dimanche 20 février 2011

464 : samedi 19 février 2011

C’est là, sur l’autre scène, que se dénoue ce jeu à la fois opaque et cohérent, celui dont le secret, naguère signe vide, se remplit et se reconnaît : lente reconquête sans noyau ni contour, où les deux se rejoignent dans le sillage de cette main d’ombre jusqu’au nœud de son inaltérable effacement. Ni ton temps, ni le sien, pas même celui de votre commun patrimoine, mais le temps de Quelqu’un qui est encore là alors qu’il n’y a déjà personne. Ce On hors toute apparente lumière et dont le souffle modifie toute perspective, On s’insinuant au plus près, à l’heure de la dispersion sans lieu... Quelqu’un d’autre est là où tu es seul, Quelqu’un où s’inscrit la présence et son impossibilité – l’ombre double que tu portes et qui te dissimule. Le dehors qui dissout, ta fissure et ton vertige. L’intimité avec la perte du jour qui t’égare, - même si nous sommes serfs de cette communication incessante, dont pauvrement nous ressentons l’absence comme faisceau de possibles, comme danse où elle se résoudrait en cette parole par d’autres enfin reçue...) Parole interdite et sans clôture que celle qui sut bâtir le sujet en sa plus tranchante dimension de vérité, mais dont il ne saurait se saisir hors de rares points de feu où (combien confusément !) il se cabre à la rejoindre en cette foi jurée et intangible au sens où toute parole tronquée l’empêche de s’y reconnaître... Lieu où toute résistance se noue, où toute proposition prend corps, ce lieu n’est surtout pas de l’autre, car par trop perméable, mais parole dont on lit la traversée comme la violence et qui intronise cet Autre majuscule dont tout un qui parle à quiconque invoque la foi promise, fût-ce pour lui mentir et surtout s’il lui ment... C’est bien d’un refus que le réel prend sa source ; ce à quoi le désir se cogne, c’est bien au rideau dont ce même réel figure le manque... Écrire, c’est peut-être tout simplement en prendre acte, tout en s’y récusant... C’est pourquoi c’est à cette autre leçon, celle « d’avant le lever du soleil » qu’énonce Zarathoustra que nous laissons le privilège de conclure : « Un peu de sagesse est sans doute possible, mais j’ai trouvé dans toutes choses cette certitude bienheureuse, à savoir qu’elles préfèrent encore danser sur les pieds du hasard […] Homme, prends garde ! Que dit Minuit profond ? J’ai dormi, j’ai dormi - Du fond d’un songe je m’éveille : Profond est le monde Et plus profond que le jour ne l’a cru. »


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« Mais Léon, pas ici !... »

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À la fabrique de paragraphes, au DEFDIC (département définitions de dictionnaires), ils ont encore eu des mots et c'était à qui aurait le dernier. Le rappel à l'ordre alphabétique a été sévère.


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Face aux trois simples maisons que je supposais de la fin du 18ème siècle, après l'hôtel particulier, la seule boutique de la petite rue occupait le rez-de-chaussée d'une maison renaissante, presque gothique, à demi-restaurée, noircie par l'âge, gardant trace de destructions de sculptures, exhibant sa décrépitude, et ses réelles robustesse et solidité, en jouant un peu comme d'un menton toujours mal rasé, et l'entourage de la petite porte qui donnait accès à l'escalier et aux étages, présentait de fermes et discrètes moulures.


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Les jours vides se suivaient, avant. Il marchait seul sur son chemin, ne sachant même pas à quel point il était triste. Aujourd'hui il est accompagné et ose à peine se retourner tant il a peur du souvenir de grisaille qui suit ses pas. Si elle devait partir, il ne sait comment il continuerait à marcher, à avancer. La vie sans elle est in-envisageable, inexistante. Parfois, il voit dans son regard un désir de liberté et de solitude qui semble la consumer de l'intérieur, et il en a peur. Il aime sa fougue, son élan, tant que ces derniers sont enchaînés et tournés vers lui. Il préférerait qu'elle meure plutôt qu'elle le quitte. Quand à mourir lui, cela impliquerait qu'il arrête de contempler sa vie, comme il la contemple elle, s'émerveillant qu'elle soit là, mais oubliant de le lui dire.