vendredi 30 septembre 2011
674 : jeudi 29 septembre 2011
jeudi 29 septembre 2011
673 : mardi 27 septembre 2011
Les Blénigeois n’aiment rien tant que les parquets craquants, l’horlogerie fine, le bruit des ongles sur le polystyrène, Jean-Louis Trintignant dans le Grand Pardon et dîner d’un potage tiède avant 19 heures. Ils s’infligent avec régularité des lectures assommantes et sont les militants fidèles de partis rares et anciens. Lorsqu’un Blénigeois sort du lot, il n’y revient que bien des années plus tard, le sourire hagard et le cheveu tombant, pour y régler des questions de succession.
lundi 26 septembre 2011
672 : dimanche 25 septembre 2011
samedi 24 septembre 2011
671 : vendredi 23 septembre 2011
Les Albitins ont la main verte. Qu’ils effleurent seulement un silex, un grain de sable, un déchet non biodégradable et les voilà déjà la paume bourgeonnante. De vertes pousses se développent sur leurs bras et c’est une flore duveteuse qui les recouvre bientôt tout entiers. Leur barbe est de cresson et leur tignasse odorante comme cent printemps. Pas une once de leur corps - Arcimboldo s’en mord les lèvres dans sa tombe - qui ne soit fleur, feuille ou fruit. Leur vie durant, les Albitins avancent ainsi camouflés dans leur propre peau. Ils traversent en G.I. absolus de longs déserts de cendres auprès desquels ils se délesteraient bien un peu du tragique bonheur qui leur échoit.
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De Celle à M. J.-L. Bastard, Les Blaches, XX150 IZ — Bonsoir Vous êtes parti je pense depuis trois ou quatre jours, désormais Vous devez approcher. Vous devez ne plus être lointain. Votre courrier. Votre courrier m’a bouleversée. Non pas son ton roide qui aurait pu me désobliger, mais je passe sur vos bourrasques. C’est. La première lettre que. Je reçois. C’est. La première lettre. De vous. Que je reçois de vous. Depuis. Vous savez vous arrivez à la bonne saison. Des fleurs minuscules, multicolores, tapissent chaque recoin de la maison. Elles sont fragiles, des myriades de fleurs comme les empreintes d’une pluie récente. J’ai lu. Et relu. Votre lettre. Pour être bien certaine que ce n’était pas… autre chose. C’est idiot. Vous savez combien vous comptez pour moi, vous savez ce que, même en renâcle, vous m’apportez. Votre présence me réconforte. Cela fera dix ans, bientôt. Que. Cela fera dix ans, d’ailleurs, que je vous ai vu. Vous constaterez que la vie ne pas épargnée. Vous verrez ce que l’eau et l’air ont fait de mes mains. Vous verrez comment la douleur a pu tordre ce qu’autrefois — jadis— vous louiez de souplesse et de douceur. Je suis devenue tronc, fléchie, peut-être ingrate. Vous n’avez pas voulu de moi. Je vous l’ai fait payer. Cher. Mais je n’ai jamais pu me résoudre à entrevoir des lucioles. Vous le savez, chacun le sait sur le trajet, que la scie de ma colère s’est émoussée. Chacun sait, dans la marche, que je suis un tronc sec, mais apaisé. Le vent ne circule pas dans mes rameaux pour en faire siffler le silence, pour engorger sa solitude. Les années ne me tarissent pas tout à fait. Le carrefour transi et ses routes comme des racines ne me parviennent pas. Personne ne daigne apporter des nouvelles des hameaux, des familles, des troupeaux. Mais chacun sait — cela se lit sur leurs visages — chacun sait ce que je marmonne en vain. Ma douleur — mon désir — est plus flagrant que l’orage. Votre pied doit bien vous faire souffrir. Vous devez être harassé. Cette route est mauvaise. Pas étonnant pour un pays mauvais. Qui peut y conduire sans bris ? Et pourquoi s’y rendrait-on ? Vous. Vous. Vous rendez à moi. Et je vous attends. Je vous ai attendu. Depuis. Je ne vous accueille pas avec réserve, vous pourrez ouvrir les placards, changer le bouquet de lavande ; vous humerez l’effluve sur le feu ; vous cueillerez peut-être vous-même la sarriette qui manque au ragoût. Rien. Rien : ne sera plus comme avant. Les routes s’éloignent trop et tout votre amble n’y pourra rien changer. Je suis allongée, presque morte, sur le chemin que vous parcourrez. Je le suis depuis. Je l’ai toujours été. Je suis plus damée que la montagne même. Mes joues se rouillent de lichen. Mes cheveux s’enroncent. Mes membres étals, sont devenu plus fluets que ma voix. Je t’attends. Je n’ai pas ruiné toutes les cordes.
