vendredi 30 avril 2010
169 : jeudi 29 avril 2010
jeudi 29 avril 2010
168 : mercredi 28 avril 2010
Dans la ville inconnue, il s'est ébroué pour chasser le mauvais sommeil d'un coin de compartiment, il a pris sa valise et il est parti, tout droit devant lui, puisque c'était selon le plan le chemin de l'hôtel. Dans la ville inconnue, il allait lentement, guère pressé de lire les instructions qui devaient l'attendre là bas, et il regardait. Les deux hôtels, un rien piteux, de la place, et leurs terrasses vitrées, montants à la peinture verte pour l'un, rouge sombre pour l'autre, écaillées à l'unisson, les façades mornes et leurs crépis beige plus ou moins souillé, quelques boutiques sans charme, des groupes de minots qui s'interpelaient d'un trottoir à l'autre, avec bonhomie, défis sans importance et pétarades de mobylettes immobiles, juste pour ponctuer, les cageots d'un marchand de légume et une belle fille qui souriait en passant les mains sur son tablier et ses hanches. Et puis, plus loin, quelques massifs de fleurs sages, une librairie, des boutiques de mode aux enseignes familières, avant la grande place aux tables serrées, bien rangées, ponctuées de parasols encore fermés, bataillon en attente des clients du mitan du jour.
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mercredi 28 avril 2010
167 : mardi 27 avril 2010
mardi 27 avril 2010
166 : lundi 26 avril 2010
lundi 26 avril 2010
165 : dimanche 25 avril 2010
La lourde porte de bois s'est ouverte avec un petit déclic électrique qui sonnait péremptoire et banal. Le père s'est penché, a repris la valise et ils ont pénétré sous la voute blanche. Gérard regardait avec une attention passionnée et tremblante devant lui, au delà de la seconde arche. Elle s'ouvrait sur une cour dont l'amplitude exagérée leur est apparue en avançant dans l'ombre dorée de ce vestibule. Elle semblait s'étendre en largeur d'une façon que le garçon a pensée démesurée, sans limite visible. Au fond la façade était blanche, classique, régulière. Deux rangées de fenêtres, rectangulaires et hautes, plus carrés, mais toujours sans ornement autre qu'une moulure en simple doucine, pour la rangée supérieure, dominaient une série de porte-fenêtres arrondies, d'une perfection froide. Un peu à gauche de l'axe qui allait du vestibule au centre du bâtiment, un grand conifère sombre s'élevait, les branches les plus basses s'étendant doucement, en courbes gracieuses. Gérard lui a souri, un peu, comme à un futur ami, gardien, protecteur. Il a cherché la main de son père, a blotti la sienne en son creux, l'a pressé, un peu, timidement, et il levait les yeux vers l'homme, les lèvres prêtes à un sourire. La main a répondu, une fois, fermement. L'homme n'a rien dit, ou plutôt juste, comme ils débouchaient dans la cour : « Tout va bien se passer tu verra... Tiens toi droit... toujours, tu sais », et comme c'était un petit mot de passe entre eux, Gérard a souri, sans s'apaiser.
dimanche 25 avril 2010
164 : samedi 24 avril 2010
samedi 24 avril 2010
163 : vendredi 23 avril 2010
vendredi 23 avril 2010
162 : jeudi 22 avril 2010
jeudi 22 avril 2010
161 : mercredi 21 avril 2010
mercredi 21 avril 2010
160 : mardi 20 avril 2010
mardi 20 avril 2010
159 : lundi 19 avril 2010
Le Type au fond du couloir (6/6) Un matin d'avril, le réveil de l'historien n'a pas sonné. La veille, à sa propre demande, il s'était fait interner au centre de soins psychiatriques de Besançon, sa ville natale. Quelques semaines plus tard, le plasticien de la 312 nous apprenait que les visites demeuraient limitées au cercle familial et que, dans l'état actuel des choses, le corps médical s'opposait catégoriquement à lui rendre son matériel à dessin.
