vendredi 11 mars 2011

483 : jeudi 10 mars 2011

Aujourd’hui, après le marché, pris l’apéro à la brasserie des Halles : aperçu dans la salle la serveuse du Blue Moon bar ; ne m’a pas vu, plongée dans la lecture d’un bouquin…


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C’était le soleil pendu à la fenêtre tout le jour, et des pensées feuillues qui s’y accrochaient.


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Yann est furax : sa moto ne démarre pas. Il n'y connaît rien mais comprend que la batterie à plat. Consultant en mission dans une banque, ça la fout mal s'il arrive à la bourre à la project review qu'il est censé animer. C'est que Yann est aussi joueur de poker. Il a passé la nuit à jouer un tournoi satellite en ligne : Il a bust sur un bad beat. Un donk a chatté en trouvant son brelan à la river. 808 dols envolés ! Ça run bad ces derniers temps. Il ne lui manque pourtant pas grand-chose, il le sent. Bien sûr, le réveil a été dur. Alors qu'il s'apprête à signifier son mécontentement à sa moto avec un magistral coup de pied, il voit sortir de l'hôtel Azur à côté, Gwen Le Bleïs, un coach de poker réputé dans le milieu. Peut-être la chance va-t-elle tourner.


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Il fait face à la lumière en aveugle, à son éblouissement suivi de ténèbres rouge sang. Des étoiles dansent sur ses rétines, des éclairs vibrent et parcourent son corps. La douleur est violente, soudaine, elle visite ses veines d'un ultime battement, ses poumons s'affaisent.


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L’homme qui me faisait face semblait si peu à sa place dans ce costume noir bon marché qui plissait de partout, avec cette chemise blanche devenue un peu jaunasse au col, et la cravate noire qui faisait de l’ensemble une sorte de mauvais déguisement de gangster à l’américaine, que je fus saisi d’un fou rire intérieur, en dépit des efforts que le bougre faisait pour se donner une mine patibulaire, efforts qui ne faisaient évidemment qu’augmenter les tremblements irrépressibles qui me secouaient, hilarité qui éclata en rigolade bien sonore quand je l’eus entendu balbutier quelques mots d’une voix tellement placide qu’elle mit fin aux derniers restes de sa crédibilité en tant qu’engendreur de frayeur. Il choisit dès lors d’assumer sa bonhomie : me souriant, il attendit patiemment que cessent les derniers spasmes de mon allégresse.