jeudi 22 septembre 2011
670 : mercredi 21 septembre 2011
mardi 20 septembre 2011
669 : lundi 19 septembre 2011
dimanche 18 septembre 2011
668 : samedi 17 septembre 2011
samedi 17 septembre 2011
667 : vendredi 16 septembre 2011
vendredi 16 septembre 2011
665 : jeudi 15 septembre 2011
mercredi 14 septembre 2011
665 : mardi 13 septembre 2011
lundi 12 septembre 2011
664 : dimanche 11 septembre 2011
samedi 10 septembre 2011
663 : vendredi 9 septembre 2011
Le Chanteron vous aborde toujours un sourire engageant aux lèvres. Dans son regard orbital et onctueux vous vous sentez unique, désirable et fort à propos parmi les hommes. D’un rien – un geste discret sur l’épaule qui hésite entre la tape et la caresse, un clin d’œil scintillant entre deux portes - il vous allège des crasses du passé et de la morosité des jours. De son simple passage émane un éther subtil qui diffuse promesses et promotions. Et que dire quand il parle ! D’ailleurs, vous ne vous doutiez pas, avant de l’avoir croisé, avant de l’avoir entendu, à quel point votre existence était justifiée. A quel point vous aviez le droit d’être ce que vous êtes. Et puis sa silhouette diaphane s’estompe dans l’horizon. Pendant que vous le regardez disparaître, vos paroles s’alourdissent, se font gauches. Vous êtes à nouveau le petit prisonnier qui n’a rien choisi. Votre boîte à lettres dégueule de sollicitations désobligeantes, de factures qui vous minent. La femme qui partage votre vie attend simplement que vous assumiez votre quota de tâches ménagères et d’attributions paternelles. Le vieux fond de morve est revenu. Il vous berce. Et vous n’avez pas grand-chose à dire de cette drôle de migraine qui ne vous quitte plus. Le Chanteron, lui, est déjà loin, embaumant d’autres chemins.
