mardi 20 avril 2010

159 : lundi 19 avril 2010

Je souhaitais pour cette prose qu'elle fût une complainte superbe, un chant déchirant de la douleur qui me traversait et qui m'excédait, qui était à coup sûr non pas ma douleur personnelle mais celle du monde à travers moi, dont j'aurais été l'aigu poète pathétique. Ce que j'écrivis fut quelque peu différent de cette ambition, les plaintes étaient là, écrites certes et tout à fait plaintives indiscutablement, mais peut-être parce que je m'étais un peu trop attardé sur le volume sonore avec lequel mon voisin du dessous a pour habitude de diffuser de la musique, peut-être aussi parce que j'avais un peu trop insisté sur la contrariété provoquée par le fait de ne pas avoir eu à midi d'autre choix de yaourt que l'arôme cerise, la construction de l'œuvre fut légèrement déséquilibrée et inappropriée, et l'objectif manqué. Tout de même, ça aura été une bonne occasion de se plaindre.

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Le Type au fond du couloir (6/6) Un matin d'avril, le réveil de l'historien n'a pas sonné. La veille, à sa propre demande, il s'était fait interner au centre de soins psychiatriques de Besançon, sa ville natale. Quelques semaines plus tard, le plasticien de la 312 nous apprenait que les visites demeuraient limitées au cercle familial et que, dans l'état actuel des choses, le corps médical s'opposait catégoriquement à lui rendre son matériel à dessin.