Je conservais notés les codes permettant d'entrer dans les immeubles où l'occasion m'avait été donnée de me rendre, pour plus tard, au cas où. Au cas où les choses tourneraient mal et qu'alors, c'est dans cette ville que je reviendrais, une ville trop grande et trop hostile pour une personne seule et sans espoir, une ville où entériner sa catastrophe et où mourir s'il n'y avait plus eu que ça à faire. Pour qu'on puisse dire que c'est là qu'il était mort sans qu'on sache très bien de quoi avaient bien pu être faits les derniers temps de sa vie. Conserver les codes d'entrée pour tenir, un peu, pour que la fin dure davantage, trouver de petits abris pour prolonger quelque peu, pour étendre autant qu'on pourrait la surface des lieux accessibles à soi sur la Terre. J'y pense de nouveau parfois, rentrant chez moi le soir, en songeant à ces quelques mètres carrés qui sont le lieu où j'habite, comme un refuge permis tout de même, et une ultime frontière pour se protéger de la fin qui menace.