vendredi 22 octobre 2010

344 : jeudi 21 octobre 2010

Lettre d’amour à une inconnue (7/18) Mes talents d’espionnage n’ont pas été ici malmenés puisque tout paraissait donné d’avance : goûts, habitudes, occupations professionnelles et diverses accointances. Si le package n’est que rarement complet, il y a toujours un avorton de piste à explorer pour recomposer une identité écartelée. Vous faites justement partie de celles qui ne sont pas effrayées à l’idée de montrer plus que la moyenne. J’ai découvert étonnée, que vous participiez à ses exercices de strip-teases burlesques enseignés et remis à la mode par Gentry de Paris. Le songe du double éclate en mille morceaux confus et honteux. Comment ai-je pu penser qu’une telle créature pouvait être mon fac-similé ? Il était trop tôt pour que je puisse mettre la main sur elle, le graal n’a de valeur que si la recherche a été mêlée d’épreuves et de sueur. Vous êtes trop près aussi : l’alter ego à Paris ne présente qu’un faible intérêt, d’autant que vos habitudes burlesques rendent hommage à la belle époque parisienne et aux spectacles du Moulin Rouge. Si les ailes vermillon chatouillent la curiosité des touristes, en termes d’exotisme ma paroisse aurait pu trouver mieux puisque mon appartement n’est qu’à deux pas de ce temple érotico-pittoresque.

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La protection de la beauté par la laideur (20) La seconde décision qui fut prise pour la zone, simultanée à celle de rendre étanche ses frontières, fut l’entérinement d’une assez ancienne proposition, qui avait été l’objet de vifs curiosité et intérêt lors de sa formulation : que les usagers de la zone soient tous des aveugles. La nombre d’habitants du quartier ayant fortement diminué depuis l’apparition du phénomène de destruction de l’espace public par le regard, on put tous les regrouper au nord de la zone, par delà le boulevard de l’Hôtel-Dieu. C’est la partie de la zone située au sud de cet axe qui accueillerait les aveugles, dont on commençait à appeler l’immigration, qui ne manquerait pas de se développer spontanément, grâce aux multiples services et encadrements qui seraient ici mis en place pour faciliter l’existence de celles et ceux qui subissaient le handicap de la cécité. On équipait et on organisait la partie méridionale de la zone à cet effet, et ceci de façon à limiter au maximum les besoins en personnel qu’aurait cette cité des aveugles pour fonctionner de façon optimale. On automatisait le plus possible, on confiait le plus de tâches que l’on pouvait aux aveugles et aux machines. Pour les irréductibles et résiduels besoins en ressources humaines, on recruterait des aveugles.


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Un jour, ou l'autre jour, tout d'un coup là comme ça j'ai mal aux yeux les joues en feu je vois rouge. Courage... Un verre de rouge n'est pas rouge. Un tube de rouge n'est pas (toujours) rouge. Les lèvres, quelles qu'elles soient, seraient plutôt roses que rouges. Un feu rouge, à l'évidence, est rouge de temps en temps c'est un fait, un fait pratique, c'est rythmique. Et pourtant... Un cœur, tout caché, invisible qu'il est, sera toujours rouge.


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C’était hésiter à poser une RTT pour le lendemain, surtout en ce moment, mais se dire que ça ne se faisait pas, qu’il était trop tard, se dire aussi que le reste à faire supporterait cette journée off et puis, après les hésitations, aller trouver son chef, absent, soupirer, et oublier ce jour de repos, tant pis.