vendredi 22 juillet 2011

614 : jeudi 21 juillet 2011

Le jour s'étire; et tu sais que viendra l'été. Il en émane une acuité que tu ne retrouves pas à d'autres moments de l'année. Une vacuité. Un calme aussi présent qu'impossible à définir. Ce qui te l'intime, ce qui t'y incline, ce ne sont pas tes souvenirs. Une forme de permanence. Tu t'y retrouves et tu t'y perds. Atmosphères de sommeil lourd et de veilles tranquilles. L'été tout semble éphémère - l'été tout entier fugacité... Va regarder à l'intérieur de l'été profond, l'été ciselé de plomb, avec ses sangles et ses aiguilles; tu es le calice qui s'en va recueillir l'élixir d'été; lueurs qui s'accrochent dans les yeux dans les cheveux, sueur qui scintille qui glisse qui s'insinue aussi en la brisure du coude, le creux du poignet, la surface bosselée de l'ongle du pouce, dans les plis du cou...

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L'été glisse d'un jour à l'autre, les ciels gris se succèdent et fondent sur la terre en averses fines et drues. Agnès lève les yeux de son ordinateur et soupire. Son regard se perd dehors à la rencontre d'un ciel dans le ciel, d'une superposition de gris passant de l'ombre à la lumière. Tout à coup, un vent se lève et le soleil illumine une pluie nouvelle, la lumière blanche irradie les toits sous l'obscurité entière de l'orage naissant. Agnès admire cette rencontre entre tout et son contraire, elle s'imprègne de cet instant immense avant de replonger le nez dans ses dossiers.