mardi 16 août 2011

639 : lundi 15 août 2011

Personne, absolument personne, n’entend jamais parler des Cronopioux. C’est pourquoi ils en veulent à la terre entière et plus particulièrement aux écrivains argentins.


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Dans les rêves d'Albert, Joséphine est une gazelle parcourant le désert et menant à l'oasis.


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Rencontre XL « Il est 12H30. Bonjour à tous ! L’inquiétude grandit dans le village de P. On est toujours sans nouvelles du randonneur parti hier matin. Les recherches, interrompues à cause du mauvais temps, ont repris au petit matin sans succès. Un hélicoptère de la gendarmerie quadrille le secteur. L’homme, âgé de trente-cinq ans, célibataire et bien connu au village, est parti seul, sans donner son itinéraire. Toute personne susceptible de fournir des renseignements est priée d’appeler le commissariat de P. de toute urgence. Nous retrouverons en direct notre envoyé sur place dans le journal de 13H… » Mathieu monta le son du poste de radio. « C’est le village où nous étions ! », s’écria-t-il. Aude s’était immobilisée, une cuillère à la main, le regard fixe. « C’est François, j’en suis sûre ! », murmura-t-elle en s’effondrant sur une chaise. « Je ne te l’ai pas dit, mais je l’ai revu un matin. Il vit là-bas maintenant. » Mathieu sentit une sourde colère monter en lui. Il serra les poings et s’assit face à elle. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Aude, réponds-moi ! Tu l’as revu ? Que s’est-il passé ? Je veux savoir ! » Elle entreprit alors de lui raconter sa rencontre avec François. Elle lui dit aussi qu’il avait changé, qu’il n’était plus le même mais qu’elle s’était enfuie. Mathieu écoutait, refusant d’admettre la coïncidence. Il cherchait dans sa tête qui avait décidé de louer ce chalet à P. Il ne s’en souvenait plus. Il se leva, claqua la porte et monta au grenier. Aude lui avait menti, pour la première fois, le doute s’immisçait dans son esprit. Pourquoi lui avait-elle caché cette rencontre ? S’étaient-ils revus ensuite ? Cet individu, il le haïssait ! Il n’avait pas oublié son regard méprisant ni ce qu’Aude lui avait révélé à son sujet. Et puis, c’était tout de même sa voiture qui avait causé l’accident ! Qu’est-ce que cela signifiait ? L’aimait-elle encore ? S’étaient-ils revus sans qu’il le sache ? Auquel cas… Non ! C’était impossible ! Il lui avait fait trop de mal ! Comment avait-elle pu lui parler ?!... Il était furieux et déçu, terriblement déçu. Il redescendit à la cuisine et la trouva debout, son visage entièrement chaviré. « Je suis désolée, j’aurais dû te le dire, il ne s’est rien passé. Il m’a dit bonjour, c’est tout ! Je suis partie très vite. Mathieu, tu dois me croire ! Je n’ai pas voulu cette rencontre. C’était un hasard. Mais tout de même, je ne veux pas qu’il meure ! » Elle éclata en sanglots. Il s’approcha d’elle, prit son visage dans ses mains : « Aude ! Regarde-moi ! Jure-moi que tu dis la vérité ! Et arrête de pleurer ! Je ne veux pas sa mort, moi non plus, je souhaite simplement qu’il disparaisse, définitivement, de notre vie ! Peux-tu le comprendre ? Il a fait assez de dégâts, c’est un malade, Aude, un malade ! Il ne doit plus jamais s’approcher de toi ! »… Ils restèrent un long moment l’un contre l’autre, Aude s’était calmée. Tout au long du repas, Mathieu resta silencieux. Juste avant le journal de 13H, il coupa la radio.