mercredi 23 février 2011

467 : mardi 22 février 2011

Mine de rien, interrogé le concierge au sujet de Spade : m’a dit qu’il s’agirait d’un de ces loqueteux qui jouent au détective privé.


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Il fallait donc qu’il y ait deux voitures pour obtenir cet effet, pour que cela se produise : ce magnifique papillon lumineux. Je prenais dès lors conscience que ce que je venais de voir était peut-être rare, pas si évident à obtenir. Allongé sur le lit de ma chambre d’hôtel, j’observai le plafond depuis peu. Les phares des voitures, depuis l’extérieur et par un jeu complexe, projetaient leur lumière à travers mes rideaux, y déposant ainsi une forme mouvante de lumière et d’ombre. J’avais tout d’abord cru qu’une seule voiture suffisait ; je n’avais pas été alors attentif aux bruits extérieurs. Je constatai désormais qu’une seule voiture projetait, dans un sens, une forme rectangulaire, de la tête aux pieds ; dans l’autre, des pieds à la tête. Pour obtenir une fraction de seconde ce merveilleux papillon, réunion des 2 formes, il fallait donc une parfaite synchronisation des véhicules. Je compris alors que ceci devait me rester en tête comme une sorte de leçon : il faut juger la chose à sa véritable valeur. En effet, une chose merveilleuse et rare peut se produire d’emblée, il faut savoir la reconnaître, ne pas la laisser passer par le simple fait qu’on ne l’ait pas attendu pendant des années. La rareté ne s’identifie pas à l’attente qu’elle peut sembler impliquer.


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C’était n’avoir rien de prévu, dans ce faux début de semaine, rien ou si peu que s’en apercevoir ou pas ne changeait rien. Alors brusquement se jeter dans la veille, l’étude, installer le dernier cri d’une technologie et, avec ou sans documentation en main, se plonger dans la découverte, dans l’innovation, dans le risque de ce qu’on ne sait pas et le vertige de découvrir, coder avec le plaisir des années d’études, quand la nuit effervescente, à deux pour terminer un projet, semblait construire le monde.


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Depuis que Jérémie avait quitté la clairière, le paysage n’avait guère changé, et il se décida à vaincre son vertige et à grimper en haut d’un arbre avant de continuer sa route. Peut-être aurait-il quelques indices quant à sa propre position géographique et celle de ceux qu’il pistait. C’est pied nu qu’il entama son ascension. L’arbre rugueux dégageait une odeur rassurante de résine un peu sucrée. Il se perdit bientôt dans les larges feuilles de son hôte. Des feuilles d’une espèce inconnue, ou certainement pas communes à la montagne. Il s’arrêta à mi-chemin et contempla les rayons de lumière filtrant à travers les feuilles. Les fleurs rougeoyantes dans un massif non loin de là, et la faune colorée visitant les cimes de leurs mouvements furtifs et rassurants. « Soleil, soleil ! Le soleil ne se couche pas sur mon empire » déclama-t-il soudain en élevant un bras. L’écho d’un cri d’oiseau retenti soudain comme une cascade de rire. Clairement conscient de son ridicule, Jérémie résuma son ascension vers le ciel qu’il commençait tout juste à entrevoir. Mais arrivé au sommet… Montagnes et forêts à perte de vue. Massif Central, Alpes, Jura ? Il avait toujours été nul en géographie... Le découragement s’abattit lourdement sur lui, et d’énervement, il rompit une toute jeune pousse qu’il entortilla autour de son doigt. « Ce n’est pas bien de s’attaquer à un arbre ». Sursaut. Enfin un interlocuteur. « Allo ? il y a quelqu’un ? » hasarda-t-il. « Je suis là idiot, devant toi ! » Jérémie tourna la tête pour rencontrer le regard acéré d’une colombe.