui font des nœuds… L’été n’est pas loin, et les vacances avec, nous sommes sans doute début ou fin juin, mais je suis incapable de donner une date précise. Je ne me souviens pas de la fête de la musique, pourtant, je crois qu’on a fait des plans là-dessus dans le courant de la semaine, alors je mise sur… « le 10 juin, euh, dimanche 10 juin… c’est ça ? » « Vous n’êtes pas loin ne vous inquiétez pas. L’année ? » Là, question facile, avec le bug qui n’en fut pas un lors du saut du Nouvel An. « 2000 ». La blonde a noté sans relever la tête. Ca rime à quoi, ces questions à la noix ?

mercredi 17 juillet 2013

1136 : mardi 16 juillet 2013


La voix de l’homme s’adoucit : « Et vous avez quel âge ? » « J’ai… » J’ai un trou. Voyons, mon anniversaire ne remonte qu’à quelques mois, trois semaines avant la mort de Titi. 15 ans, oui, c’est ça, j’avais prévu une fête et puis personne n’était vraiment dispo, je m’y étais pris trop tard, alors on s’était juste bouffé une pizza entre copines, je me suis même brûlé la langue avec la calzone, oui, je m’en souviens… « 15 ans. » Le stylo reste en vol stationnaire, l’homme et la femme attendent, comme s’ils n’osaient se regarder. Puis le papier se voit gratté d’une longue phrase, plus longue en tout cas que mes deux chiffres, à moins qu’elle ne les écrive en toutes lettres et en plusieurs langues.

mardi 16 juillet 2013

1162 : lundi 15 juillet 2013


Bonjour, Colette ! Depuis, tout va mieux, sans oublier le téléphone, une discussion ultra-pointue. Le débat s'est clos avant 19 h, au café.

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Je sens qu’il sera vain de feinter. La blonde tilleul-camomille griffonne un petit quelque chose. J’imagine que ce sont des papillons qui d’un coup vont se transformer en chenilles qui lui tomberont sur les pieds et elle se sauvera en criant, à son tour… Aucun papillon ne vient me tirer d’affaire, pas même une mouche. Le stylo remonte en spirale, il me fixe de son œil en pointe. Je décide de me démasquer : « Je n’étais pas chez moi. J’ai eu peur, un truc de ouf…  Et puis, il y a eu un bruit, la porte s’est refermée… non, il faut que je recommence, depuis le début, mais ça risque d’être long… » La femme ne note pas, elle interroge l’autre du regard. Il fait une moue, puis : « Bon, reprenons, justement depuis le début : nom, prénom, date de naissance. » Normalisation des rapports. Je réponds simplement : « Noémie ». En insistant sur le « e » pour qu’il comprenne que je ne joue plus.

samedi 13 juillet 2013

1161 : vendredi 12 juillet 2013


« Savez-vous pourquoi vous êtes ici, Noémy-avec-un-Y ? » Question piège ? Où est-ce un jeu où ce que je dirai deviendra ma réalité ? Le crayon au-dessus du calepin est en suspens, il en bave presque de son encre violette. « Vous avez compris ma question, Noémy-grecque ? Savez-vous pourquoi vous êtes ici ? » Ploc, fera la goutte d’encre en tombant… ploc… ploc… ploc… Ma gorge se serre, mais j’articule : « il faisait nuit, je me suis perdue. »

vendredi 12 juillet 2013

1160 : jeudi 11 juillet 2013


L’homme entre dans la pièce à pas précautionneux, peut-être l’a-t-on fraîchement serpillée. Suit une femme avec un gros chignon épinglé sur le dessus de la tête. Deux baguettes chinoises en jaillissent belliqueusement. Elle porte un calepin dont elle tourne les pages, concentrée. Coup de tête du cheveux gris vers la suiveuse, retour vers moi qui tente de décoller ma tête pour mieux les distinguer. La bonne femme en trois pas est sur mon lit, enfin, le calepin sur la couverture, je sens un coin dans mon mollet gauche, et elle de tripoter je ne sais quoi qui actionne la tête de lit vers l’oblique. Me voici en meilleure posture. Je vois mieux qu’ils portent tous les deux blouse vert tilleul. L’homme s’éclaircit la gorge, et, semblant reprendre une conversation commencée la veille, me balance. « … Vous êtes ? » Le ton est nonchalant, le regard incisif. Qu’attend-il comme réponse ? J’ai bien l’impression que mon sort en dépend. Alors, ayons l’air le plus naturel possible, sans pour autant tout dévoiler. Continuer d’un ton badin cette discussion étrange : « Je suis Noémy, mais attention, avec un Y ». La blonde aux aiguilles coche une case. J’ai dit Y, pas X…

jeudi 11 juillet 2013

1159 : mercredi 10 juillet 2013


Si l’on me suce la graisse, là encore il y aura de quoi faire… Pourquoi mon corps est-il épais à ce point… ? J’ai l’impression que mes cuisses ont doublé de volume. Et ma poitrine… Si je ne me sentais pas autant clouée au sol, je dirais qu’on m’a gonflé à l’hélium ! J’arrive à bouger ma jambe. Elle se dégage du drap. Ouh là, c’est quoi ce pyjama bleu ? On frappe à la porte, à peine le temps de rewinder sur la bande de mes interrogations que la porte laisse passer un homme dont je vois d’abord les cheveux gris souris. Et des yeux petits. Il ne me dit rien qui vaille mais ouvre quand même la bouche pour sortir une platitude : « je vois que vous êtes réveillée ». Il dit qu’il le voit, tant mieux, moi, je n’en suis pas si sûre.

