samedi 18 juin 2011

581 : vendredi 17 juin 2011

Après avoir actionné la jalousie de la fenêtre qui retenait la lumière, les trois enfants De sortent de leurs lits douillets et renouent avec le jour. Avec entrain quand les temps sont comme les œufs, durs. La journée s'annonce déjà aussi pleine qu'une coquille. Les enfants De prennent aujourd'hui leur courage de demain et sortent du nid. Ils entendent siffler le train qui est déjà dans l'étang à quelques minutes près. Trois tickets pour Bali via Bâle, le moral n'est pas en berne. Et bille en tête, ils ont envie d'écrire. Au Bic ils allongent des lignes de mirlitons : A bas le basilic. Abba, la basilique pop. Ubu, le busuluque pup. Et autres blablabla… Par la fenêtre, c'est mieux que ballot pour ces pas vieux: le Jura traversé par les wagons, les cumulus qui s'assombrissent, puis la foudre qui poudroie et leurs vers qui vont vers quoi. La tension est égale à la résistance multipliée par l'ampérage (voir par l'intensité), de quoi retourner à l'époque des chevaux dessinés dans des grottes. Balisant dans le blizzard, chassant le galop qui revient naturellement, ils n'oublient pas d'éteindre la rivière quand s'allument les étoiles filantes. La vie, c’est d'la balle pour les enfants De. A quoi ils joulent, j'te raconte pas. Au bout de la ligne et du jour, c'est le dernier qui a le mot.


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C'était préférer ne pas.


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Je voudrais rêver que j'avance dans une forêt, un peu étrange, qui mêlerait les essences, des hêtres pour la colonnade, le recueillement, la cathédrale, mais aussi, par endroits, des conifères de toutes tailles entrelardés d'épineux, qui feraient mine de me retenir, me griffer, pour le piment d'un risque de cauchemar, mais qui s'effaceraient souplement à mon contact, sans que je sache si ce n'est pas moi qui ne suis plus qu'errance vaporeuse.


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Au lever du jour aller marcher alentours vers le bois. Il y avait au dehors, sur la terre et sur toute la végétation, ce givre, ces craquelures qui recouvraient aussi mon esprit. Ces brumes qui rendent l'air opaque, et nacrée, la lumière en transparence. Atmosphères et impressions fugaces qui se renforcent avec l'air froid. Tout semblait comme se vivifier. C'est pourtant une période de l'année où tout s'engourdit, tout ralentit. Et tout ce qu'on entendait d'ailleurs ici c'est le bruit lointain des trains de marchandises qui passent là bas sur le pont ferroviaire - parfois aussi la nuit jusqu'à l'aurore...


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La nuit s'est installée avant qu'elle ne se rende compte de l'épuisement du jour.