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Sur le bleu du ciel, le vent, était-ce lui, avait dessiné à grands traits souples, qui se déployaient depuis un centre improbable un peu au dessus du toit et s'évanouissaient peu à peu comme jetés par une main fatiguée, un grand éventail, symbole plus que souvenir de plumes d'autruches légèrement dégarnies qu'une élégante laisserait reposer au bout de son bras.
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C’est aujourd’hui la première journée mondiale de la lenteur, et avec elle l’aveu par les mécanismes de notre société qu’ils ne savent plus du tout comment se déprendre de l’affairement, n’étant plus capables en l’espèce que d’une incitation événementielle, folklorique et patrimoniale. Chaque personne est tenue de se déplacer selon une vitesse deux fois moindre que celle dont elle a l’habitude. Les marcheurs doivent mentalement compter le rythme de leur pas et n’en marcher qu’un sur deux, les automobilistes roulent les yeux sur l’aiguille de leur compteur, qui marque un angle inhabituellement aigu. Le trafic urbain n’est après tout pas moins fluide que d’habitude. Les brasseurs d’air se trouvent ne pas avoir moins d’activité que d’ordinaire, bien que l’atmosphère qui les entoure se trouve être moins remué. La journée les épuise, et sans vouloir me plaindre, je peux étant de ceux-ci vous l’affirmer en pleine et entière connaissance de cause. Toute chute est déconseillée car, l’attraction terrestre n’ayant pu être convaincue par l’importance des enjeux de cette journée, elle ne serait pas moins rapide hélas que les jours quelconques, pendant lesquels il est physiquement possible de tomber à vitesse réglementaire. Ce matin une personne très âgée en fit l’amère expérience, victime d’une insolation tandis qu’elle traversait une large avenue où l’ombre manquait. Elle échappa aux sanctions car peu de temps après, le Président de notre République, lui aussi victime du soleil, fut frappé par un malaise vagal lors de son jogging quotidien, accompli à la remarquablement modérée vitesse de la moitié de sa cadence habituelle. Aujourd’hui, plus que jamais, pour les éjaculateurs précoces, ça passe ou ça casse, et la plupart se font défenseurs occasionnels de l’abstinence. Aujourd’hui les avions sont incapables de décoller car ils n’ont pas le droit d’atteindre la vitesse qui leur permettrait de quitter le sol, ils passent des heures et des heures à tourner en rond sur l’asphalte des pistes. Il est à prévoir que tout à l’heure à Berne, plus aucun amateur de phrases richement dotées en propositions relatives n’en commence la moindre de peur de ne pouvoir en trouver la fin avant l’heure du coucher. Aujourd’hui les cyclotouristes croisent leurs doigts sur les guidons dans l’espoir d’un retour à la maison avant la nuit. Aujourd’hui les cibles parviennent à éviter les balles et dansent dans la grâce, tandis que personne ne compte sérieusement achever la lecture de Guerre et paix avant le lendemain. Aujourd’hui plus que jamais, ces journées mondiales à la con nous emmerdent : qu’on nous rende la lenteur tout au long de l’année, même au prix de l’ennui. Voici, implacable et dans toute son évidence, le bilan de cette absurde épisode.