mardi 6 décembre 2011

739 : lundi 5 décembre 2011

À force d’aimer les nombres, les Décimés ont fini par passer pour des sages. Mais ils en font en secret un usage tout à fait bordélique et cette réputation imméritée les fait rire sous cape.

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Ce serait se réveiller, un peu après le jour, qui aurait laissé un peu de rose à l'horizon, à la lisière de la nappe de nuages clairs, allongés sur la campagne, lumineux, gris très clair sur blanc assourdi, avec un gros ourlet sombre à la limite du regard, juste au dessus du toit. Ce serait avoir l'impression que les arbres qui bordent la route et les collines s'étaient éloignés, que l'espace s'était creusé, s'étendait, dans une paix en attente, légèrement triste d'oser à peine être espérance.

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Une musique, quelque chose qui ressemblait à une musique, s’élevait du buisson. Parfois on pouvait croire à une flûte, puis le son glissait du vent vers le choc et se mettait à ressembler à la plainte d’un tambour pour finir en déchirure de l’étoffe légère ou rugueuse, de l’os sous une lame ébréchée, de l’arbre sous l’éclair d’un orage estival. Tamel savait que s’il tentait de voir le musicien, pour savoir, il ne pourrait jamais connaître. S’il posait ses yeux sur l’instrument, son regard en altérerait le pouvoir. Ce qu’il voulait c’était entrer dans ce fleuve sonore, s’y baigner, y goûter les souvenirs du flux, les actes passés du cœur, des doigts, de l’âme du musicien.