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1. Farigoule Bastard est simulacre / & pastiche / Les autres doutent de le croiser / Il porte une fausse moustache / Postiche / On dit qu’il se résigne à sa cabane. Il est renfrogné & ridicule / Il se terre comme un lièvre / Il est nu comme un ver / Il est constamment terrorisé / On le voit dormir dans un camion, trimballant des plaques de tôle ondulée, des drains multicolores de plastique / On l’entend qui ahane comme un bœuf, qui chuinte comme un nourrisson / On le voir aux zincs décatis miser de la rouille sur d’incertains paris / On le voit faire du stop à deux endroits en même temps / On le voit guetter de porte en porte / Il se glisse parfois dans les appartements et surprend les ébats secrets de Kévin et Kelly / On le voit assis sur les marches du temple, à se caresser la barbe, une bouteille serrée dans un sac de papier kraft / On le dénonce aux bonnes mœurs / Il apparaît, mais pas de la même manière ; il passe de visage en visage, il se fond dans la masse, il se confond. Il mime jusqu’aux marbrures et engelures de la nuit. / Il est plus souvent nommé qu’il ne parle et, si elles existaient, ses oreilles préviendrait les pompiers ; son corps est avertissement de grand malheur / Il est Ankou, oiseau de mauvais augure / On se détourne de lui / On lui jette des sorts fétides / Il est impuissant / Il collectionne les pierres / Il harnache de vieilles rosses, et leur soutire de l’avoine / Il est sans foi ni loi / Il a grandi avachi dans la courbure de ses paupières / Il est self-made man, self-made Bastard. 2. Farigoule Bastard est masque romain / un ancêtre. Masque tombal, on le tient dans un meuble du hall d’entrée / Il est le Vieux dont on garde en souvenir le petit ombilic, par superstition / Il est masque de théâtre, jour et nuit, lune-soleil, son empressement à être évident est consternant / Il est bruit et fureur, colère, tremblement / Il est geste brusque et morbus comitalis / Il est bave, pendant de langue, et la rage / Il croque des coquilles vides & suce les pattes des crustacés / Il est extravagance / Il accumule les heures, puis les mélange et les distribue au hasard / C’est une machine à perdre / Il est désorientation, boussole brisée en tombant sur un os / Alors il est passé dedans / Il évolue six pieds sous terre / Ses moustaches sont roussies / Il marche au fond de l’enfer. Il a trouvé une voie, personne ne peut dire / personne ne peut dire, pour revenir avec lui, ce qu’il y fait, ni pourquoi il se plaît à y séjourner. Quand il nous échoie, il ne rapporte rien, mauvais pêcheur — ou pécheur trop concerné / Il dévore le tribut de la mer, il engloutit son content d’âmes en peine / Il est vessie & lanterne. 3. Farigoule Bastard est un ours / torve habitant du dehors, du froid, de l’obscur / Il s’entortille dans la chevelure du lierre et se roule sous les feuilles jusqu’à la saison / Il ne paye aucun écot / Il germe / Il sème / Il insémine / Il se coule dans les vignes, écrase le mout le marc pieds nus / Il boit comme un trou et se dandine en gueulant sur le boulevard / Les fenêtres claquent ou ce sont ses dents / Il fout le feu aux moissons / Il se couvre de fétus et disloque les gerbes et les ballots / C’est un feu follet, il faut voir les razzias sur le champ / Il se laisse pousser la barbe / Il veille aux toisons / Il hiberne sous le lit à peine nubile / Il éclate en sanglot, à chaque lune gibbeuse, dans la tiédeur de leur laine / Il éructe larmes aux yeux / Il porte un lourd gourdin en bandoulière, et s’en sert pour assommer les fâcheux / Il chie à même le sol, voire au perron des habituels / Il patiente comme le serpent et soudain déboule, se dresse bifide, une couronne de lauriers sur la tête, général vainqueur, en chorégie de pacotille, braquemard tendu à éclater sous la toge, en goguette veineuse, vengeur, pour un triomphe de pétales nouveaux, de confettis de corps, de gouttes de sperme. Sa gibecière est cornemuse / Il souffle dans les urnes / Dans le bourdon des vielles et les éclats de crécelles, il se branle à l’unisson.
vendredi 9 septembre 2011
662 : jeudi 8 septembre 2011
jeudi 8 septembre 2011
661 : mercredi 7 septembre 2011
Les Emanglions sont aux Emanglons ce que les Américains sont aux Anglais. Ils ont pris leurs distances, il y a fort longtemps. Il faut dire qu’ils en avaient marre, à l’époque, d’être étouffés à la moindre poussée d’asthme.
