“Hé, Léon, s’exclama le jeune Charles, on dirait que toi et Binet vous seriez les bouviers et pis que moi et Emma on serait les Indiens !”
samedi 31 mars 2012
849 : vendredi 30 mars 2012
vendredi 30 mars 2012
848 : jeudi 29 mars 2012
Si l’on y regarde à deux fois, les Dériveurs n’ont pas grand-chose à regretter. Ils sont partis de nulle part et n’arriveront pas ailleurs. C’est à se demander de quel chapeau ils sortent toutes ces patries perdues pendues à leurs violons.
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Peut être quelquechose de mécanique, peut-être quelquechose de réflexe. Quelquechose d'une réciprocité. C'est toujours ça... Peut-être un acte intentionnel, un comportement dirigé. Un ensemble. C'est sûrement un ensemble. Une impression, oui. Quelquechose qui se reflète, ou se projette. Peut-être.
jeudi 29 mars 2012
847 : mercredi 28 mars 2012
Jean dit, il y a les rimes, le cirque, l'esprit, et il y a la musique », oui da, il y a les lieux où, les interrogations devant un programme, les incultures et les nouveautés, il y a l'argent, il y a les durées de trajets, il y a la curiosité, il y a les souvenirs mêlés, il y a un programme, il y a des souvenirs, il y a des mots, il y a l'imagination, il y a regarder son nez et les idées qui chevauchent l'inconnu, l'impossible, l'attente, il y a un frison de plaisir, il y a un début de migraine, il y a la cendre qui tombe, il y a les plantes à arroser, il y a l'eau qui frisonne pour le thé, il y a recopier liste de ce qui ne pourra pas être, qui sera peut-être, de ce qu'on se risque à vouloir, il y a laisser infuser liste et thé, il y a commencer à calculer budget en buvant le thé.
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Chantal a des lèvres fines qu'elle mordille inconsciemment. Ses cheveux raides et fin tombent en lumière sur son visage, cachant ses yeux noisette assombris d'inquiétude. Ses ongles sont immaculés, mais les peaux autour rongées et son pieds bat la chamade sous son tabouret en bois. Elle se dit que l'attente est inutile, qu'elle devrait se lever et courir à la rencontre de ce qu'elle attend. Chantal a des mains fines qui pianotent son impatience. Son âme est immobile, son cœur s'arrête : le téléphone sonne.
mercredi 28 mars 2012
846 : mardi 27 mars 2012
Les Consommés sont parfois sommés de répondre à leur nom. Ils découvrent alors l’appel du vide et rêvent, mais trop tard, de consumation.
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J'ai rêvé que je te croisais dans le métro, enfin je crois, au réveil je pouvais sentir les larmes me brûler les joues. Il y a cette pensée qui me colle à la peau. Je voudrais ... (te revoir) ... Et quand la tempête est finie, que les torrents dans mes yeux s'assèchent, la petite voix de la sagesse me dit : Que c'est fini Que c'est passé Que c'est comme ça. La vie. Et que j'en aurai bien d'autres à pleurer.
mardi 27 mars 2012
845 : lundi 26 mars 2012
Jean a dit « il y a les nombres, les gammes, les bataillons, les rimes » - il y a les rangs de salades à repiquer, il y a les bouteilles au dessus du bar, il y avait les enfants en sarraus devant les portes des classes, les perles, les livres en rayons, et les petits pots de jacinthes à la sortie des supermarchés.
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Nous sommes tous perméables : qui apprend le plus, aujourd’hui à l’école ? Les enseignants. Boutade ou vérité ? Et pourtant, il y a une cathédrale fort renommée dans les deux villes (Rouen et Reims)… Pas d’affolement : l’intensité carbone va réchauffer le climat !
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lundi 26 mars 2012
844 : dimanche 25 mars 2012
Les Cascadeurs s’occupent de tout. Ils subissent pour vous les scènes de rupture les plus indigestes, dans le rôle de l’interrupteur ou de l’interrompu, assènent à vos enfants les conseils auxquels vous ne croyez plus depuis longtemps, ils tuent le père, ressuscitent la mère, et font même le contraire. Ils peuvent, à votre place, commettre les horreurs du secret de l’urne, aboyer sur toutes sortes de vieux chiens larmoyants ou faire la roue sans virer au pourpre devant des dindes de haute volée. Pour connaître leurs honoraires, merci de laisser vos coordonnées à la rédaction (convoiglossolales[arobase]gmail.com).
samedi 24 mars 2012
843 : vendredi 23 mars 2012
Les Soupirants et les Pourrissants ne sont pas sur un bateau. Personne ne tombe à l’eau et il n’y a rien à deviner. La vie fait son job et Job fait sa vie.
