samedi 28 août 2010

289 : vendredi 27 août 2010

C’était voir les délégués du personnel raser les murs, de leurs affichages syndical ou CE, de leur permanence hebdomadaire à laquelle personne n’osait se rendre, tout comme eux n’osaient pas passer dans les bureaux à la recherche des revendications. C’était se dire « nous sommes en France, c’est pire ailleurs, tenons bon, encaissons, tenons bon encore un peu. »


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Une rue pavée la nuit, des maisons à colombages et des immeubles du dix-huitième siècle. Les lampadaires éclairent faiblement, la bruine bretonne épaissit l’air. Je rentre chez moi, un peu ivre, un peu triste. J’aimerais pouvoir me convaincre que je ne l’ai pas croisée à l’instant, et que je ne viens pas d’être odieux avec elle à cette occasion. Je crois n’avoir croisé personne, j’en voudrais des preuves, je ne comprends pas celles et ceux qui assimilent leur ignorance à l’idée qu’il n’y aurait rien a connaître. J’ai pu oublier, s’il est possible que l’immonde surgisse de soi dans une déflagration, n’est-il pas possible également qu’il soit aussitôt recouvert d’un oubli opaque et fulgurant. Peut-être que rien de tout ceci ne peut exister, ni le surgissement de l’immonde, ni son oubli instantané. Je ne sais pas, je sais par contre qu’en faisant dialoguer sans fin quelques idées fixes et contradictoires, on peut finir par toutes leur donner raison, quel que soit leur degré d’absurdité. Je ne pourrai rien me prouver, la rue déserte ne m’apprendra rien à ce sujet, je dois rentrer chez moi. J’espère que les limaces géantes ne m’y auront pas précédé et que je pourrai fermer l’œil, dormir, et que ma chambre ne sera pas envahie par un banc de crabes pendant la nuit.