samedi 17 septembre 2011

667 : vendredi 16 septembre 2011

A bout d’œil, c’est une maison qu’on voit & dans le coulant de cette prairie, Farigoule arrive sur les terres de la Vieille. Il boîte, mais à la manière dont son corps se mélange dans cette saccade, laisse paraître plutôt fruste, allant simiesque, morceau bougeant d’animal. Des formes claires main droite, sans doute des restes d’une exploitation de la Vieille, pas possible de savoir si elles sont vivantes ou éveillées, on dirait plutôt des carcasses abandonnées, ou des machines, de vieux vans éventrés, de grands machins béants. L’asphalte depuis le croisement, se perd maintenant dans la poussière d’un mauvais chemin. Plein de cailloux, de roches aiguës, et de nids de poules soudains. Il faudrait encore gravir cette sente presque rendue au sauvage, déjà les prunelles et les cynorhodons arrachent le coton sur le dos, les manches, les mollets. Comment peut-on vivre plus égaré encore ? Que moi ? Il semble que rien ni personne n’a fait signe dans ce désert végétal, qu’aucun être humain n’y a forgé son domestique. Il y a de loin en loin des marches plus hautes qu’un chien. Effrayantes. Cette vieille folle. Farigoule s’accapare l’intermittence du chaos, se faufile enfin en fabriquant son rythme N’est-il pas dédié à la marche Il pense. Après le raidillon, la sente emprunte longuement le faîte d’une petite bête de colline La mer ici, elle est fossile. Jusqu’au petit poët, comme le téton d’un sein, on évacue d’un tour l’embrassé du regard. S’installe ici, proche le cairn qui marque le culminant Etait-ce la peine de marquer l’évident Il pense. Déballe paquetage. Contrôle inventaire. Tâte le lapin, qui tend vers le rassis. Passe encore, il est conservé dans un matelas moelleux de thym et d’herbes fraiches. Régulièrement on le soustrait à l’air. Au vieillissement présumé. Ou à l’effondrement soudain. L’air est tant vorace. Les herbes trempent leurs pieds dans un récipient à cet effet, un genre de panse de peau, de ces contrées, qui permet de tenir le temps d’un voyage, par exemple. Les pieds de Farigoule ne trempent pas, mais s’évertuent, et se campent ou se frottent tout contre le monde qui n’est pas rond, mais complexe polygone de face et leurs revers, poches toujours répétées, ralentissements détours renversements. A quoi peut bien servir la mesure On ne connaît pas les sous-sols les niches & alcôves les avens et les plissures Il pense. Le monde Il est infini Comment veux-tu savoir Les chiffres Il pense. Dans les interstices de ce cairn il y a un monde Des fissures des cavités Des zones d’air sans contact parce que rien n’est droit ni rigide Pareil au froissé du corps Pareil à tout ce qui demande un nom L’espacement est séparation L’espace est possible rencontre & Rencontre est juste agencement. Quelques mètres à vol d’oiseau pour ramasser les débris de la Vieille Mais vol d’oiseau ? Tout ce qui rampe comme Moi et les vers les pourceaux les plus beaux étalons & les cloportes, nous, tous autant, c’est : Un (1) pied devant l’Autre (1). C’est : (1) par (1). Je ne sais pas même si j’y arriverai, peut-être que cent mètres Presque je renifle un fumet de marmite éteinte de peu Un système Une maison Une femme Mais qui sait si jamais je pourrai me présenter au seuil Toquer gaillardement Peut-être appeler Sourire Faire face. Une poignée d’herbes est tellement loin déjà. Soupire, Farigoule Bastard.