mardi 2 octobre 2012

987 : lundi 1er octobre 2012


Un thé au Sahara (Paul Bowles) s’est évaporé depuis longtemps, mais Passion simple (Annie Ernaux) n’a pas encore quitté mon "sac à livres" : le train serait-il de retour en gare d’Orsay ? Le papier bible ne prêche pas toujours parole d’évangile…

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C'était, en la déplaçant légèrement pour prendre un livre, vouloir que sa main ignore que le contact de la naïade aux beaux seins ronds n'était pas comme cela aurait dû l'être celui de l'ivoire ou de la corne, ou c'était s'amuser de cette imitation presque parfaite, juste un peu ridicule, comme lorsque je l'avais offerte à mon père comme un petit gag, un aveu de mon incapacité à faire mieux, mais un tribu rendu à notre goût partagé pour les ouvrages de gaillard d'avant, les petits cuivres d’accastillage, les chansons à hisser ou virer gueulées, merveilleusement faux pour moi et les sœurs en soutien du baryton dont il était fier sans trop le dire. Souvenir partagé du sous-sol de la villa de La Pérouse, des rayons sur le mur à côté du Coq posé sur ses cales, souvenir de cette boutique lambrissée dans laquelle nous étions descendus à Nantes, de la pénombre, des odeurs de toile, de cordage et de goudron, souvenir de tout ce à quoi il n'avait renoncé que tardivement, petit signe pour l'accueillir dans sa chambre bureau, avec la carte de la rade d'Alger et ses lignes de minuscules chiffres, lorsqu'il revenait de ses promenade le long de l'écluse.

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C’est la nuit. Le son des choses enfle dans un cœur à côté. Il y a la tenture opaque et les îlots traversés de pluie. C’est la nuit. Je suis heureuse. Cela me donne du poids. Qu'attendre de plus dans ce suspens si lourd ?