mercredi 19 janvier 2011

432 : mardi 18 janvier 2010

Noté dans le courrier des lecteurs : « Léon par ci, Léon par là, et toujours rien sur son voisin de palier ! »

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Parfois la fabrique de paragraphes envoie ses agents-missionnaires dans des contrées lointaines tenir des succursales temporaires et itinérantes : cela s'appelle ateliers d'écriture.

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C’était abuser d’un système, l’utiliser chaque jour ou presque à tort et à travers, toujours l’avoir à portée de main pour répondre à toutes sortes de situations qu’il aurait mieux fallu traiter autrement, plus efficacement, mais en y passant plus de temps, en faisant appel aux collègues, en convoquant, finalement, tout un coût qu’on nous demandait, sans cesse, de réduire, sans avoir les moyens d’estimer ce qui aurait été, autrement, réellement, épargné, amélioré.


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ICEBERGS En ton sang la rage jamais sevrée, survol mutiné qu'aucun pli n'élargit, ne révèle... De l'inabouti et des gués, des louanges et des fins, que restera-t-il dans tes envasements et tes filières ? Savoir consume, ignorer épuise, puisque le Même ne sait agir que sur lui-même. Ceux nés, puis à nouveau engendrés contrairement aux multitudes, se reconnaissant sans mot dire, n'appartenant qu'à leur vertige, aux racines de l'épars... Approchez, faites en leurs marges jouer l'abord et le retrait, la déroute du proscrit, blessure ouverte sur le visage d'autrui, vous nouant comme à jamais à cette intrigue plus vieille que celle de l'Être... Rengainés la rosée des nuits, l'épée rouillée et le gué incertain, comme si les formes qui s'y dessinent et occupent ce lieu dans l'espace pouvaient de surcroît recevoir des concepts « moraux »... Diable, une éthique pour Léonard, qui n'en eut point... Plénitude jamais rejointe, quelque trace manquant au Narcisse qui s'y soumet, au vain espoir du même enfin apaisé, à l'attente goulue parachevant les germes de ses aveux... Au-delà du pacte, l'autre royaume respire : statue mutilée, temps autre, étranger à tes présages comme à ta soif, miroirs haletant, sculptant l'éclair traqué sur les touffes et les grains, inachevée merveille enfin coïncidant avec ces nids lavés de toute scorie, exactement au joint de tes désirs... Plus que la vanité des choses, c'est leur irréalité que tu écoutes. Que t'importe alors ce qu'ils appellent échec, lequel désormais n'est plus un tien stigmate, mais le propre et ultime destin de tout homme... Certains écrivent pour nier, d'autres pour dépasser, toi c'est pour encore et toujours les rejoindre... Affûts, bûchers, ordalies, bruines des grâces humectant la lèvre de qui ne reconnaît même plus les ombres qui les tentent... Creuser, ressouder ― tout sauf en y adhérant sans recul, sans démêler qui vaut de qui jamais ne vaudra... Ô jardin où, bien après qu'ils ont disparu, encore retentissent les libres cris des enfants, lente écume léchant l'éphèbe de bronze rendu près d'un cap au nom proscrit, qui n'annonce rien, ne signifie rien, ne prétend pas exalter une victoire ou pleurer une mort, mais seulement d'être à jamais lui-même, surpris dans sa close sveltesse... Il y a davantage de choses entre ciel et terre que celles que connaissent vos philosophes. Quelques-unes ne peuvent pas être partout racontées, comme ce jour de grâce où le temps s'est arrêté ― du moins pour toi... Tu pouvais désormais t'éloigner sans dévoyer ou trahir des rites, te souvenir sans soumission de tout, la fraîcheur sombre, le pli déclos lové dans ce temps enfin à part, une distance creuse, quelques habitués jouant aux cartes, trois enfants avec un chien, une vieille femme près du kiosque à journaux, toutes choses comme hors du temps, de cette lumière qui s'aplatit et égare... Éperdument fuir toute mise en mots de ce mal-être que masque nourrit et apaise. « De la littérature comme crime parfait » : il comprit l'allusion, sut que tu connaissais en entier ou partie son secret et se tut, l'air si sérieux que tu en vins à maudire ton habitude de dire les meilleures choses aux pires moments ou le contraire... Une fois le seuil atteint, qu'importe ce qui se passera ensuite, les remords, les présages, les promesses, alors qu'ils continuent à te cacher, à te faire resurgir sous un nom d'emprunt, archivistes, témoins et héritiers des défaites... Que viennent des temps démêlés les visages et les clous, la pierre et l'envers, lézard recourbé, muraille chinoise, dévotion des murmures, dernier mouroir de l'herbe obscure, du faucon qui remue... Ô l'aventure de l'aigu, du divers, de l'obscur, qui te déploie en présages, d'un seul trait avouant non ce qu'elle est, mais où elle puise... S'abandonner à l'instant sans en être captif, là où s'affine la nouvelle soudure, ses téguments, ses rejets, ses lois...


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Allez hue, tagada, tagada tsoin tsoin! Tu arpentes les couloirs de ton royaume sur ton manche à balais orné d'une tête de cheval en tissu façonnée par ta mère. Ta main gauche, fermement agrippée à ta monture, porte fièrement la chevalière made-in-capsule-de-Kro que Tante Maé a fabriqué devant tes yeux émerveillés, tandis que ta main droite prétend avec conviction que le club de golf d'oncle Georges est l'épée cousine germaine d'Excalibur.


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Absence C’est un soir comme les autres et pourtant elle ne parvient pas à donner un sens à ce qu’elle ressent. Cette impression de ne plus savoir où elle se trouve ne la quitte pas. Un peu écœurée, un peu lasse, détachée de tout, elle flotte. Toute la journée, elle a lutté pour accomplir ses tâches habituelles, tout s’est bien passé, elle y est parvenue mais elle sait au fond d’elle-même qu’elle était ailleurs, un autre ailleurs, pas celui qui vous habite lorsque vous êtes préoccupé, non, un autre, beaucoup plus lointain, un ailleurs orphelin, un ailleurs inconnu, jamais visité, totalement nu. Elle se voit naufragée sans autre recours que de se laisser bercer, chahuter, emporter par les vagues. De temps en temps, elle ferme les yeux et se retrouve face à des centaines de visages connus, certains la font sourire. Elle aimerait pouvoir en retenir quelques-uns, les caresser, suivre de ses doigts leur contour. Ils s’estompent doucement, elle les perd. Elle flotte. C’est étrange. Le ciel au-dessus d’elle est rose nuancé de mauve, il bouge, il défile lentement. Elle entre dans le silence. Longtemps. La nuit est tombée. Elle ne sait pas combien de temps elle s’est absentée. Son retour est presque cruel. Le décor qui l’entoure lui déplait. Elle sanglote tout à coup, troublée, désemparée de cette fugue inattendue.