mercredi 16 février 2011

460 : mardi 15 février 2010

Léon sourit à l’idée qu’Emma était phonétiquement à l’abri de l’amertume.

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La maison de Paul et Maryse, dans la petite rue, au centre de ce trio lié par la proximité, la simplicité, et cette épaisseur des murs qui créait des petits trous d'ombre pour nicher les portes, avait été badigeonnée dans un blanc dur, digne d'un port de mer breton, comme un petit regret affiché pour, s'en étant débarrassé, tourner la page de leur passé et s'attacher à se faire une nouvelle vie ici. Pas si différente pourtant, puisqu'ils avaient investi ce qu'ils avaient pu sauver (à vrai dire on chuchotait qu'ils avaient connu un drame, ou peut-être presque, ou de simples ennuis, mais on n'en savait pas plus) dans l'achat d'un petit restaurant dans une ruelle près des halles, et sa transformation en une crêperie, rapidement recommandée par un journal local.


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Parfois se lever était difficile. Déplier son corps, sentir la douleur se propager et rejoindre chaque articulation. Il fallait s'occuper des enfants, les aider à s'habiller, les emmener à l'école, puis prendre le bus jusqu'à l'officine où elle était assistante. Toute la journée à répondre au téléphone, à prendre des notes, à taper... Toute la journée à agiter les doigts, plier, déplier... Puis le soir, le chemin inverse jusqu'à la sortie de l'étude, le babil incessant de gaîté des enfants jusqu'au silence dans leurs lits, jusqu'au repos de la nuit pendant lequel, enfin, la douleur de son corps pouvait disparaître le temps d'un court sommeil.