lundi 1 mars 2010

109 : dimanche 28 février 2010

"Je vous écris d'un pays lointain" (5) Aujourd’hui, dire un peu plus de là où ma vie pour l’essentiel, mon pavillon. Impossible sinon pour vous d’imaginer, car jamais de silhouette sans plan arrière. Je sais fixement: longtemps j’ai été femme-dessin, même si plus guère maintenant (je vous donnerai raisons ultérieures). Chez moi, deux pièces surtout : « l’espace-du-jour » et « l’espace-de-nuit », on les appelle. Ainsi chaque maison, ici. « L’espace-de-nuit » ma préférée, peut-être. Là pas de fenêtre. Un conduit seulement où les bruits dehors. Et puis l’air. Grand manque que de pouvoir s’allonger et les yeux sur la voûte. Mais grande sagesse aussi. Car si difficile clore des yeux quand eux fixés aux étoiles. Là, pas de lampe non plus. Et pas de livres. Grande pièce où seulement lit et piano mis à disposition. Cela suffit. Rêver dedans, et jouer musique de la mémoire. Et là que faire résonner les pas dedans les salles d’intérieur. Là qu’apprendre dire oui aux vacillements (l’obscur y aide). Difficile, mais si grande douceur alors quand s’élève accord de ventre à lèvres. Bien à vous, …

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L'amour de septembre est insoupçonnable. Il demande les chroniques en noir d'une saison blanche. Aucune bête, aucun massacre, aucun cannibale ne sera un objet d'histoire aussi féroce dans le village, où pourtant il avait pris à des hommes de faire une Métropolis de leur Inishowen du bout du monde battu par les vents, puis alors d'y faire des jours de guerre, qui demanderaient ce matin sécession. Plus tard, on en rédigerait les mémoires, pas ceux de l'amour trop sensible, mais du village devenu monde et de la guerre qui s'y déroula, écrits par un traducteur pour que par une langue neuve et bâtarde nous connaissions la sagesse des violents, les braves gens en tumulte, le sang qui court les rues, les nations qui seules l'emportent et les peuples écrasés, la sagesse qui vient de plus loin, de trop loin pour arriver. Nous connaîtrons alors le temps qu'ils vécurent le long du fleuve, une histoire de leur violence, le tunnel où ils s'égarèrent et où nous les perdîmes.