mardi 30 mars 2010

138 : lundi 29 mars 2010

Notre gardien était chaudement et presque élégamment vêtu, d'un bleu ciel comme la candeur. Nous étions brunis, basanés, sombres, dans nos pyjamas de raide toile noire. Notre gardien était souriant, sauf quand un énorme rire soulevait, secouait sa ceinture. Nous nous serrions les uns contre les autres, défaisant les rangées ordonnées qu'il exigeait de nous, malgré ses injures joviales. Notre gardien était si large d'épaules que sa corpulence en devenait harmonieuse ; il tendait au carré parfait. Nous étions maigres et déjetés, au delà de la laideur. Notre gardien nous vantait le travail et nous l'ordonnait. Nous, pauvres de nous, nous ne pouvions le faire, et pourtant le tentions désespérément. Nous savions, de longue expérience éternellement répétée, que notre gardien ferait un pas en arrière, avec une grimace désolée devant notre ingratitude et notre mauvaise volonté, et que, derrière lui, attendaient les hommes en kaki sombre et les chiens roux, d'un roux violent, aux yeux rouges.

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Les vents battent là-bas, chargés d'eau froids ils battent, et portent le sable, les branches, les cailloux et les arbustes qu'ils arrachent au sol. Peu de gens y vivent, un paysage si morne et un climat si dur n'incitent guère qu'à en partir si l'on y paraît, à ne surtout pas y venir. On pourrait trouver agrément à la compagnie de cette contrée s'il on était pourvu d'un sens esthétique spatial extrêmement cérébral, qui pourrait jouir d'une aussi grande ressemblance terrestre à l'étendue et à la planéité tels qu'ils sont en concepts. C'est l'un des rares lieux au monde où la distance n'est pas relative, on y est distant quoi qu'il arrive, quelles que soient les proximités.