samedi 7 août 2010

268 : vendredi 6 août 2010

C'était regarder par dessus son écran, à la recherche d'un regard, d'un autre oisif de quelques secondes, et échanger quelques mots, ou le signe d'une pause à faire en commun, ou aucun signe particulier autre que la reconnaissance, la reconnaissance du labeur partagé, du corps ici sur la chaise à roulettes face écran, puis se remettre à la tâche assignée.


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Il se voulait fier, ferme, fort, supérieur avec générosité sans prise, dominateur, un peu, comme par évidence, réservé mais aimable, inaccessible et présent. Mais le petit homme en lui doutait, un peu, en secret croyait-il. Alors il était raide, avec ostentation, condescendant plus qu'ouvert, assez hautain, sentencieux, et rapidement il apparaissait creux. Sauf pour ceux qui l'aimaient, qui le jugeaient agaçant et touchant.


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Ici, on n’a jamais perdu la guerre, ou plutôt on se comporte comme si on l’avait gagnée bien qu’on l’ait perdue, sans jamais mentionner, admettre ni même s’autoriser à penser que cette défaite fut réelle et effective. On ne nie pas que la guerre ait eu lieu, non, on en retrace l’histoire et on en célèbre la victoire, bien que celle-ci ne fut jamais, et que ce qui advint plutôt fût une débâcle implacable et humiliante. On fête les anniversaires de batailles épiques qui ne furent jamais, qui peut-être et sûrement auraient été si les premiers affrontements n’avaient pas été d’épouvantables faillites. On honore les héros qui nous permirent de l’emporter, qui furent puisqu’ils auraient pu être, qui furent, vainquirent et nous nimbèrent de gloire car notre histoire est glorieuse et victorieuse par essence, quelque soient les aléas insignifiants et inconséquents de l’histoire. Un nouveau jour férié a été institué, qui commémore la capitulation de notre ennemi lors de cette dernière guerre qui est à ce jour et jusqu’au prochain le plus éclatant de nos triomphes.