jeudi 8 septembre 2011

661 : mercredi 7 septembre 2011

Les Emanglions sont aux Emanglons ce que les Américains sont aux Anglais. Ils ont pris leurs distances, il y a fort longtemps. Il faut dire qu’ils en avaient marre, à l’époque, d’être étouffés à la moindre poussée d’asthme.


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Dans un rêve, l'image d'un écroulement dérisoire – de ce qui n'était pas un corps, ou du moins de quelque chose où le corps comptait peu, comme s'il s'était déjà absenté, cédant, ne restant que ce qui soutenait par endroit un amas de tissus, une coulure largement épandue, plissé de coton soyeux, bandes de lin rêche, fuite d'une écharpe de soie, engloutissant un peu de cuir avachi, une flaque de raffinement étalée, sans force ni misère, sur de rudes surfaces de béton souillé et de grandes plaques métalliques, travaillées, renforcées, comme une armure pour le sol. L'ai contourné, continuant mon avancée douloureuse, pieds heurtés par ce sol qui semblait se ruer le long de mes jambes à chaque pas, soulagée un instant en piétinant ce nuage d'étoffes.


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Je n’ai rien à avouer, elle me met un projecteur dans les yeux. / Je lui mords les doigts, parce que je voudrais communiquer. / Pour se venger, elle me met un aspirateur dans la bouche, et l’y laisse longtemps. / Avant de me piquer mes sous. / Avec ma dentiste, on a des rapports humains hyper sophistiqués.


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Leurs yeux pétillent de plaisir à se retrouver entouré de leurs enfants et petits-enfants. Quarante-cinq ans de mariage, trois enfants, huit petits enfants. Trois infidélités (cumulées), deux grandes disputes suivies de deux grandes réconciliations, six déménagements, trois maisons de campagnes, deux chiens et sept voitures ont aussi remplis leurs vies. Pour l'instant, ils reprendraient bien un cinquième verre de vin. Après tout, cela fait trois heure trente qu'ils sont à table. Pour eux les chiffres ne comptent pas, les étapes et le plaisir qu'ils ont à cheminer encore ensemble, oui. Je leur envie les chemins de vie qui sillonnent leur visage et illuminent leurs regards, ils donnent l'impression d'avoir survolé les difficultés avec grâce alors que se cachent sans doute au fond de leurs âmes des larmes cachées et assumées... Je n'en saurais jamais rien et s'est bien ainsi... Moi aussi, finalement, je reprendrais volontiers un verre pour trinquer une fois encore.