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“Et toi Léon, c’est quoi ton life motif ?”
vendredi 23 mars 2012
842 : jeudi 22 mars 2012
Chantal saisi la vague de béatitude qui la submerge pour s'oublier vers un sommeil profond. La lumière miroite encore sur les murs blancs donnant sur le jardin. De la fenêtre ouverte, des sons portés par la brise s'emmêlent en un brouhaha apaisant. Il y aurait tant à faire encore... Chantal ferme les yeux sereinement, sachant que tout sera encore là à son réveil.
jeudi 22 mars 2012
841 : mercredi 21 mars 2012
Les Péripapéthyliennes se font payer pour boire. On leur remet de l’argent et elles déglutissent, avec un effet de conviction variable, des liqueurs plus fortes que la guerre, des champagnes dorés ou des petits vins de pays. Il arrive que certains cœurs rincés se délestent de sommes colossales pour les regarder seulement contempler un verre d’eau. Lorsque leur foie a atteint un volume respectable, les Péripapéthyliennes se muent en Courtetisanes. On dit alors qu’elles ont pignon sur rue.
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Jean a dit « le pain et le sel », et j'ai vu une table de bois, des étains, des torchons, de grandes vasques de terre cuite grège, avec un ourlet brun et un petit filet rouge sombre, des couteaux, une corbeille de pommes de terre et une pile d'épais filets de morue à la chair ivoire jaunie sous le blanc du sel.
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Une lumière pâle et violente me transperce les paupières, j'ai probablement encore oublié de fermer les volets. En me retournant l'aiguille de la perfusion s'enfonce dans ma chair, je pousse un cri de surprise. Tu n'es pas à la maison. L'électrocardioscope bipe. C'est énervant. Je sens une effervescence mais mes yeux ne veulent pas s'ouvrir, des gens murmurent. Une main se pose. Je reconnais le parfum, je le reconnaîtrais n'importe où: Boucheron. Je me souviens qu'elle était triste parce qu'ils vont arrêter de le fabriquer. Je me souviens toujours des détails insignifiants. L'électrocardio
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Enceinte, la femme disparaît et devient "expectante", elle entre dans la vie, la vie qu'elle donne, la vie qu'elle va recevoir. Enceinte, mère, la femme entre dans la mort, car de son existence quelqu'un, quelqu'un d'autre dépend d'elle, qu'elle le veuille ou non. Car une personne vient désormais après elle dans les chaînons de l'humanité, quelqu'un dont elle est le pare-feu entre la vie et la mort, jusqu'à sa propre disparition. Même une femme sous X sait ça, son existence, sa chair, est liée à jamais à un autre être qui marche loin d'elle, près d'elle, elle ne le saura jamais, mais cet être est là et ne l'aurait été sans elle.
mercredi 21 mars 2012
840 : mardi 20 mars 2012
L'idée d'une journée vide plaît à Marc : ne prévenir personne et disparaître, s'asseoir sur un banc de verdure et oublier le temps.
mardi 20 mars 2012
839 : lundi 19 mars 2012
Ce matin, les Archivistes me faisaient remarquer que les Nolovolo et les Salivants avaient un penchant partagé pour le déchirement musical.
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Jean a dit « il y a le sourire, il y a le pré, la pluie, la salsepareille » j'ai dégusté salsepareille et j'ai interrogé le jardinier qui donnait un air de campagne folle aux bacs de ma ville et il a nommé le pissenlit, le coquelicot, le bleuet, l'ail des ours, la renoncule et la pâquerette - des images me sont venues – me suis perdue en entendant l'achillée mille feuille et l'achillée noire, l'ononis coquecigrue, l'orphys araignée, la dorine, la douce-amère (j'ai savouré mon semblant de science mais n'ai rien vu), la drave printanière, la ravenelle, la xatardie rude, l'alchemille argentée, de Grenier ou des prés, l'adonis d'automne, l'ancolie, l'ambroisine, l'andromède – j'ai dit mais ce n'est pas une plante ! - il a dit mais si, aussi – le sabot de Vénus, le nombril de Vénus, la samoie, le narcisse – oui - à feuilles de jonc – ah ? –l'arrête-bœufs, l'éperviaire, la benoîte des ruisseaux, la gesse annuelle, l'arabette hirsute, le capuchon de moine, l'astragale queue de renard, la campanule – j'ai dit ah oui – il est parti.
