lundi 18 juillet 2011

610 : dimanche 17 juillet 2011

J'entasserai les noix dans la brouette, elle s'enlisera dans le sable, je tirerai sur les poignées pour la dégager. Avec beaucoup d'efforts, je déverserai son contenu dans la remorque attachée à mon vélo. Je me mettrai debout sur les pédales et j'essaierai d'avancer. Tout le monde y parviendra très bien, récoltera son secteur en un jour ou deux, alors qu'il me faudra la semaine.


---------------------


Georges ramène du saucisson de ses voyages, de différentes tailles et parfum. Tous les soirs il engouffre quelques tranches avec délectation en sifflant un petit rouge léger et vif, un Beaujolais souvent ou encore un Loiret. Sarah sa femme est végétarienne. Elle appréhende chacun de ses retours, se sachant ignorée, comme si supporter ce désagrément faisait partie du contrat de base et que quelque soit son mot à dire il ne serait écouté. Tous les soirs son mari vient se coucher contre elle en puant la viande morte, il l'enserre de ses bras en soufflant des mots enviné, elle se raidit alors dans un prétendu sommeil en attendant que sa réserve de saucisson s'épuise, et en priant pour qu'il reste plus longtemps, cette fois, avant de repartir.


---------------------


Rencontre XXI Dans l’avion, Aude avait choisi un siège près du hublot. Il faisait beau, avec quelques petits nuages floconneux. Elle s’était résolue à partir seule, laissant Mathieu retourner à Paris. C’est lui qui l’avait accompagnée à l’aéroport. Elle avait eu du mal à le quitter. Elle voulait être forte alors elle lui avait donné un long baiser en le priant de s’en aller aussitôt. Ce qu’il avait fait, sans se retourner. Les derniers jours avaient été paisibles, elle semblait aller mieux. Lucie l’avait appelée, elle l’attendait avec impatience pour la faire intervenir dans son projet. Aude avait dit oui, pour s’échapper, pour mettre un terme à ce qu’elle appelait le « creux de la vague ». Elle ne faisait rien de bon, elle ne parvenait plus à se concentrer ! Même Mathieu l’exaspérait ! Non ! Ce n’était pas ça ! Il avait cherché par tous les moyens comment l’aider à retrouver sa sérénité. Elle était injuste, elle ne se reconnaissait plus ! Depuis l’accident, elle avait l’impression d’être une autre. Comme si on l’avait enfermée dans une cage de verre ! Elle voyait tout, entendait tout mais ne pouvait plus ni réagir ni ressentir comme avant. Elle avait dit à Mathieu qu’à l’hôpital, on lui avait volé une partie d’elle-même. Celui-ci l’avait rassurée mais son regard préoccupé l’avait trahi. Elle espérait vraiment que ce voyage allait la remettre d’aplomb ! Treize heures d’avion ! Une escale d’une nuit à Amsterdam, où elle pourrait dormir, chez une amie de Lucie. Elle ferma les yeux, laissant aller ses pensées. Dans un peu plus d’une heure, elle serait avec Manon. Celle-ci était professeur de peinture, elles s’étaient déjà vues, elle avait un petit garçon de trois ans, un véritable petit ange avec des cheveux blonds tout bouclés. Elle était contente de la revoir, ce serait une bonne soirée. Elle descendit de l’avion le cœur léger. A la sortie, elle aperçut Manon qui gesticulait dans tous les sens. Elles sautèrent dans un taxi et se dirigèrent vers la ville. Manon était une grande femme blonde, les cheveux coupés courts à la garçonne, un regard franc, un large sourire qui illuminait un visage intelligent. Elle était très bavarde et débordait d’énergie. Elle avait prévu une soirée théâtre, son fils était chez sa grand-mère. Aude se laissa guider à travers la ville tout en admirant la beauté de son architecture, ses couleurs, sa diversité culturelle. Elles passèrent une excellente soirée. Le lendemain, à sept heures, elle était à nouveau dans l’avion. Mathieu lui avait laissé un message sur son portable : « Je te rejoins dans dix jours. Je t’aime ! » Ses yeux se remplirent de larmes. Au même instant, un homme devant elle se retourna. Elle s’agrippa à son voisin, ne parvenant plus à respirer. Sa vue se brouilla, elle n’entendit plus rien. Elle était dans l’eau, il faisait très froid, elle descendait trop vite, tout était sombre, de plus en plus sombre ! Elle sentit qu’elle allait mourir, son corps ne répondait plus…