Ce serait deux tout petits nuages blancs, comme un signe de ponctuation, très brillant, presque éblouissant, posé sur une nappe en fuite de traces blanches, si fines que transpercées par le bleu dur du ciel en travers duquel elle était jetée, deux petits points ponctuant la présence, un peu plus haut d'un nuage tourbillon dont ils semblaient avoir été éjectés. Ce serait rester un moment, interrogatif, ou intrigué plutôt, devant ce dynamisme qui nous survolerait, tenter de le suivre, s'impatienter de constater la lenteur de cet élan.
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Tamel était demeuré replié sur lui-même depuis trop longtemps. Ses membres protestèrent lorsqu’il voulut les remettre à l’effort. Il parvint cependant, après plusieurs tentatives infructueuses ponctuées de chutes qui lui laissèrent quelques écorchures incrustées de poussières, à se mettre en marche. Il avait choisi un chemin de terre dépourvu de caillou, légèrement en pente descendante pour soulager ses muscles récalcitrants. Ce chemin le conduisit jusqu’à un petit à ruisseau, au bord d’une prairie, si calme qu’il semblait presque immobile. Tamel se pencha sur l’eau. Il eut alors le sentiment d’avoir créé des profondeurs de l’onde un être vivant, de lui avoir insufflé la vie et, lorsque lui-même se leva, pour poursuivre sa route, d’avoir accordé à cette créature, pour laquelle il sentait en lui un fort élan de sympathie, la liberté d’agir à sa guise.
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Il retient de son baiser un goût de sucre sur sa langue, une odeur d'amande grillée, et cette chaleur qui monte en lui presque pour la première fois. Des années plus tard les premières chaleurs de l'été, encore, le transporteront ce soir-là, vers cette lumière dorée d'une première fois.