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lundi 19 mars 2012
838 : dimanche 18 mars 2012
dimanche 18 mars 2012
837 : samedi 17 mars 2012
Les Revenus-de-tout s’éclipsent, mon œil, aux premières lueurs, mais reparaissent telles des outres lunaires quand le soir tombe comme un caillou.
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Bien sur, il lui serait plus facile de nier l'évidence, de tourner le dos au vrai et de s'oublier dans une invention lisse et factice d'une réalité illusoire. Marylène cherche le sang de ses mains à travers ses ongles : il faut que la douleur soit, quelque part, pendant que son visage trop maquillé sourit à s'en craqueler.
samedi 17 mars 2012
836 : vendredi 16 mars 2012
Léon tenait moins du vieux chêne que de l’écorcé vif.
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Jean a dit « il y a l'air, le feu, la cendre et l'eau », j'ai pensé que le savon était plus pratique et empoigné un nouveau cube de Marseille, si dense qu'il froissait ma paume.
vendredi 16 mars 2012
jeudi 15 mars 2012
834 : mercredi 14 mars 2012
Jean a dit «il y a la confiture de rhubarbe, il y a la mer calme au crépuscule, il y a les sourires, il y a les toits sous le soleil », il y a les lauzes, le calcaire, les schistes, il y les toits-citernes, il y a le zinc mais il y a les ardoises d'Angers, il y a le chaume, le roseau ou la paille, et il y a les tuiles de terre cuite, les tuiles à emboîtement, les tuiles Arboise rectangulaires, les tuiles à relief, les tuiles pannes et les tuiles plates, les petites tuiles écailles émaillées, les tuiles plates longues, les tuiles petit moule et il y a les tuiles canal, posées au mortier ou avec une chanlate bois, les tuiles imbrices rose très pâle, verdies, ou beiges, il y a les tuiles canal préfabriquées qui n'en sont pas, comme le canada-dry qui n'est pas je ne sais quoi, il y a les tuiles de bois et les tuiles de marbre et maintenant il y a les tuiles solaires.
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Du jour où elle se libéra des mots des autres, la voix de Rosalie pris un timbre plus léger, plus grave. Elle chantait d'une brise nouvelle portant l'odeur d'un renouveau, loin des aigüs crispé d'un diaphragme compressé d'angoisse. Rosalie se découvrit un rire sonore, et savoura aussi les doux chuchotements des fins de soirée printanières.
mercredi 14 mars 2012
833 : mardi 13 mars 2012
Les Paragraphes voudraient bien……………..oseraient bien……………..ils se verraient bien……………………des copeaux……………dans la…………..mer… ils rêvent……….. de poudre de ciel………………..d’étoilements………………….de désert……….ils se mettraient bien……………………du vide……… dans la panse………………………..du blanc…………entre les………………..maux…………ils se……………………………… feraient………….simples……………d’esprit…………… pour………………………………. laisser………….passer………….la lumière…………….Mais Niet ! La règle c’est la règle.
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Charlotte laisse le sel couvrir son visage. Ces jours sans sommeils, ces heures de tristesse... Elle aimerait tourner son visage vers le soleil et s’imprégner de l'absence. L'absence de souffrance, de bruit, l'acceptation de ses croix quotidiennes. Aujourd'hui, Charlotte ne sait que croire hormis que son seul salut passera par elle.
mardi 13 mars 2012
832 : lundi 12 mars 2012
Et le Saint-marcellin ? Bonne idée ! De faire fortune, pour redistribuer ensuite le profit aux plus nécessiteux ? Like it too ! Pas de place pour les autres, alors… Idem, mieux encore : 111 111. Et la littérature est utile à tous les âges de la vie.
