jeudi 9 juin 2011

572 : mercredi 8 juin 2011

Notes préparatoires : dépasser la crise du personnage, créer le personnage de la crise.


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C’était le pot de départ d’un collègue, noix de cajou, tucs, chips, cidre, coca, chamallows, trinquer plastique, souvenirs vite passés, pochette cadeau, visages vus rarement, d’autres jamais, l’embarras de parler aux autres embarrassés avant celui de partir du pot, heure du déjeuner déjà bien entamée.


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Le rouge était-il devenu vert, ou inversement ? Encore un coup fourré de l’oxyde de fer, je parie. Si seulement j’arrivais à me plier en huit, voire seize, voire davantage si affinités, je pourrais peut-être me contenir dans mon propre estomac, ce serait très pratique pour voyager et me fournirait gratis de quoi ruminer, de surcroît. Mais rien à faire, je reste irrémédiablement grandeur nature, et le diable même n’y peut pas grand chose.


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Il hésite à avancer, réfléchit ses pas et s'effraie de ses désirs. Son histoire est inquiète et en demi-teintes, comme son quotidien, il rêve de gloire et de marbrures dorées mais ne vit qu'en demi teinte de gestes à peine consentit. A la fin du chemin, il aura peu de remords et beaucoup de regrets.


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Il n’est jamais seul. Il ne connaît pas le plaisir de la solitude. Lui est peuplé, voire hanté de milliers de personnages qui vivent, mangent, dorment, parlent, crient, se déplacent sans jamais le laisser tranquille. Au début, ça l’amusait. Il ne s’ennuyait jamais. Maintenant, il se sent mal. A sa dernière exposition, il n’a présenté qu’un tableau… gigantesque ! Un homme debout au milieu d’une rue qui vomit un torrent d’êtres humains. Il a passé huit mois à le peindre, enfermé dans son hangar. C’était nécessaire, il pensait pouvoir ainsi se libérer. Aujourd’hui, il réalise qu’il n’en est rien ! Il est malheureux, épuisé, excédé de constater qu’ils sont toujours là, dans sa tête devenue trop lourde. Lorsqu’il sort, il marche en rasant les murs, la tête baissée car il sait que le moindre regard croisé se glisse immédiatement en lui et qu’il ne peut plus s’en séparer. Désemparé, il ne sait plus quoi faire. Il sait qu’il est malade mais il ne peut en parler à personne. Il rêve d’un espace à lui, blanc, sans traces, un lieu de silence où il pourrait se reposer. Il a tout essayé : la mer dans laquelle il s’est laissé emporter pour tenter de les noyer, tous ! Le sable où il s’est enterré, pensant les étouffer ! Le froid intense, le désert, les forêts, les montagnes, les villes, les souterrains, les incendies… Il a bu des nuits entières, il s’est cogné la tête contre les murs, il a jeûné, pris des somnifères. Ils ne le lâchent pas ! Jamais ! A présent, il est fatigué. Il veut juste pouvoir dormir, seul ! Il s’allonge à même le sol, et méthodiquement les fait sortir, un à un, les prend par la main, les applique au plafond, les recouvre de plâtre. Cela lui prend beaucoup de temps, il ne sait plus au juste combien d’heures ont passé. Une fois le dernier sorti, exténué, il ferme les yeux et s’endort au pays du blanc.