lundi 19 avril 2010
158 : dimanche 18 avril 2010
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dimanche 18 avril 2010
157 : samedi 17 avril 2010
samedi 17 avril 2010
156 : vendredi 16 avril 2010
Dans certaines circonstances le recours à la connaissance est une chute dans la faiblesse qu'on aspire à dissimuler par la connaissance dont on se pare comme consistance, celle là même à laquelle il est faiblesse de recourir. C'est un écran de fumée qu'on ne déploie que pour cacher, et qui donc montre en dissimulant, montre qu'il dissimule puisque sa monstration signifie une dissimulation. Le croton coccymelophyllus est une plante du genre croton et de la famille des euphorbiaceae, elle est présente en Nouvelle-Guinée. Sergueï Priakhine est un joueur de hockey sur glace russe né en 1966 qui pratiqua son sport en URSS, au Canada, aux USA, en Suisse, en Finlande, au Japon et en Russie. La première représentation connue d'un étrier dans une tombe de la dynastie chinoise Jin eut lieu en l'année 322 du calendrier Julien. Que brûle-t-on pour obtenir cette fumée dont on fera écran ? C'est une fumée dont on tire perpétuellement les fils inépuisables qui s'entremêlent. Et dès lors, l'écran s'avère être encerclant et spiralant, et si l'on tire abondamment sur les fils de l'écran de fumée de la connaissance on peut obtenir une tornade. Une chute dans la faiblesse qui s'avoue en dépit d'elle-même se révélant alors plus puissante que la force.
vendredi 16 avril 2010
155 : jeudi 15 avril 2010
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jeudi 15 avril 2010
154 : mercredi 14 avril 2010
mercredi 14 avril 2010
153 : mardi 13 avril 2010
Il n'est pas de vide, mais de moindres pleins au sujet desquels nous nous méprenons. L'intégralité de ce qui nous est permis est un agencement de pleins plus ou moins denses, notre milieu est indépassablement plein, de telle sorte que nous ne saurions être mieux définis et désignés que : celles et ceux qui existent dans le plein - redessinant ainsi pour nous-mêmes les contours de la communauté dont nous sommes part, y faisant figurer non moins légitimement que nous mêmes de nombreux êtres que nous avions frappés d'étrangèreté en vertu de critères erronés - davantage erronés. Le milieu qui nous est consubstantiel - le plein - a pour envers fatal : que notre perception et toutes nos possibilités de connaissance et d'imagination sont placées sous l'emprise totale de l'opacité. L'intensité variable de l'opacité dans laquelle nous pensons et éprouvons nous fait croire en la transparence, nous fait à tort tenir la transparence comme référence et forme de la sensibilité et de l'intelligence. Nous tenons la déperdition de la transparence dans l'obscurité de la distance comme accidentelle et inessentielle, à l'exact envers de la réalité du monde : les brusques s'en vont pour les arrachées qui pendent.