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Elle termine cette journée triste sur un éclat de rire. Anne savait faire cela, se tourner vers la lumière des choses et l'espoir d'un ailleurs.
lundi 12 mars 2012
831 : dimanche 11 mars 2012
La Poule d’Eau se demande souvent qui de la Poule ou de l’Eau. Mais elle finit généralement par se dire que si la réponse est dans la question qui est dans la réponse qui est dans la question, autant se taper une omelette.
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La gorge nouée, elle s'avance dans l'allée ombragée bordée de peupliers, puis d'un fossé, d'une butte, et de champs. A perte de vue, le soleil asséchant les cultures, et cet amas presque opaque de poussière qui reste près du sol sans jamais vraiment retomber. Protégée par ce qu'il reste d'arbre, elle regarde la campagne désolée, les tiges qui cassent au vent, tant d'heures de travail disparues en si peu de jours...
dimanche 11 mars 2012
830 : samedi 10 mars 2012
Jean a dit «il y a l'ordre, il y a la sagesse, il y a la lecture, il y a la mesure et la beauté» et il y a la rondeur un peu sale d'ancienneté des quatre gros fruits alignés sur un banc, en belle ordonnance, que l'on regarde, debout, comme des défis.
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Les mots s’abattent sur elle en une avalanche brutale. Il n'y a pas d'issue possible, pas d'alternative. Elle laisse les cris fondre sur elle, égratigner son estime et sa confiance en elle. La voix qui la domine résonne rageusement, chaque virgule creuse un bleu sur son âme et chaque point défonce l'espoir.
samedi 10 mars 2012
829 : vendredi 9 mars 2012
Les Sirènes de
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Météore [de la beauté], toute sa vie, depuis le premier souffle et le premier œil percé de lumière et enseveli sous le monde, et ses rumeurs et ses parfums, et son immanquable remuement, permanent, perfide et permanent, mais aussi depuis le premier souvenir, pas le premier choc, mais sans doute le premier trauma, qui est un choc formulé avec du corps, et puis enfant, dans la grande solitude de l’enfance, puis jeune adulte, dans l’idiotie de cet âge, et puis vieillissant car vient un point où il n’y a plus rien d’autre que le pire en marche, il avait poursuivi claudiquant [quelque chose] qu’aucun autre de ses contemporains, de ses voisins, de ses pairs, n’avait semblé jamais pu même soupçonner l’existence, n’avait semblé jamais ressentir la pression ou n’avait semblé jamais dû éprouver la nécessité, ce longuement-frôlement d’une présence, d’une présence invisible, inodore, non physique, une présence justement de ce qui ne se satisfait pas d’être seulement matériel, justement de ce qui ne se résout jamais à être seulement ramené à de la présence, mais au contraire quelque chose fait [d'éphémère] dont le compagnonnage permettait d’avancer tout à la fois, comme il inquiétait toujours, et cette compagnie n’était pourtant pas pesante, ne pouvait l’être, comme éphémère, mais permanente pourtant, immatérielle et pourtant sensible, et cette compagnie murmurait à l’endroit des clous du destin, là où dans la vie on s’engage vers quoi on ne peut reculer, cette compagnie revêtait un caractère tout autant surnaturel, étranger plutôt, comme un hôte, comme un rythme, comme un pouls qui se laisse oublier[et fondamental], comme tous les organes savent le faire et toutes les machineries de précision qui ronronnent, clignotent et s’agitent à l’intérieur, sans qu’on en aie jamais ni conscience, ni peur, ni envie, sans qu’aucune sensation particulière ne se fasse jour, ou alors si dans la maladie, la maladie qui justement enrayait l’engrenage, mais de ce point de vue là on peut dire qu’il a été plutôt épargné, ce qui lui laissait présager que, compte tenu que chacun mérite son lot de souffrance sur la terre, il ne serait pas d’une vieillesse profonde, et là il se trompait, puisque justement il avait entendu, on peut bien le dire à présent, la musique [que seuls les morts], c’est-à-dire la presque totalité des contemporains, des voisins ou des pairs, c’est-à-dire la foule infinie et l’armée la plus grande, que seuls les morts [ou leurs semblables], c’est-à-dire tous les autres, les vivants les souffreteux, les déployants les renfrognés, les bavards les silencieux, les uns et les autres, les bons comme les mauvais, les seuls et les plusieurs, cette musique était cette compagnie, ce fond sonore constamment allumé sur la paysage et les reliefs du corps, que tous [pouvaient entendre] et pouvait s’y rendre, et l’affirmer haut et fort, maintenant, c’était chose acquise, c’était ce pourquoi il avait vécu, souffert, s’était battu, s’était levé contre, s’était levé, avait pris la parole, avait combattu, avait dit non, c’était à présent évident, maintenant le oui.
