jeudi 18 novembre 2010

370 : mercredi 17 novembre 2010

Il avait fini par attraper des échardes plein les mains et personne pour les lui enlever - bouge pas, je la sens sous la pointe de l’épingle - cramponné qu’il était à la vie par son bord. Une sale rambarde des plus mal rabotées. Pendu du côté du vide, pas question de lâcher.


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C’était aller à cette journée de conférences et prendre plaisir à être là, loin du bureau, avec un badge au nom de notre société autour du cou, être là pour un petit déjeuner offert et puis s’asseoir dans les fauteuils de cinéma et écouter, noter pour noter tout en faisant sortir par une oreille ce qui était entré par l’autre, attendre patiemment la fin de la conférence, noter les questions du public, sans écouter, avoir le corps au repos et noter pour réfléchir plus tard ; se dire qu’il fallait profiter au mieux de cette journée bruyante, passée sur l’épaisseur molletonnée de sièges bleus.


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Errance d’un temps errance d’une vie errance d’un être qui traverse le monde l’âme vagabonde son corps se faisant lourd sa tête trop pleine de ce qu’il a lâché. Quelques certitudes cependant celle d’être encore en vie celle d’avoir un toit celle de pouvoir encore penser. Absence de désir si ce n’est parfois une légère envie de s’asseoir au pied d’un arbre de sentir son tronc contre son dos de se perdre dans la lumière de s’étonner encore de la fraîcheur de la terre sous ses pieds. Las tant il s’est donné perdu dans ses tourments les yeux ouverts prêt à saisir l’instant tentative d’approche sensation fugitive d’un passé écarté sans regret. Il passe - la patience a fait de lui son double - il guette il attend il s’oublie dans ses gestes lents il rêve… Des images des paysages des visages des couleurs un univers dans lequel il s’émeut il se retrouve il s’apaise un univers façonné travaillé minutieusement une terre d’accueil qu’il peut contempler à son aise. Sans bruit sans vague sans paroles inutiles. Seul. Une âme vagabonde ne refusant ni le temps ni l’espace ignorant l’ombre attachée à ses pas.