À la porte de mon rêve j'ai trouvé un être sortant de la brume où m'enfonçais, un corps brun, élancé et musclé, une petite tête aux cheveux souples, le mot splendeur, la certitude que l'avais rencontré, plusieurs fois, au fil de mon passé. Mais il était campé sur des bottes souples et tailladées, torse moulé sous un plastron de cuir, des lanières dansant sur ses cuisses et un grand bras levant, prête à s'abattre, une gigantesque épée. M'a bloquée sur ma rive, âme tremblante, le mot archange traversant comme un éclair cruel le je qui était là. Ai reculé, pendant qu'il se dessinait avec autorité, sortait du flou, illuminé mystérieusement de l'intérieur. Reculais, m'éloignais, voyais une galerie émerger, l'enclore, s'étendre, et des masses autres, des surfaces colorées, se succéder au long des murs de marbre qui arrivaient. L'éclair était passé, la lumière s'étendait, me suis approchée, l'ai touché ; cela ressemblait à du bois, du bois ciré dont les veines polies s'enroulaient sur ses jambes, traversaient son visage presque enfantin. Suis passée à côté de lui, le mur de la galerie s'est évanoui. Je les ai oubliés, j'avançais vers le rêve.
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Lichen, peut-être : les néons courbés ont réussi à s'encrasser de l’intérieur. Ça n'était pas prévu. Moins de blanc que de tâches désormais, si l'on regarde ce verre modelé en long tube, tordu au nom du propriétaire. L'enseigne de Trébuchet ne s'éclaire plus, on ne lui laisse pas la chance d'un effet peau de léopard. Pourtant la vitrine évolue, chez Trébuchet. Trébuchet-neveu y veille, quand son oncle va jouer, qui aime que rien ne bouge. Trébuchet-neveu cours alors et remplace la devanture par l'arrière boutique, et inversement. Étalage dépoussiéré. Moquette rouge, piédestaux. Petits spots. Une balance à colonne, plateaux corail, coquilles d'huître reliées d'un fil d'or. Un Victor Hu (la couverture est déchirée), qui parle de sa mère. Une maquette de catapulte. Une cage à oiseaux. L'aménagement du jour. On rira peut-être demain sur son passage. Trébuchet reste ouvert. On y entre plus guère avec des intentions.
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À celui qui dénigre mes écrits sans les avoir jamais lus, je réponds que ce travail – car c’en est un – ne fait de mal à personne. J’y prends du plaisir, je livre mon cœur et mes pensées, en toute intégrité. J’écris avec bonheur, je lis beaucoup, je cherche, je découvre, je m’émerveille de ce que l’on peut faire avec les mots. Écrire est un acte solitaire, un moment hors du temps, une bataille aussi que l’on livre à soi-même. Cela ne se commande pas. Cet acte que j’accomplis sans aucune prétention m’oblige à la réflexion. Il ne s’effectue pas sans peine. Il nécessite des choix, du temps, de l’observation, de la rigueur, de l’amour et une grande exigence. Mais il m’apporte beaucoup par l’exercice solitaire qu’il m’impose. Je m’interroge, je me livre un peu, j’essaie d’être honnête dans mes propos. La parole n’est pas mon fort alors j’ai tenté l’écrit.- A vrai dire, pour moi, c’est une deuxième peau, la première n’étant que costume.- Pour cesser de me taire, d’une part, pour dire et partager peut-être quelques pensées, quelques rêves, quelques révoltes aussi. Et, que je sache, il n’est heureusement pas encore interdit de penser ! Je ne demande rien d’autre qu’un crayon et quelques feuilles de papier. Depuis quelque temps, il est vrai, j’ose saisir la chance qui m’a été donnée de publier quelques textes et je remercie sincèrement celui qui m’a permis cette ouverture. Cela me réjouit d’autant plus que je passe aussi de délicieux moments à découvrir d’autres férus d’écriture. Je n’abandonnerai pas, n’en déplaise à certains, il y va de ma vie.