samedi 25 février 2012

815 : vendredi 24 février 2012

Jamais Léon ne devint ego responsable.


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Note du journal. Je m’appelle jeanlouis. jeanlouisBASTARD, et je suis né un 21 juin. On ne sait pas quelle année, mais c’est évident que je n’ai pas vingt ans. Un pied me fait défaut. Le dos me sépare. J’ai été berger, et plus encore qu’au-delà des âges réglementaires. J’ai une cuisinière à bois, comme si vous ne le croyiez pas. J’ai l’eau courante depuis 1999, et pour le reste je me contente de peu. J’ai trois arrhes de noyers, deux hectares de lavandes et cent têtes qui s’éteignent l’une après l’autre, à la manière d’une hydre combattue. Je n’ai pas connu grand via de ce monde, et le plus souvent j’ai été concentré en moi-même. Aujourd’hui que vient l’heure tant attendue, avec toutes sortes de sentiments variés au fil des âges, je n’ai pas grand chose à ajouter de plus. J’ai aimé deux femmes. J’ai passionnément aimé deux femmes. J’ai un ami très cher. J’ai embrassé chaque jour le jour, et chaque nuit j’ai épousé la nuit. J’ai rempli mes yeux de lumière et mes poches de terre. J’ai hanté ces landes ces éboulis, et je peux dire aussi que je les ai aimés, respectés avec toute la force de mon pouls. A présent je m’en retourne à la terre, je reviens vers toi, Chamouse. Je ne t’ai pas quittée pour une autre, je suis resté fidèle, ma Vieille, je suis resté tel quel, je suis resté le même. Je veux juste déposer mon nom, comme d’autres leur glaive ou leur couronne. Je suis déchu. Je me déchoie, seul. Je m’en retourne au pays, plus fada que jamais, ton ours, ton sauvage. Qui parle de couteau ? La chute, tout simplement la chute. Plus qu’une envie se dissoudre dans le paysage. Plus que le droit de me dissoudre comme personnage. Pour ce que j’en dis.


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Un coup sec s'abat sur sa nuque, elle chancelle, amorce un mouvement en direction de son pistolet, elle sent l'acidité de sa sueur. Rouge, un rideau qui passe devant ses yeux. Sûr, cet abruti va tirer, des forces obscures ont pris le contrôle de ce pantin, il va tirer - quel bruit va faire son crâne à l'instant où la balle va pénétrer, L'OS DU CRANE, va-t-il exploser directement ou se fendre en craquelant pendant que la cervelle en bouillie se réduira en petits bouts LE CRAQUEMENT DE L'OS résonne-t-il longtemps, les neurones se déchirer comme une toile d'araignée par une matinée froide escargot écrabouillé CORTEX EN BOUILLIE Moite la matière grise se liquéfie MAL est-ce que ça va être douloureux, un peu, beaucoup, la zone de la sensibilité sera touchée la première et aucun ressenti pour le moment, ce n'est pas normal DOULEUR se propager à vitesse de l’éclair jusqu’à extrémités de son corps EFFACEMENT chaos CRI dans sa bouche, un peu de chance ce serait de ne rien NE RIEN RESSENTIR la pression du canon s'accentue au dessus de la tempe gauche BOUGER ENCORE quelques secondes après le tir comme un canard sans tête continue d'avancer, son corps bougera-t-il encore après l'explosion de sa conscience RALENTIR RESPIRATION mais pourquoi il ne tire pas maintenant NUÉE NOIRE qui monte du sol et envahit tout, elle ne voit plus rien... Ses mains ont disparu dans la purée de pois, mieux vaut-il fermer les yeux pour mourir. Ou les garder grands ouverts ? Si ça se trouve LA MORT un couloir de LUMIÈRES... donc il vaut peut être mieux les fermer... elle ferme les paupières puis les écarquille sans pouvoir se décider... les ouvre mais ne voit plus rien, peut-être est-elle déjà passée de l'autre côté ? PAF !