Le voilà dans une des zones industrielles de Maisons-Alfort, le Stup', à reluquer les entrepôts des bords de Marne pour repérer lequel pourrait bien être celui où ses Serbes font leurs sales affaires. Il en repère un, il en repère deux, il en repère trois. Trois bâtiments béton et tôle ondulée la dégaine pas nette, on commencera par là aussitôt qu'on se sera enfilé un petit jus bien noir au rade du carrefour de la Nationale, histoire de faire couler les marrons glacés. Le troquet s'appelle Le Reinitas, clairement un truc à routiers et à poivrots, et peut-être bien qui sait un truc à Serbes. Le Stup' y entre, à peine le temps de se caler sur un tabouret au comptoir qu'il tombe sur un foutu hasard de la vie, à se demander si le monde entier ne passe pas par une zone industrielle de Maisons-Alfort un matin que le Stup' y farfouille. Le Stup' ne le croit pas, le Stup' qu'a pourtant pas la surprise facile il se dit que c'est pas possible, alors qu'il a bel et bien le mec sous les yeux attablé, près de la vitrine du Reinitas, le mec qui le regarde et qui le reconnaît, aucun doute le mec c'est bien lui, un sacré foutu de fantôme qui remonte du passé du Stup', de l'époque où toutes ses activités n'étaient pas claires, au Stup', plutôt louches et pas à raconter les soirs de veillées familiales au coin du feu. Jean-Patrick Charbit-Bled, putain de merde, Charbit-Bled, le double maudit du Stup' avant que le Stup' se range des familles et se tienne à carreau. Des années qu'ils se sont pas vus et Charbit-Bled est là à zoner au Reinitas à Maisons-Alfort, l'enfant de salope, les traits tirés d'un mec qu'à pas dormi, d'un mec qui dort pas assez, d'un mec qui s'est pas rangé des familles. Charbit-Bled, le Stup', le Stup', Charbit-Bled, il va falloir qu'on se parle.