Et hors des regards, il y a les usines à faire exister le monde, qui travaillent à produire le réel et qui, s'appuyant sur ce qu'elles ont fabriqué et suivant leur propre mouvement, arrachent à l'inertie et à l'entropie le maintien de son existence. Si l'une des usines défaille, la portion de monde qu'elle fabrique disparaît parfaitement, sa présence et toutes les traces de son existence, toutes jusqu'aux souvenirs. Si ce morceau du monde n'existe pas c'est qu'il n'a jamais existé. Les usines construisent aussi le passé et l'imaginaire du monde qu'elles portent, le monde n'a pas d'histoire en dehors de leur travail et de leur ouvrage, toute l'histoire et les possibilités du monde sont dans leurs mouvements que nous ne voyons pas, leurs pulsations, leurs battements et leur affairement. On ne sait pas où sont les usines. On ne sait qui les a construites et pour quoi. On ne comprend pas comment les lieux qui les accueillent ont pu leur préexister.