vendredi 14 octobre 2011

687 : jeudi 13 octobre 2011

Alors que nous gloussons, légèrement honteux, de nos orgueils secrets, les Patrichiens, eux, n’y vont pas par quatre chemins. Ils signent leurs enfants à la pointe du couteau. Sur le front pour les garçons, sous la pliure médiane du cou pour les filles. Voilà un pays où chacun sait d’où il vient. Autrefois, dans les bonnes familles, les aînés les plus racés étaient même coulés dans le bronze au lendemain de leur première communion et placés ainsi fondus bien en vue au salon. Cette pratique sublime et cruelle, qui n’a plus cours aujourd’hui, présentait l’inconvénient d’interrompre la meilleure part de la lignée en voulant la flatter. Elle permettait toutefois aux plus nobles vieillards – c’est les nostalgiques qui le disent – d’emporter avec eux l’image inoxydable de ce que cette descendance aurait pu avoir d’inégalé.

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Alors qu’il redessinait ainsi depuis plusieurs heures les profondeurs lointaines qui protégeaient le groupe de maisons, Tamel ressentit, plus qu’il ne l’entendit, un bruit violent qui se mit en une fraction de seconde à emplir tout le ciel. Le fracas était si assourdissant qu’il ne permettait pas de découvrir la direction de ce qui en était la source. Après quelques secondes, l’enfant vit une ligne blanche partager peu à peu la calotte bleue au-dessus de sa tête. Ouvrant cette déchirure, un petit point étincelant dans le soleil et qui ressemblait à un petit insecte obstiné et sans nuance. Une demi-minute plus tard, l’insecte avait laissé derrière lui une trace géométrique, elle aussi sans nuance. Dans un premier temps, car peu à peu, cette ligne précise, droite, tremblait, s’étalait en certains endroits, s’effilochait en d’autres pour finir par se dissoudre tout à fait.