vendredi 4 juin 2010

204 : jeudi 3 juin 2010

Marche pressée par la soif et le soleil dur sur la nuque. L'ombre qui précède en légère oblique vers sa gauche. Les pensées s'agitent et le regard fixe l'ombre pour moins penser. La marche pressée par la soif se ralentit sous la fatigue sous le soleil dur sur la nuque. Les pensées fixent l'ombre invariable sous le soleil immobile, les pensées se vident et se trouent de panique. Vide troué fixe l'ombre. Légère oblique vers sa gauche, l'ombre invariable se retourne sous le soleil dur et immobile. Tout autour d'elle regarde, l'ombre est seule, en légère oblique sur la gauche de rien ni de personne, sans plus de nuque ni de soif, plus de pensée ni de fatigue, invariable sous l'immobile soleil dur.

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Appartement à vendre. En l’état. 6 pièces haussmanien, grand séjour avec sofa de velours vert fatigué, tapis élimé, et deux grands miroirs un peu piqués qui se font face et qui donnent se renvoyant l’un à l’autre, une démonstration d’éternité. Deux chambres, avec moulures au plafond, hautes et vides, dont les portes-fenêtres aux crémones grippées surplombent les voies de chemin de fer en contrebas. Mais aussi une petite chambre sombre, qui tire sa pénombre d’une cour intérieure étroite, poste d’observation de la vie des immeubles alentours. Une cuisine à l’évier de porcelaine branlant et aux robinets cathareux. Salle de bain menacée par un immense ballon d’eau chaude suspendu au plafond. Monsieur a vécu ici 30 ans avec sa dame de compagnie, qui était devenue sa compagne. Ils ont vieilli au même rythme que leur appartement, dont nuls travaux ne sont venus entraver la décrépitude. Puis il est mort. Les héritiers ont mis la compagne sur le trottoir. Ils ont décidé de vendre. Appeler après 20h00. Affaire à saisir, grand potentiel.