mercredi 4 août 2010

265 : mardi 3 août 2010

Comment pouvez-vous aimer cet homme, vous le disputer, et surtout vivre avec lui, c’est un mystère que je ne veux jamais percer. Il me semble que ce serait renoncer à moi-même, à ce garde-fou qu’on met entre le bien et le mal. C’est aussi ce qui me fait dire que j’ai un cœur de pierre qui n’a jamais aimé ou qui oublie. Pour ma part je l’aimerai de loin, je lui pardonnerai d’autant plus facilement que je n’aurai pas à affronter son regard malade et ses soupirs de bête. Mon père je me passerai de vous plutôt que d’être malheureuse.


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C'était se lever pour chercher la télécommande de la climatisation, négocier avec ceux du même openspace, du même îlot, la ventilation, la température.


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Passés quelques instants de surprise et d’appréhension, et après avoir très minutieusement observé la porte et le bâtiment dont nous venions de sortir, afin de le retrouver sans difficulté, nous nous aventurâmes prudemment dans les quelques rues autour de notre point d’arrivée. Nous regardâmes souvent derrière nous pour faciliter notre retour, et nos regards étaient aimantés par l’interminable et très fine colonne dans laquelle était logée la cage d’escalier par laquelle nous étions montés, ou descendus peut-être, jusqu’ici. Les rues que nous arpentâmes étaient celles d’un centre-ville animé, leur allure était ordinaire et elles se croisaient à la perpendiculaire. Par leurs perspectives rectilignes, des gratte-ciels se laissaient voir. Il y avait aussi une multitude de colonnes similaires à celle dont nous venions de sortir, elles formaient comme des stries verticales sur le bleu du ciel. Notre idée était de commencer par comprendre où nous étions, et de remonter - ou de redescendre - quand nous le voudrions par la cage d’escalier jusqu’à la première pièce de repos que nous y trouverions, qui contiendrait comme toutes les autres de quoi nous nourrir, et de quoi dormir. Si la ville nous était inconnue, elle n’en était pas moins peuplée d’une masse d’éléments familiers. Les passants y parlaient anglais, bien qu’avec un accent étrange. Les enseignes et les panneaux indicateurs portaient des mots et des formules en anglais, leur aspect était commun. Des voitures, des camions, des autobus, des motos et des vélos de modèles inconnus roulaient dans les rues. Nous aurions pu entrer dans un des bars ou dans un des restaurants pour nous y asseoir et nous y restaurer, mais nous n’avions pas de monnaie, et d’ailleurs nous ignorions quelle était ici la monnaie en vigueur. Les cartes de tarifs affichées en vitrines des boutiques et restaurants indiquaient des nombres à virgule suivis des trois lettres YDs. Enfin, nous nous approchâmes d’un vieil homme paisible, assis sur un banc, pour lui demander où nous nous trouvions. Vous-êtes à Youngtsown, messieurs, nous répondit-il avec affabilité. Youngstown Ohio ?, demanda l’un d’entre nous. Pas que je sache, nous fit le vieil homme, ici c’est Youngstown tout court, mais je me souviens que certains, autrefois, disaient Youngstown Youngstown.