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Dans un rêve, l'image d'un écroulement dérisoire – de ce qui n'était pas un corps, ou du moins de quelque chose où le corps comptait peu, comme s'il s'était déjà absenté, cédant, ne restant que ce qui soutenait par endroit un amas de tissus, une coulure largement épandue, plissé de coton soyeux, bandes de lin rêche, fuite d'une écharpe de soie, engloutissant un peu de cuir avachi, une flaque de raffinement étalée, sans force ni misère, sur de rudes surfaces de béton souillé et de grandes plaques métalliques, travaillées, renforcées, comme une armure pour le sol. L'ai contourné, continuant mon avancée douloureuse, pieds heurtés par ce sol qui semblait se ruer le long de mes jambes à chaque pas, soulagée un instant en piétinant ce nuage d'étoffes.
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Je n’ai rien à avouer, elle me met un projecteur dans les yeux. / Je lui mords les doigts, parce que je voudrais communiquer. / Pour se venger, elle me met un aspirateur dans la bouche, et l’y laisse longtemps. / Avant de me piquer mes sous. / Avec ma dentiste, on a des rapports humains hyper sophistiqués.
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Leurs yeux pétillent de plaisir à se retrouver entouré de leurs enfants et petits-enfants. Quarante-cinq ans de mariage, trois enfants, huit petits enfants. Trois infidélités (cumulées), deux grandes disputes suivies de deux grandes réconciliations, six déménagements, trois maisons de campagnes, deux chiens et sept voitures ont aussi remplis leurs vies. Pour l'instant, ils reprendraient bien un cinquième verre de vin. Après tout, cela fait trois heure trente qu'ils sont à table. Pour eux les chiffres ne comptent pas, les étapes et le plaisir qu'ils ont à cheminer encore ensemble, oui. Je leur envie les chemins de vie qui sillonnent leur visage et illuminent leurs regards, ils donnent l'impression d'avoir survolé les difficultés avec grâce alors que se cachent sans doute au fond de leurs âmes des larmes cachées et assumées... Je n'en saurais jamais rien et s'est bien ainsi... Moi aussi, finalement, je reprendrais volontiers un verre pour trinquer une fois encore.
mercredi 7 septembre 2011
660 : mardi 6 septembre 2011
Tout en haut du peuplier, qui se mourrait lentement depuis qu’une partie des eaux du ruisseau avait été captée, la pie célébrait un dieu, son dieu. L’arbre l’aidait autant qu’il pouvait à porter au loin le chant vif et pourtant rauque comme les pierres que le Barret perdait de temps à autre, au goutte à goutte ou en larges éboulis dévoreurs de sentiers, de prairies, parfois même de maisons le plus souvent inhabitées. De son rocher, face à la montagne, Tamel écoutait les désirs minéraux et devait sans cesse résister à celui de plonger lui-même vers les promesses obscures et denses de torrent dans le lit à sec.
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Il a saisi la main tendue et l’a gardée dans la sienne longtemps, les yeux fermés. Son visage trahissait le désordre de ses pensées. Sa tête oscillait doucement, ses doigts frémissaient comme s’ils découvraient tous les méandres d’une vie secrète. L’autre ne bougeait pas, attentif à la pression de cet homme qu’il ne connaissait pas. Puis il en eut assez et se dégagea brutalement. L’homme ouvrit les yeux : il pleurait. L’autre le dévisagea un instant, incrédule, hésitant à prononcer les seuls mots qui lui venaient à l’esprit. Ce visage lui rappelait quelqu’un, un souvenir enfoui, une sensation douloureuse, une absence, oui, une absence cruelle, insoutenable. L’homme tourna les talons et s’enfuit. L’autre suivit sa silhouette tout en se demandant s’il n’avait pas rêvé. Ce pas dansant, cette manière d’effleurer le sol, comme s’il y avait un danger à y poser ses pieds, le balancement des bras, le frottement des mains sur les vêtements, tout cela évoquait une curieuse impression, faisait resurgir en lui la réminiscence d’un ébranlement profond. Il comprit soudain qu’il venait de retrouver son père.
mardi 6 septembre 2011
659 : lundi 5 septembre 2011
Je découvre avec surprise que le spectacle qui portait le numéro 24 chez les Hacs de Grande Carabagne correspond très exactement au divertissement numéro 25 des Samoyards.