mardi 13 avril 2010
152 : lundi 12 avril 2010
lundi 12 avril 2010
151 : dimanche 11 avril 2010
dimanche 11 avril 2010
150 : samedi 10 avril 2010
samedi 10 avril 2010
149 : vendredi 9 avril 2010
vendredi 9 avril 2010
148 : jeudi 8 avril 2010
Aujourd’hui la joggeuse est arrivée le long du canal à huit heures pile, comme d’habitude, en survêtement rouge, rythmant énergiquement son talon-fesse et balançant sa queue de cheval en cadence. En repartant, elle a croisé la vieille clocharde fagotée de vêtements superposés qui s’avançait sur le quai en bougonnant, les mains croisées derrière le dos. Celle-ci s’est s’assurée par un long regard qu’elle était seule au bord de l’eau, en contrebas de la voie de circulation ; alors d’un mouvement preste, elle a soulevé jupes et jupons, ô la sale, pour faire pipi, au vu des huit étages de l’immeuble en surplomb. La journée, ensoleillée et tranquille, s’est écoulée entre péniches et bateaux mouches, promeneurs et chiens en goguette. Vers 19 heures, un homme à casquette est arrivé, chargé de sacs. Ignorant des avatars du matin, il a installé au bord de l’eau un carton en guise de table, qu’il a recouvert d’une nappe blanche, verres à pied et bouteille de vin… Puis il a patiemment attendu sa dulcinée. Et cette nuit, à 3 heures du matin, une voiture s’est arrêtée, une porte a claqué, des éclats de voix : une dispute entre le conducteur et sa passagère : sa femme ? Sa maîtresse ? Son associée ? La voiture a démarré en trombe, les pneus crissant, abandonnant madame les bras ballants sur sa jupe plissée, désemparée et vacillante sur ses talons hauts. Alors est arrivé un camion, 18 tonnes de livraison, qui l’a dépassée, a ralentit et tout doucement fait marche arrière pour revenir à sa hauteur : hé, hé, hé… Elle est partie au trot. C’est la vie des quais du bord du canal. Je l’observe tous les jours derrière la baie vitrée de mon salon, dans mon appartement du premier étage.
jeudi 8 avril 2010
147 : mercredi 7 avril 2010
Agnès regardait le dos de Guillaume, un peu vouté, mais si peu, et la distance entre eux se creusait. Elle refusait de s'exténuer à essayer de la réduire, ou même de la maintenir. Elle s'agaçait, un peu, de sa vieille veste de cuir un peu éraflée, savait le soin qu'il avait apporté, comme sans le savoir, au reste de sa tenue. Son éternel dandinisme. La petite colère, un rien sur-jouée, le pauvre chéri, qui le faisait bougonner à l'idée de la fête organisée par leurs enfants pour cet anniversaire ; elle avait plaidé, s'était moquée de lui, légèrement, sans trop appuyer, avait insisté. Ce dos. Elle lui souriait. Elle le revoyait disant, ce matin, en entrant, venant du jardin, bottes sales sur carreaux nets, dans la cuisine où elle rêvassait devant une tartine de miel, que, puisque c'était comme ça, et puisqu'il semblait que ça se fêtait ces cinquante ans de mariage, il ne supporterait tout le ramdam qu'ils allaient organiser les autres – elle avait froncé les sourcils – il avait répété « les autres » avec un petit sourire de sale gosse malicieux – il ne jouerait les patriarches comme ils le voulaient que si, auparavant, ils la faisaient tous les deux la fête, et que, pardon, elle savait bien, l'imagination ce n'était pas dans ses cordes, il l'emmenait dîner ce soir, chez X, ça lui allait ? Bon, il allait téléphoner pour réserver – et il était sorti. Elle avait soupiré, il ne changerait pas ; elle avait soupiré plus doucement, c'était gentil. Il marchait tout de même vraiment trop vite. Il l'avait oubliée, il fonçait vers le but qu'il s'était fixé. Elle a trébuché, et à ce moment il s'est retourné. Il l'a toisée « Vous venez ? ». Elle a murmuré « Vous allez trop vite, toujours, mon Chéri ». Il a souri. Il lui a pris le bras. Ils sont repartis. Ils passaient devant un manège, absurdement vieillot, comme ceux qui avaient accueillis leurs parents. Elle regardait les chevaux. Il l'a regardée. Elle a pensé « Vous vous souvenez ? ». Il a dit « Vous étiez négligeable. C'est dix ans plus tard que vous m'avez forcée à vous voir ; vous étiez charmante ». Elle a répondu « Vous étiez une petite brute » - « Déjà ? » - « Déjà. » Ils ont ri.
mercredi 7 avril 2010
146 : mardi 6 avril 2010
mardi 6 avril 2010
145 : lundi 5 avril 2010
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