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Avachie sur le strapontin, la peau contre la vitre, elle lève les yeux pour regarder le ciel par delà les arbres. Le train a ralenti et les branches des allées campagnardes ponctuent le soleil dans une danse sereine. Elle reste ainsi des heures tandis que les kilomètres filent, à sentir les vibrations et les cahots, le regard dans la lumière encore froide de la fin de l'hiver.
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Jamais Léon ne vit sortir la vérité d’un puits de science.
vendredi 9 mars 2012
828 : jeudi 8 mars 2012
La nuit tombée, Théo regarde les ombres jouer sur son mur. Sa fenêtre n'a pas de volets, et la lune s'ingénie à filtrer au travers de branches des arbres, pour composer des contes terrifiants et des monstres dégingandés.
jeudi 8 mars 2012
827 : mercredi 7 mars 2012
Les Petits Proèmes ont une vie agitée. Ils sont encore en culotte courte lorsqu’une main mal avisée les pousse dans le décompressoir. Ils deviennent alors filandreux et renoncent au riche avenir. Ils s’éparpillent en notices d’installation de chasses d’eau, en recettes d’œufs cocotte, en états des lieux, en particules élémentaires, en boniments stupéfiants, en calibres oiseux. Ils sont la proie des Prouts. Mais il advient, qu’au bord du chemin, un Proète les percute sur son cheval preux, leur botte un peu le cul et recolle les morceaux.
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Sophie se sent enveloppée d'un manteau de fatigue... Ces quelques heures avec Emilie l'ont drainée de toute envie. Emilie est petite et redondante, son regard maronnâtre fixe désagréablement les autres sans jamais être tout à fait en face. C'est désarmant et c'est fatiguant. A moitié allongée sur son canapé, Sophie sent ses yeux qui brûlent doucement d'un manque à venir. Il n'est que neuf heures et pourtant l'idée même de se lever pour rejoindre son lit lui semble un effort impossible. Elle fourrage doucement dans sa masse de cheveux noirs et épais, envisage le sommeil, regarde le plafond.
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Jean a dit «il y a la musique, il y a le bois, il y a le vent, il y a les livres», il y a les textes sur papier bible, sur journal, ou écran, en livres brochés et il y a les reliures qui dorment dans de grandes bibliothèques de bois ciré et ouvragé, il y a les cuirs luisants d'une douceur mate, le plein veau, le chagrin, les basanes froissées, mouchetées ou volutées, les bigarres, le maroquin, le veau mort-né, la chèvre liégée et la chèvre velours, la vachette, et puis l'autruche, le galuchat, le requin, et les parchemins d'agneau, de chevrette ou de veau, colorés et jaspés, il y a les mosaïques, le marquage à froid, les filets, les fleurons, les nerfs, les inclusions, les dorures à la feuille à la volée, la dorure au balancier, l'endossure, la jaspure, il y a des reliures pour des textes essentiels, pour des almanachs, pour la simple beauté des rangées serrées dans le chêne.
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D'un pincement de lèvre le mauvais génie fut nourri en même temps que l'encre gagnait la plume. Tout était près. Ne manquait plus que le bandeau ... et le mur.
mercredi 7 mars 2012
826 : mardi 6 mars 2012
Ses yeux s’animent sous la pluie grattant les vitres. Nous sommes à l'intérieur sous la véranda. Allongés, main dans la main et le regard au ciel à essayer de ne pas vaciller devant l'eau s'abattant vers nous et se brisant sur les parois lisses et transparentes. Il fait froid. Elle grelotte. Il suffirait de peu pour la réchauffer...