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En ces temps de rentrée scolaire et d’achat du matériel idoine, je songe vaguement à me réacheter un stylo-plume ; la boîte de compas, l’équerre et le rapporteur je n’en vois plus trop l’usage, mais un stylo-plume, ne serait ce que pour signer les chèques (je règle le plus souvent mes achats par chèques) et dédicacer – ne rêvons pas : guère plus d’un tous les 36 du mois -, un livre. J’appose ma signature beaucoup plus souvent sur un chèque que sur une page blanche. Pour écrire comme il m’arrive de le faire, le stylo-plume ne me servirait à rien, ou alors il m’en faudrait deux puisque cela fait bien longtemps que j’écris des deux mains et des dix doigts à la fois. L’acquisition d’un stylo-plume neuf confirmait autrefois chaque franchissement d’étape décisive dans mon cursus scolaire et universitaire à partir de la 6e, puis chaque prise de nouvelles fonctions dans ma vie professionnelle. Au collège, des Waterman, valeur sûre corps métallique gris, au lycée des Pelikan, corps plastique vert de préférence, à l’université, budget serré oblige, des Stypen, et post graduate enfin, des Parker. Quelle que soit la marque, respect scrupuleux de la consigne constructeur : employer son encre. Jamais de cartouches universelles au rabais : j’ai toujours soigné mon écriture – sans pour autant avoir jamais convoité l’ascension de la gamme Mont-Blanc. Certes, l’on m’aurait offert le stylo au célèbre capuchon étoilé de blanc, je n’aurais pas craché dessus, mais je n’ai jamais développé aucun fantasme à son propos. Et si j’ai des souvenirs d’avoir acheté des produits de marque Mont-Blanc, c’était sous forme de crème dessert un peu écœurante mais pratique, toute faite, dans des petites boîtes en fer, vanille ou chocolat, dans les années 1960. Mon dernier stylo-plume de prise de fonctions date du XXe siècle, printemps 1995 plus précisément, époque à laquelle ma vie professionnelle s’est enfin stabilisée, un Parker, donc, modèle qui venait de sortir et dont le nom me ravissait : Sonnet. Un stylo fait pour moi. Qui a fui très vite comme tous ces prédécesseurs (en fait le problème est que je tiens mes stylos le majeur posé sur la plume donc encre plein les doigts et taches partout) et les a, par conséquent, rapidement rejoints au cimetière dans le tiroir du bas de mon bureau. C’est pourquoi je dédicace mes livres, les rares fois où cela m’arrive autour du 36 du mois, avec le premier stylo qui me tombe sous la main.
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Dans mon rêve est passé, chevauchant un beau cheval blanc qui dansait à petits sauts, le baron de Crac. L'ai trouvé charmant, mais je cherchais en vain dans ma vieille tête son nom officiel et l'un de ses exploits, pour le placer aimablement au coin d'une phrase. Il m'en a raconté un ou deux, j'ai fait montre de l'admiration souhaitée, et puis, comme il s'éloignait, une image m'a traversée et je lui ai crié « la queue de votre cheval !» - s'est retourné sur sa selle, a souri, a empoigné le panache blond de l'animal, ils sont sortis de mon rêve en un bond prodigieux, laissant la place à une jeune fille en longue robe claire à taille haute, boucles blondes sous une capote à longs rubans, qui distribuait en souriant des tartines à des enfants – j'ai cru la reconnaître.
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Marie porte sa famille à bras le corps, ses tares, ses névroses, ses racines aussi profondes que l'histoire, son lien particulier aussi et l'amour imparfait que chacun se porte. Marie est comme un fil entre les âmes, elle représente leur unité plus fortement que le sang, elle est leur présent et leur avenir. Marie a neuf enfants, trente-cinq petits-enfants et soixante-dix arrières petits-enfants. A quatre-vingt dix huit ans, elle est leur mémoire et le socle autour duquel ils se rassemblent tous les ans.
