vendredi 24 septembre 2010

316 : jeudi 23 septembre 2010

La protection de la beauté par la laideur (4) Pour éviter que l’intégralité de la zone comprise entre les rues du marché, de la république, des fossés et l’avenue de Belgique soit recouverte de couvercles de protection, et surtout aux cas où on ne saurait jamais mettre fin au problème de détérioration urbaine par le regard et où celui-ci s’étendait, un programme de rééducation visuelle fut appliqué aux habitants et aux usagers du quartier, par lequel on leur enseigna, hormis par de très fugitifs contrôles visuels lorsque ceux-ci étaient nécessaires, à ne rien regarder autour d’eux, seulement le sol. On encouragea celles et ceux qui reçurent le programme de rééducation visuelle à sortir de la zone pour s’adonner à la contemplation de la ville, et ainsi contenter leur besoin de beauté urbaine. On dût dans le même temps strictement réglementer les entrées de personnes extérieures à la zone, les personnes qui n’y résidaient pas ou n’y avaient pas leur lieu de travail devaient justifier d’une raison médicale ou familiale dûment attestée pour pouvoir y pénétrer - il leur fallait prouver qu’elles devaient y avoir une activité indispensable et qu’elles ne pouvaient accomplir ailleurs. Cette limitation sévère des entrées dans le quartier avait été déclenchée par un important mouvement de curiosité : les gens voulaient voir le quartier que les regards détruisent et qui a abondamment été protégé de la vue par des bâches et autres structures plastiques qui le ponctuent densément de parallélépipèdes orange ou marron. En venant le voir, tous ceux-ci l’auraient regardé, et endommagé.


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C’était ne recevoir aucun mail de la journée et se dire qu’un problème technique devait empêcher le réseau.


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Le temps s’était subitement ralenti. Les minutes étaient désormais bien plus que des minutes. Elle s’en aperçut en attendant au feu rouge, qui mit un temps interminable à changer de couleur. Puis le trajet pour regagner son domicile, qui durait environ 15 minutes, lui prit autant de temps que nécessaire pour faire le tour du parc de Sceaux, sa promenade favorite, soit à peu près une heure. Le phénomène était rare, mais pas exceptionnel. Il fallait attendre que le temps reprenne son cours habituel. L’avantage dans ces situations est que l’on vieillissait évidemment beaucoup moins vite.