mercredi 19 octobre 2011

692 : mardi 18 octobre 2011

Questionnement La relation à l’autre est délicate. Si l’on essaie d’être honnête, de livrer avec exactitude ses pensées, sans toutefois oublier celui ou celle qui est en face de soi, il est souvent fort difficile de ne pas froisser ou blesser. Si l’on exclut le bavardage, il semble que le langage qui véhicule ses idées soit fort mal perçu. De fait, l’autre le reçoit et le décortique « à sa sauce » et de là, naît l’incompréhension. Si l’on parle avec son cœur, sans toutefois offenser son interlocuteur, on s’aperçoit qu’on touche au plus fragile de l’être, on danse sur une corde qui peut se rompre à tout moment… Si l’on parle avec raison, on fait figure de moralisateur, de redresseur de torts, de donneur de leçons, le message émis ne passe pas. Le plus souvent, on allie les deux, le choix des mots est important à condition qu’ils aient pour l’un et l’autre le même sens, ce qui n’est pas toujours le cas… Le silence, une qualité d’écoute, ne valent-ils pas mieux ? ... Dans notre monde de soi-disant communication, je suis frappée de constater l’extrême difficulté à se faire comprendre. Le fait de s’exprimer, sur quelque sujet que ce soit, est naturel. Malgré tout, j’en viens de plus en plus à ne proférer, et ce, par petites touches, que quelques mots réfléchis et choisis. Dans notre société d’hommes toujours pressés, je suis confrontée à mon handicap. Les conversations ordinaires m’ennuient profondément. Je me sens totalement inadaptée à ce mode de brassage, de balayage de la pensée : presque comme une étrangère, ne possédant pas la langue d’un pays qui est pourtant le mien, m’obligeant à revoir constamment le sens des mots, la façon de les prononcer, la manière de les employer afin d’être entendue. Je m’interroge : l’individu persistera-t-il à se laisser polluer, malmener, diriger, engloutir par un système débordant de médiocrité ? Nous sommes tous envahis, assommés en permanence de bruits, de slogans, d’images, d’interdictions, de contraintes, toutes sortes d’agressions qui étouffent ou perturbent grandement notre faculté de penser. Les débats accessibles à tous par les voix des medias en sont le triste reflet. Ce désir du « toujours plus » n’offre au bout du compte que le vide et le désespoir. L’être humain est devenu de plus en plus fragile, vulnérable, irritable, exaspéré ou exténué, il n’a que très rarement la possibilité ou la force de s’insurger. Le pire étant le désintérêt et la résignation. Le langage actuel des jeunes s’en fait l’écho: brut, sommaire, tronqué, direct, sans nuance. En quelque sorte un code. Comment faire pour que les relations entre individus ne soient pas seulement des moments de défoulement pendant lesquels on vomit le trop-plein imposé et le vide qui en découle ?

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N'était pas doux rêve, mais presque cauchemar. Étais emportée par un vent parfumé au cœur de flammes, effleurée d'orange, de rouge brillant, de jaune méchant. Voyais passer pans de murs, poteaux de bois, et ça n'en finissait pas, ça n'en finissait pas. Pourtant ce m'était joie, un peu craintive, mais joie, et ce qui aurait été ma chair se rétractait un peu et puis se jetait vers l'incandescence, jouait avec les formes mouvantes du feu, et je riais, oui je riais.

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Ce jour là, l’enfant en oublia le boire, le manger et le dormir. Mais rien ne lui manqua. Pendant ses heures d’immobilité il fut alors rocaille, hêtraie, prairies, nuages et raies de lumières, puis présence noire piquetée de lueurs traversées des cris nocturnes d’animaux libérés d’une partie de leurs peurs – celle qui leur venait de l’homme. Ce jour là, Tamel se nourrit de l’air de la montagne, du peu de rosée qui se déposa en fin de journée sur ses lèvres et surtout de la présence pleine et rayonnante de tous ceux qui, sans chercher à comprendre la cause de cette intrusion, cachés dans les fourrés, derrière un rocher, en leur terrier ou par les feuilles d’un branchage bas, épièrent, tant qu’il y eut des ombres, d’étranges créatures venues du ciel avec leurs maisons.