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Nue Je t’ai tout donné : mon cœur, mes pensées, mon corps, mes secrets les plus intimes, mes rêves… Tu m’as tout pris jusqu’à ce que je me brise. Je n’ai plus rien ! Tu as cherché à me rendre folle. J’en ai presque oublié mon désir de vivre. Ma coquille vide n’abrite plus que du vent. Tu as déterré mes racines, malgré tout je tiens debout. Tu t’es nourri de moi. Tu n’as rien compris, rien senti, pas même partagé. Tu m’as volée, tu m’as trahie, ton être malade a tout détruit. Tu es un monstre. Ta lâcheté me fait vomir. Je suis malade de m’être laissé abuser. Je suis anéantie par ton acharnement, dépouillée, vidée, infiniment triste, écœurée de tant de bassesse. Pourtant je suis vivante. Tu n’as pas réussi à me tuer. Je sors d’un long cauchemar, la vie sans toi m’apparaît bien douce. Je retiens mes larmes, j’étouffe ma rage, je calme ma souffrance. Je me suis trompée, affreusement trompée... L’automne arrive, mes pensées sombres seront balayées par le vent. La pluie me lavera de tes souillures. Le soleil réapparaîtra. Je me remettrai. Tu as perdu.
lundi 5 septembre 2011
658 : dimanche 4 septembre 2011
Tamel n’osait pas ouvrir les yeux. La dernière fois qu’il l’avait fait, son regard avait embrasé un sapin et en retour, son âme s’était trouvée chauffée au fer rouge par la douleur de l’arbre.
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Dans son cœur s’égrainent des notes sombres et lente cherchant la lumière. Elle s'inquiète de leur résonance faisant jusqu'à vibrer son âme, et du silence ensuite conduisant jusqu'aux larmes. Dans ses yeux, des gouttes de pluies et l'espoir d'un vent soudain, qui grâce à ses bourrasques ramènerait le calme. Dans ses mains le vide des armes, de l'attente et du rien.
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La statue tient ses reins cambrés et ses mains sur ses fesses. Elle offre ses seins au jeune homme, les yeux fermés, le visage dans l’air tiède. Allongée sur sa serviette, la jeune femme caresse le sable du pied. Les sons glissent sur sa peau. Elle frémit en écoutant l’eau et le vent qui chuchotent sur son corps. Son dos se cambre. Elle place ses mains sur ses fesses... La statue est nue sur la plage et le jeune homme la caresse. Il entoure ses seins de ses paumes, effleure les pointes, frôle son ventre. Elle glisse sur le sable, à côté de sa serviette. Ses mains parcourent son maillot. Ses doigts s’attardent au bord du tissu et ses hanches commencent à palpiter.
dimanche 4 septembre 2011
657 : samedi 3 septembre 2011
Les Palipales aiment tellement les mots qu’ils les avalent tous avant d’en prononcer un seul. Mais la gloutonnerie a un prix. Ça leur donne un drôle d’air quand ils marchent et ils sont fréquemment sujets à des ulcères de la glotte.
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Ma dispute avec maman a commencé avec des mots que nous avons osé l'une vers l'autre. Des amorces chargées et difficiles, des phrases inachevées mais porteuses de l'essentiel.
samedi 3 septembre 2011
656 : vendredi 2 septembre 2011
Rêve ou souvenir d'une image, je ne sais – des collines qui s'emboîtent, rouge et or comme une terre transfigurée, des rangées d'arbres presque naïfs - mais pas tout à fait, comme sur certains tableaux où les primitifs découvraient le paysage et une perspective plate pour leur plaisir, derrière les vierges ou les profils de condottiere ou de de done - et un petit cheval noir bondissant ou cabré, comme suspendu dans cette terre. Une envie de l'approcher, de le calmer, de l'amadouer, de monter dessus, moi qui n'ai jamais chevauché qu'une fois un percheron que mes petites jambes ne pouvaient enserrer, et de partir en vol avec lui dans cet éden très humanisé.
