mercredi 14 juillet 2010

244 : mardi 13 juillet 2010

Et ce débit d’eau. Impressionnant déversement continuel, malingre filet au printemps ou en été, grosse effusion en automne et sous fine couche de glace l’hiver, son cours pourtant jamais ne s’arrête. Permanence de la nature, circuit immuable de l’eau qui s’évapore puis redescend, pleut puis ravine, sans aucune errance, l’eau trace sa route. Elle sait d’où partir, des cimes, elle creuse la haute montagne et où passer, sinusoïde trouée entre les vallées, elle file sans retenue. Et au bout du chemin, elle n’hésite plus, se jette à cours perdu dans la grande marre, qu’elle soit mer ou océan. Elle était fluide, vierge et pure, juste maculée par quelques limons inoffensifs, et la voilà, corrompue, attaquée par un sel rongeur, elle se dissout, perd de sa fluidité, s’oublie dans les profondeurs que d’autres eaux forment avec elle. Elle meurt. Et si ce cycle de l’eau n’était qu’allégorie de nos vies, de nos chemins fuyants, de nos routes empiriques tracées par nos aïeux ? On use des mêmes canaux, fleuves ou rivières. Le cours d’eau comme cours de l’existence. Certains coulent plus vite que d’autres. D’aucuns ont même leur propre fleuve, aux berges rectilignes en béton fortifié comme garde-fou à tout débordement. Une eau limpide qui dévale avec un débit puissant que rien n’arrête. Ils sont forts, grands et beaux. Ils filent à grande vitesse avalant avec eux quelques affluents chétifs, avortons qui n’ont d’autre solution que de se jeter dans leur lit. Mais chacun, maigre ruisselets ou grande destinée fluviale, finit dans le grand estuaire et termine le parcours dans la même mer âcre, anonymes parcours noyés dans un grand tout, noir et silencieux. On meurt.

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La rééducation à l’ordinarité est automatisée dans la mesure du possible. Par exemple, les convalescents titulaires d’une ligne téléphonique reçoivent chaque jour un appel. Leur appareil sonne et un jour, plus ou moins tardivement, ils décrochent lorsque le signal retentit. Un message enregistré se déclenche et informe la personne qu’il s’agit là d’un appel téléphonique, en répétant quatre fois distinctement et toutes syllabes soigneusement articulées “ceci est un appel téléphonique”, puis trois fois “vous pouvez raccrocher”. Si la personne ne raccroche pas, l’appel prend automatiquement fin. Ces appels quotidiens sont prescrits par séries de trente, renouvelables à loisir selon l’avis des services de rééducation.