mercredi 10 juillet 2013

1158 : mardi 9 juillet 2013


Rien, rien d’autre que des pas qui traînent, et puis un rire tout doux, mais ce n’est pas ma mère. Elle m’aurait préparé du pain grillé pour le petit déjeuner, je le sentirais d’ici. J’essaie de bouger un peu… ça va, rien de cassé. Je remue tout de haut en bas, j’adore ça, me prouver la dextérité quasi pianistique de mes doigts de pied. Ils sont tous là. Si on me coupe les bras, au moins, je saurai que je ne suis pas démunie pour autant.

mardi 9 juillet 2013

1157 : lundi 8 juillet 2013


On en connaît certains qui révisent après leur examen, fingers crossed. Brasse de savoir, ça va flamber, cet été… Trois quarts de ciel au-dessus de nos têtes.

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Silence à nouveau, aussi blanc que l’air qui m’oppresse. Puis un cri refait surface, un grand « ah » qui se casse en éraillement plaintif, proche du sanglot. J’étends ma main pour attraper cette présence soeur. Surprise. Mes doigts sont longs, aux ongles roses. Franchement pas mon style. Et même si j’envie le succès de Margo avec son look de top model, Maman ne me permettrait pas une fantaisie pareille. Envie de l’appeler mais peur qu’une autre cavalcade vienne me bâillonner. Un souffle alors, juste un murmure parce que cet appel est pressant « Maman ? ». Je sais bien que je ne suis pas chez moi, mais qui sait, elle est peut-être à veiller, juste derrière la porte, elle attendait mon réveil de Blanche Neige sans prince charmant.

vendredi 5 juillet 2013

1156 : jeudi 4 juillet 2013


brûlure à titre de preuve. acide aux yeux chemin fini. déchiffrage des routes. poussière caustique. limite attestée. terme démontré par les chardons et les cloportes blancs au bord des cendres.


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Je me sens engourdie, lourde, comme si mes membres avaient fondu et incorporé le matelas qui fait corps avec le mien. J’arrive cependant à tourner la tête. Les murs sont aussi blancs que le plafond. La porte est close. J’entends des pas qui glissent à l’extérieur. Puis une cavalcade dans le sens inverse, galop de trois ou quatre bipèdes, et je devine un virage à quelques mètres : dérapage contrôlé, reprise de la course. Un cri. Sous ma langue s’obstine un goût amer.

jeudi 4 juillet 2013

1155 : mercredi 3 juillet 2013


J’ouvre les yeux. Le silence est blanc mais je ne vois rien. Je suis aveugle, vraiment. Puis une goutte tombe sur mon front. Alors je me souviens. Ma chute, le bruit de ma tête sur le sol de cette improbable caverne. Je ferme les yeux, très, très fort. Et quand je les rouvre, je vois ce blanc. Un plafond avec un néon en cage. Éteint.

mercredi 3 juillet 2013

1154 : mardi 2 juillet 2013


Le chien, le chien est de plus en plus près, il piétine et ses griffes claquent à l’intérieur de mes yeux, que je ferme pour ne plus entendre la mélopée qui monte de la bouche blonde qui déchire son corsage qui exhale un parfum d’épices et de framboise écrasée tandis que le mâle crache son venin musqué… Ils vont me toucher, me prendre et m’enfermer, je ne pourrais plus jamais voir le jour, je suis aveugle, et ils me perforeront pour pouvoir jouir dans mes cicatrices, mes doigts seront mes yeux et je me nourrirai de vers gluants et gras. Tic tac, ça y est l’aiguille accélère, mon sort est scellé, le temps a décidé. C’est sans doute mieux ainsi… L’Or… loge… et je tombe… en croix… dans le si.. me… tiers… Etat.

mardi 2 juillet 2013

1153 : lundi 1er juillet 2013


Dans le sillon du désir cru, eau oxygénée ! Tel est pris qui croyait prendre, Honoré aurait adoré : l'eusses-tu cru, mon ami ? Mon grand-père était là peint. Il est parti, il reviendra.

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La femme décroise les bras, j’entends ses cheveux déchirer l’air chargé d’ail. Ses ongles sont rouges et pointus. Elle dit quelque chose que je ne comprends pas, son complice n’a pas bougé, il respire par saccades, insensiblement, c’est son souffle qui remplace le battement de la queue du chien. Et le chien s’approche à son tour, et les halètements se chevauchent, et la langue du chien pend et bave, celle de la femme parcourt sa lèvre inférieure et rentre nettoyer ses canines. Alors ma cervelle se déplie et secoue de l’intérieur mon crâne, mon intestin, lui, se noue et cogne, il veut entraîner le cœur qui lui répond qu’il accepte de reprendre le rythme des souffles, le souffle de l’homme à tête de chien, le souffle du chien qui se fait plus humide encore, le souffle de la Lorelei qui a posé la main sur son sein.

lundi 1 juillet 2013

1152 : dimanche 30 juin 2013


monde mort accroché aux talons boue noire rumeur d'absences.