dimanche 15 août 2010

276 : samedi 14 août 2010

Avec l'orage ces derniers temps en ville, les odeurs d'égout avaient commencé à s'installer, à stagner dans les rues au dessus des pavés ; la pluie est arrivée qui à son tour a tout lavé. Et moi j'aime ce froid, ce vent froid, cela me raccroche à une forme de distance, distord les vitesses du temps qui passe : cela me raccroche au temps qui reste, me fait oublier ce qui se passe, le temps qui passe, et surtout le temps passé, qui n'a de cesse de me narguer. S'envolent au vent, les douleurs les souvenirs les pensées du passé; au vent froid je revis, de l'air, mes yeux s'éclairent: sans toi j'irai droit devant moi et je vivrai.


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Elle ne se réveillait plus lorsqu’elle le voulait, son réveil sonnait et à peine sortait elle de la torpeur, insuffisamment pour accéder à la lucidité qui l’aurait forcée à mettre fin à sa nuit. Elle avait d’abord cru à une grande fatigue accumulée qu’elle réparait, et qu’une fois ceci fait, elle pourrait de nouveau se réveiller normalement. Ce n’était jamais arrivé. Elle ne pouvait plus subir de fatigue accumulée par défaut de sommeil désormais, ça faisait des mois qu’elle ne dormait jamais moins de onze heures par nuit. Elle se désigna hypersomniaque, se souvint qu’elle avait été normale, et songea à l’addition de toutes ces heures superflues pendant lesquelles elle dormait, à la durée de jours entiers qu’elles formaient déjà, à celles de mois et d’années qu’elles feraient un jour. Maintenant, elle devait se procurer un autre réveil-matin, le plus douloureux qu’elle trouverait. Elle devait le faire tant qu’elle se réveillait encore. Où alors trouver quelqu’un avec qui vivre, mais c’était plus compliqué. Un jour, pensait-elle de plus en plus sérieusement, seules les crampes d’estomac la réveilleraient, ce serait après qu’elle aurait perdu son travail à cause de trop d’absences.