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Le soleil se lève d'abord discrètement. Il étend sa lumière qui n'ose s'éloigner et qui reste condensée auprès le lui. L'horizon se teinte d'une incandescence orangée. Petit à petit, ses rayons se propagent en rampant sur le sol, engloutissant collines et forêts à mesure que le jour grandit. La brise humide laisse place à un vent sec et sans rêves tandis que le paysage blanchi. Encore aujourd'hui, encore un jour sans pluie.
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Paris, se lever pour y aller, Paris, est–ce que ça vaut la coup ? Ce matin le Chanteur est parti du squat, il dépense sa thune pour autre chose que crécher...Il paye des coups à nos fans, beaucoup sont ses fans. Et en chouettes tee– shirt, comme celui des Brigades Rouges qu'il va mettre pour le concert. Si on va à Paris on irait chez Harry Cover chercher d'autres tee– shirts. J'aurais pas joué dans un concert coco en Angleterre, je me lèverai pas pour les trotskistes. Pour aucune formation politique, je suis pas un suiveur. Moi, ma défonce c'est la liberté. Libre d'utiliser les slogans, de détourner les attitudes et de faire monter le son, et aliéné par rien ni personne. Les politiques sont jaloux de nous. Tiens la-bas, la France, c'est romantique avec les événements, les françaises, sûr que c’est quelque chose de débarquer là pour les 10 ans de l'Evénement. Se lever, prendre le train, ce bateau si lent, arriver de l'autre côté de la mer, alors qu'on a juste appris hier soir qu'on est programmé, qu'on a pas répété cette semaine, alors que je sais pas comment faire avec les accord de la dernière chanson pondue. Pas convaincu que c'est de la balle. De toute façon, comme d'hab, mon avis, on l'a pas demandé.
vendredi 2 septembre 2011
655 : jeudi 1er septembre 2011
Le jour de leurs quatorze ans, les Abrasifs organisent une grande fête au cours de laquelle ils dévorent leurs parents. Ensuite, comme ils sont très heureux, ils chantent, ils dansent, ils boivent beaucoup et trinquent en se souhaitant d’avoir leur premier enfant fort tard.
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Aline part sans se retourner. Les épaules un peu rentrée, la démarche ondulant entre féminité et stress. Elle marche vite, elle s'éloigne vite, comme si elle réfrénait une envie de courir, de s'enfuit. Marc la regarde, autrefois elle aurait ralenti, elle aurait tourné la tête pour un dernier regard ou signe de main. Aujourd'hui lui continue de la regarder tandis qu'elle ne se retourne pas à chaque pas, se force à rester droite, les yeux fixés devant et brouillés par les larmes, elle l'imagine dans son dos et c'est terrible... Elle respire les derniers instants où elle existe dans son regard avant de tourner, de changer de rue, de disparaître.
jeudi 1 septembre 2011
654 : mercredi 31 août 2011
Je te donnerai, en mains proprettes et en nature, / Du fil à retordre, et à détordre encore, / Je te donnerai du fil blanc, cassé d’un peu de mauve, / Du fil cassé mais qui se tend encore, / Du fil à couper, / Couteau tiré, au cordeau de tes croyances. / Je te donnerai un fil que tu ne suivras pas, / Quand je serai trop fatigué pour tisser.
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Il serait intéressant de mesurer les réels progrès accomplis par les Buges en matière de santé publique. Mais on manque encore de recul.
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Élise s'évade dans un monde de fées. Tous les soirs, elle oublie l'absence de sa mère en s'inventant des ailes, elle imagine qu'elle vole et que la souffrance du rien peut disparaitre. Son père vient embrasser son visage paisible dans un dernier geste avant la nuit. Il est rassuré de la voir sourire dans ses rêves... Loin de lui l'idée que sa fille déplace le manque.