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Dans la chambre que nous partagions pour les vacances, la lumière éteinte, nous étions tous deux parvenus au fil de la conversation à voir la même scène au cours de laquelle un appareil lumineux, rond et aveuglant, se posait dans une clairière pendant la nuit. Nous aimions passer de longues heures, l’après-midi, dans la forêt proche, tout particulièrement aux abords du dolmen et le long de la pente plantée de hêtres qui menait à l’esplanade herbeuse autour des ruines du château médiéval. Depuis plusieurs jours, nous parlions de nous absenter discrètement de la maison après que tout le monde y soit couché, et de nous aventurer nuitamment dans la forêt. Le lendemain de notre vision simultanée de l’atterrissage d’une soucoupe volante, nous savions que la peur qui nous faisait désirer cette escapade nocturne était devenue trop forte. Nous renouvelâmes le projet la semaine suivante, en sentant bien que les vacances étaient presque finies, et que les quelques jours de maturation qui nous mettraient à nouveau face à notre incapacité à cette sortie n’auraient pas la possibilité de trouver leur terme, et qu’alors nous repartirions persuadés que nous nous apprêtions à véritablement accomplir ce qui nous aurait immanquablement déçu si nous l’avions effectivement commis.