La protection de la beauté par la laideur (5) Le traitement politique du problème, par les programmes de protection, de rééducation et de limitation des accès, était accompagné d’un discours qui assumait étonnamment la notion de laideur et la promotion de celle-ci pour le salut de la beauté. Les politiques d’urbanisme antérieures au problèmes étaient particulièrement conservatrices : on ne voulait pas que l’aspect de la ville change, les nouvelles constructions devaient pasticher le bâti déjà existant et ne pas se distinguer autrement que par leur sobriété et leur discrétion. Le spectaculaire architectural était réservé aux bâtiments imposants que les siècles précédents avaient érigés. Aussi, il ne fut pas étonnant que le souci de protection de l’existant soit de très vaste ampleur, et se donne pour objectif de maintenir le plus possible l’intégralité du quartier dans son état préalable. Ce n’est pas ici qu’on aurait assumé de nombreuses destructions qu’on aurait considérées comme autant d’occasion de nouvelles constructions. Les autorités territoriales portaient donc à leur crédit la politique de propagation de la laideur sur la zone comme meilleure garantie le cas échéant de la pérennité de sa beauté. L’objectif était l’aspect inchangé, les moyens étaient l’invisibilité, la laideur comme atout supplémentaire permettant de mieux anticiper les imprévus. L’idée que le problème des regards destructeurs de la ville puisse ne jamais trouver de solution, et qu’alors la politique en place condamnait la zone à une laideur perpétuelle ne convainquait pas l’administration urbaine d’en changer, elle les confortait au contraire dans la nécessité de ne jamais laisser détruire l’état passé de la beauté devenue invisible du quartier.
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C’était, plongé dans un livre, rater la station de métro. S’imaginer s’y oublier jusqu’au terminus, et là-dedans, dans la voie de garage, n’en plus finir de lire. Continuer cette rêverie jusqu’en bas de l’immeuble, badger.