mercredi 8 juin 2011

571 : mardi 7 juin 2011

Peu de chances qu’Emma se marre avec Léon ou même un autre.

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C’était ouvrir la fenêtre pour entendre la pluie battre les feuilles des tilleuls et des platanes du parc, vouloir soi-même provoquer ce bruit de papier feuilleté, s’imaginer pluie apaisant tous nos feux intérieurs.

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C'était un drôle de repas. En entrant dans la salle, ouverte sur un jardin calme et régulier, d'où s'étaient échappées de grosses fleurs, somptueuses et presque monstrueuses, qui se pressaient ou gisaient devant la cheminée, les convives se sont regardés. Sur la nappe d'une rusticité raffinée, en gros coton d'un ocre presque roux, les assiettes étaient déposées régulièrement, classiquement, autour d'un simple bouquet de tulipes épanouies. Mais des objets hétéroclites, un peu baroques, envahissaient la pièce, disposés avec une fantaisie telle qu'ils semblaient avoir volé au hasard, et sur l'un des fauteuils, devant la table, trônait un ange à l'air absent. Ils ont regardé leur hôtesse. Elle leur a sourit doucement, petite illumination de son visage sage.

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Marc et elle sont ensemble depuis tellement longtemps, parfois, elle ne sait plus où commence son odeur et où se termine la sienne.

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Cela fait longtemps qu’elle n’avait plus posé ses doigts sur son piano. Elle essaie de s’y remettre depuis peu et réalise les heures de travail perdues. Le temps a fait son œuvre et s’est glissé dans chacun de ses doigts qui n’obéissent guère et frappent les touches de manière fantaisiste. Pourtant, elle n’abandonne pas, la musique est dans sa tête, les notes courent plus vite que ses mains. Elle aimerait un moment de grâce qui lui permette au moins une fois de jouer vraiment. Cela va venir, avec de la patience, du courage, de l’obstination. N’est-ce pas ainsi qu’elle a dirigé toute sa vie ? Son fils musicien l’aide et l’encourage. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elle ne parvient pas à retrouver confiance. Elle se souvient seulement du couvercle du clavier qu’on a rabattu violemment sur ses mains : c’est si loin et pourtant si présent ! Incapable… C’était le verdict. Dommage ! Elle ne l’a jamais accepté. Elle voulait seulement prendre du plaisir à jouer, seule, sans ennuyer personne. Juste pour elle-même, quelques heures volées, en cachette. Aujourd’hui, c’est possible, mais ce sera beaucoup plus difficile. Elle doit d’abord discipliner ses doigts, beaucoup travailler, s’amuser aussi, s’essayer à suivre son inspiration du moment. Après tout, cette fois, c’est pour elle, vraiment, en toute liberté, sans honte qu’elle caresse son clavier. Elle sait déjà le bonheur qu’elle ressentira lorsqu’elle parviendra à jouer sa partition. Ce sera sa revanche. Et peut-être la confiance reviendra-t-elle doucement ? Chacun a droit à sa part de rêve : celui-ci s’annonce délicieux !