lundi 16 août 2010

277 : dimanche 15 août 2010

Merci de cet honneur que tu me fais de te confier à moi, ami. Merci, suis flattée et touchée, vraiment, de cette préférence, et qu'importe la quantité, la fréquence, de tes secrets. Merci de me dire que tu est certain de ma loyauté. Tu as raison, ce qui vient de derrière les verrous de ta parole se blottit dans des casiers dûment fermés de ma mémoire. J'évite même d'y penser, et parfois d'en prendre réellement connaissance, puisque ce qui compte c'est que tu t'exprime et t'exprime pour moi. Mais, puisque ce soir le dîner était bon, puisque la nuit est douce, puisque nous sommes détendus, puisque tu souris béatement dans ton fauteuil, j'ose cette question que je me pose depuis longtemps : en combien de cerveaux verrouillés as-tu déposé ces phrases ?


--------------------


Dans la chambre que nous partagions pour les vacances, la lumière éteinte, nous étions tous deux parvenus au fil de la conversation à voir la même scène au cours de laquelle un appareil lumineux, rond et aveuglant, se posait dans une clairière pendant la nuit. Nous aimions passer de longues heures, l’après-midi, dans la forêt proche, tout particulièrement aux abords du dolmen et le long de la pente plantée de hêtres qui menait à l’esplanade herbeuse autour des ruines du château médiéval. Depuis plusieurs jours, nous parlions de nous absenter discrètement de la maison après que tout le monde y soit couché, et de nous aventurer nuitamment dans la forêt. Le lendemain de notre vision simultanée de l’atterrissage d’une soucoupe volante, nous savions que la peur qui nous faisait désirer cette escapade nocturne était devenue trop forte. Nous renouvelâmes le projet la semaine suivante, en sentant bien que les vacances étaient presque finies, et que les quelques jours de maturation qui nous mettraient à nouveau face à notre incapacité à cette sortie n’auraient pas la possibilité de trouver leur terme, et qu’alors nous repartirions persuadés que nous nous apprêtions à véritablement accomplir ce qui nous aurait immanquablement déçu si nous l’avions effectivement commis.