mardi 6 avril 2010

145 : lundi 5 avril 2010

Août s'achevait dans des journées de pluie sur le lac. On avait rentré dans la galerie où les enfants jouaient, tout au bout, contre la porte fenêtre en angle, sur le potager, quatre des chaises et la table de fonte de la terrasse, pour les dessins, les parties de Mille bornes ou de Cluedo, et les plus grands s'étaient réservé ce coin, installant même un énorme philodendron comme une frontière. Alice et Jeanne commentaient le dernier numéro de Elle qui annonçait les tendances de la rentrée, et comptaient les jours qui s'étendaient encore entre le vide de ces deux mois de cousinage, de marches derrière le grand-père dans les alpages, de rares descentes à Amphion pour vérifier que l'ennui y était plus concentré encore, comme leur groupe, et la trop brève fin de vacances, quand elles seraient rentrées, enfin, les longues journées de septembre, les soirées au bas de l'immeuble avec les autres, dans le ressac de la mer, le frissonnement des pins, quand la chaleur du jour ressort de la peau, les phrases échangées avec une cigarette, en attendant que les garçons repartent en pension. Et de temps en temps une révolte fusait dans le groupe des petits, et entraînés par Arnaud, ils fonçaient à l'assaut de leur rêverie dans un tumulte de bras, de récriminations, et puis de pleurs de Julie qui invariablement recevait un coup qui ne lui était pas destiné. Généralement il était alors l'heure d'aller en troupe à la cuisine pour le goûter.

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Ensuite, découvrir au fond du sol les racines du pied, et là les mots qui disent les phrases permanentes, celles qui divulguent la spontanéité pure en sein d'une forme grammaticale, au sein d'une expression humaine une fulgurance de raison divine, par delà son sens l'éclair dans le mouvement de sa métaphore, dans son rythme l'expression de l'imagination engagée et intimement concernée par la substance de la terre et du ciel, le jaillissement de la nature communes aux personnes, aux icônes et à la beauté irréductible elle-même, la puissance réunies des prophéties passées et futures, perdues et incompréhensibles, comprises et libres.