samedi 10 décembre 2011

743 : vendredi 9 décembre 2011

Le goût du secret est très tôt transmis aux triple X. A côté d’eux, le plus froid des caveaux a des airs de salon littéraire. Ils se déplacent à pas feutrés et lorsqu’ils viennent à se croiser, hochent légèrement la tête d’un air entendu. On ne saurait vraiment dire ce sur quoi ils s’entendent si ce n’est leur inclination naturelle à ne rien laisser paraître de ce qu’ils savent. Mais que savent-ils vraiment, eux qui ont construit leur fierté sur cette atavique détermination à ne jamais rien savoir d’eux-mêmes ni de personne ?


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Léon, fièrement campé devant la cage, regardait son perroquet avec une infinie tendresse, se disant qu’il ne lui manquait plus que la parole.

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[Tout] ce qui passe, tout ce qui s'enfile avec la légèreté de la musique ou de la maladie, tout ce qui s'éloigne ou se retire avec la discrétion d'une nuit ratée ou d'un mot retenu, tout ce qui s'égare à en perdre haleine, tout ce qui passe sous les roues ou s'écrase contre la vitre, je n'ai pas d'autre idée, je n'ai pas d'autre sentiment à ton égard exhumé, c'est une histoire de vieille armoire de noyer, on sent la lavande encore, même si les corniches ont lâché à force d'être déplacée, moi, [ce qui ne tire pas] à hue et à dia je m'en méfie comme de la peste, les choses il faut qu'elles bougent, les gens doivent avancer, poursuivre leur route, il n'y a pas de but, je l'ai toujours dit, on me reprend aujourd'hui, on me le reproche, mais je n'ai guère dévié, je ne suis pas plus fidèle qu'une proie un garenne qui part en zigzag sous les phares ou sous le feu, mais je ne suis pas moins sévère que le chasseur engourdi quand il lance aux trousses à la fois le chien haineux et la balle invincible, mettant l'œil dans le fusil et le fusil tout entier dans [son coup], et qu'ayant anticipé sur le mouvement de l'autre, c'est une chorégraphie qu'ils nous offrent et c'est la plus belle parce qu'elle se perpétue à peine, elle est éphémère et maîtrisée comme la cadence d'une musique, comme une vérité qui ne s'étiole pas et se déroule implacable se déploie dans coup férir jusqu'à son point, jusqu'au crépuscule même, le trajet est ce temps-là, le trajet est simplement ce mouvement-là, ce geste là, qui part d'un point A et jusqu'à un point B sans se perdre en chemin, depuis la naissance jusqu'[à la mort], tout le reste importe peu, les chemin de traverse c'est pour rire, c'est encore la ligne, dans un espace non-euclidien, qui se répète, qui a dit que la danse serait raide, et le garenne et le fusil connaissent bien les aléas du labyrinthe, on ne fait que se rendre, plus ou moins vite, plus ou moins bêtement, plus ou moins courageusement à ce qui ne fait pas sens, ne fait pas pas œuvre, à ce qui n'a pas bouche, ce qui [n'a pas voix], ce qui n'a pas timbre, et qui pourtant résonne, et qui pourtant répond, répond de moi, répond de toi, et mettra un point final, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas pourquoi, c'est comme la cigarette, quand tu l'allumes, tu contribues à sa disparition, et comme tu me lis tu me perds et comme je t'écris je t'éloigne, nous inscrirons le mot FIN sur nos bras, sur nos peaux, nous poserons tranquillement les dernières mots, les derniers souffles à la voix, à la phrase, [au chapitre], au livre, et bien malin qui pourra décrire le mouvement accompli, on est tous rendu au même terme, toute cette terre tient dans une main, tout est une main et celle-ci à tout instant, comme un cœur, peut lâcher, alors tu vois, tes simagrées, tes pirouettes, tes redoublements et tes aventures, le lecteur déjà les oublie et ce n'était pas la peine de faire tant de bruit, on ne fera, non, on ne fera pas grand cas de nous.


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Guide de survie en territoire humain. Le territoire humain est étendu, mais paradoxalement concentré. Comment reconnaître un humain ? L'humain se reconnaît à la fragilité de sa carapace: pas de griffes, pas de crocs. De plus, pour maintenir la température de ses matières internes, il a besoin des besoins et est dépendant de quelques éléments extérieurs: chaleur, feu ou électricité et du liquide translucide. L'humain est bruyant. Au fond de ses yeux trainent toujours des petites particules d'orgueil et de mépris. Ne sachant pas faire de réserves, il est toujours à la recherche de provisions. Ne sachant pas patienter, il est toujours en mouvement. Ne sachant pas progresser furtivement, il s'habille de couleurs vives et/ou se déplace dans des engins biscornus, dynamiques, puants, qui dégagent des fumées la plus part du temps. Optimisation comportementale adaptative pour déserts ou steppes : - règle numéro alpha: quand vous apercevez un humain, forez un trou profond de 12 m et large de 50 cm pour vous laisser glisser au fond en n'oubliant pas de reboucher l'extrémité avec des feuilles ou des pierres plates; règle numéro deux: quand vous sentez un humain, partez en courant dans le sens du vent et dissimulez vous derrière un rocher, un arbre ou une dune; règle numéroméga: quand vous repérez des traces humaines, débris, déchets, vomis, secrétions; prélevez des échantillons dans les micro-éprouvettes, placez les dans la cyber-machanalyse. Elle affiche immédiatement leur nombre, leur coutume, leur sentiments en données psychiques auto-assimilables+++. Les résultats instantanés sont des trois types. A chaque type, sa réponse. A chaque réponse, son mode opératoire. Type A, Famille mono-nucléaire latitude et longitude européenne. Type B, Famille polynucléaire de race asiatique. Type C, Famille exogame à longitude: 30.104233, latitude: 51.389122. .Modes opératoires induits en conséquence: Cas A, Préparer le laser à induction organique. Cas B, Enclencher le décompte de la bombe à injection quadri-phasée. Cas C, faites appel à la base avec le protocole plutonio777@1 et le code afférent personnalisé qui vous a été gravé dans le pli du zgontax.


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Il y eut un temps en lequel l’oxygène se fit plus rare à la surface de la Terre. Nul ne sait pour quelle raison les plantes devinrent plus avares de leurs efforts, mais peu à peu, les villages des montagnes les plus élevées furent invivables. On y respirait à grand peine et ceux qui tentèrent d’y demeurer malgré tout, y moururent d’épuisement. Bientôt, l’ensemble de l’humanité se réfugia en les plaines les plus basses. Les villes devinrent gigantesques et le terrain de luttes sans pitié pour ce qui subsistait de ressources.