jeudi 4 novembre 2010

357 : mercredi 3 novembre 2010

Que craignez-vous en ces fêtes où le lierre s'épanche, à l'heure où les feux tirent au noir, au plus sourd des nœuds, du demi-sommeil rassasié, des faux éveils nourris de mimes et de gloses, embuant le bassin ébréché, l'envol de la guêpe, la chair enchâssée en sa coquille qu'étrangle la perle dès longtemps nommée et caressée, naissant cristal la dépeçant dans une odeur de volutes, de chasses opaques cambrées à tout rompre...


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C’était, endormi par l’habituel rhume d’automne et fatigué d’une nuit d’insomnie télé, toux et vitamine C, de mauvaise humeur passer la journée sans réunion, sans contact sur le sujet délicat du moment, concentré sur l’écran trop brillant sur ses yeux flous, c’était toute la journée être seul, seul dans les transports, seul dans l’openspace, seul à la cantine, seul aux pauses café prises plus ou moins volontairement en décalé de ses collègues dans le brouhaha et cliquettement d'autres touillettes, seul à rentrer le soir chez soi dans la nuit hâtée par le récent changement d’heure.


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Les commerces qui se trouvaient dans le quartier l’indiquaient : ici, il n’y avait que des bureaux, pas de logement. Le long des trottoirs on trouvait des sandwicheries et des brasseries qui proposaient une formule pour le menu du midi, des marchands de journaux, des pharmacies, mais pas de boulangerie, pas d’épicerie de nuit, nulle part pour acheter de quoi cuisiner chez soi. Passées 19 heures, où seuls quelques cadres supérieurs étaient encore au bureau, les rues étaient quasiment désertes, personne n’aurait pu traîner par là, il n’y avait rien à y faire, rien d’agréable. Dans un des immeubles du quartier pourtant, une personne avait trouvé le moyen d’entrer chaque nuit, par une large conduite dont la plaque de protection était partiellement descellée. La personne empruntait la conduite découverte par hasard, atteignait le garage puis empruntait l’escalier de service. À partir d’une heure avancée de la soirée, les locaux étaient fermés et vides de toute personne, pourtant aucune alarme n’en garantissait l’inviolabilité. Il y avait des fauteuils et des canapés dans des salons d’attente, des fontaines d’eau, des corbeilles de fruits, des toilettes et des machines à café. Il aurait été possible de voler des équipements, mais ça aurait été tout un travail pour en tirer profit. Et la personne n’était pas malhonnête, elle ne voulait pas porter de préjudice ni commettre de délit, hormis effectivement prendre ses aises ici, la nuit, ce qui en était un tout de même, certes. Et de là, en regardant la rue, on voyait que derrière les fenêtres des immeubles voisins, dont les rideaux ni les volets n’étaient tirés, les lumières étaient éteintes, sauf de-ci de-là parfois, des oublis en quittant le bureau, des personnes qui, exceptionnellement, travaillaient ce soir extrêmement tard. Une nuit pourtant, dans les fenêtres qui se trouvaient très exactement en face du coin de couloir où elle était, de l’autre côté de la rue, la personne crut voir comme son reflet. Après un mouvement de recul et une brève désorientation, il regarda plus attentivement, et vit une autre personne que lui-même, mais dont l’allure et l’attitude lui semblait parfaitement similaire à la sienne. Il était environ deux heures du matin, et il lui sembla évident que de l’autre côté de la rue, se trouvait une personne qui s’abritait pour la nuit dans les bureaux d’en face. Les deux figures s’adressèrent un salut fraternel de la main.