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Tu m'as manqué. Je ne te dirai pas toutes ces choses que tu n'as pas envie d'entendre. Tu m'as manqué. J'ai pris tout cet amour qui n'allait nulle part, je l'ai pris et je l'ai compressé. Il est entré dans cette boite, dans la chair et j'ai jeté la clé. C'est tellement bon de te savoir ancré, à jamais, comme la chaleur qui court quand je te pense au loin. Je ne crois pas qu'on ne puisse jamais se quitter. Mais je ne crois pas à ce que je crois. Je crois que je t'ai manqué.
mardi 6 mars 2012
825 : lundi 5 mars 2012
Les Médisants n’en pensent pas moins.
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Ses mains sentent le jasmin. Depuis tout à l'heure, elle cherchait le nom de cette odeur persistante, quoique légère. Ses mains dégagent l'odeur d'un thé vert du Japon de façon incompréhensible. Elle passe en revue ses crèmes, son maquillage, ses geste routiniers du matin. Ce qu'elle a manipulé, ceux qu'elle a croisés, câlinés ou embrassés. Cette odeur persiste quoique rien ne l'explique. Peut-être est-ce un effet de l'arrêt de la cigarette, un délire olfactif provenant tant du manque que de la redécouverte des sens.
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Jean a dit «il y a les cloches/ il y a les oignons, blancs, paille ou violets, il y a les échalotes grises, il y a les échalotes blondes, l'ail frais/ il y a les murs de pierre, il y a les maçons/ il y a la lumière/ il y a les violons, les violoncelles, les luthiers» et j'ai dit «il y a les bourdons, les petits oignons frais, la brique, la nuit et le doux hautbois» et nous nous sommes tus.
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Il n’est pas rationnel de sentir coupable lorsque l’on est victime. Ce sentiment renvoie sans doute à l’époque (Moyen Age) où l’on se mettait en danger pour découvrir le vaste monde : on trouvait un immense plaisir à prendre la route, mais les bandits attendaient au détour du chemin et on le savait… Dormez, vous me direz votre prénom demain matin.
lundi 5 mars 2012
824 : dimanche 4 mars 2012
Un enfant disait "J'aime bien Cendrillon, elle est comme un alpage au printemps". Un autre chantait "La belle au bois d'Ormes" vit dans une forêt magique. Le troisième avait déjà appris à se taire. Devant eux un aveugle criait "ça n'a rien à voir", arrachant les yeux de tous ceux qui passaient à sa portée.
dimanche 4 mars 2012
823 : samedi 3 mars 2012
La musique des Salivants est triste comme une lune fondante. Le miel de la mort y coule en vastes ondées, généreusement saupoudré de regrets amers et de remords mal cuits. Qu’une seule volée de notes s’échappe de leurs flûtiaux et le plus endurci des cœurs tombe à la renverse. C’est pourquoi on a fini par leur interdire toute activité musicale. De temps à autre il arrive que l’un d’entre eux lâche encore vite bien fait une trille déchirante (pardonnons-le, il n’a pas pu s’en empêcher). On se contente alors de presser le pas, en écrasant une larme agacée.
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Jean a dit « il y a les violons, les violoncelles, les luthiers », il y a le choix des bois, il y a la forme qui a perdu au fil des siècles l'angle du manche, il y a le vernis, le chatoiement veiné, il y a les grands luthiers italiens Antonius Stradivarius, Paolo Maggini, il y a un violon de Louis Mangenot de 1830 au courbes pleines, un violon presque noir de Marchal un peu plus vieux, et un blond très clair de Claude Chevrier, aux lignes un peu raides, et ils sont tous les trois de Mirecourt, un brun sombre presque mort au timbre chaud, de Hopf, un classique de Charles Gaillard à Mirecourt de 1867, restauré, un beige doré foncé de François-Hippolyte Causse de Neufchâteau, un H. Clotelle de Mirecourt, presque rose, un caramel sombre de Franz Petz ou son entourage, qui date de 1764 et dont les ouïes sont contournées avec charme, il y a le galbe des voûtes, il y a les filets en ébène, en poirier, en baleine, il y a si l'on veut les parties blanches en houx, en charme ou en buis, il y a la barre d'harmonie, la caisse de résonance, les éclisses, les tasseaux, les coins, il y a la taille de la volute, le chevillier, le sillet, les chevilles et la touche, il y a la colle et puis l'encollage de gélatine ou blanc d'œuf sous le vernis, il y a le bouton et puis il y a l'âme, et il y a les cordes. Il y a ceux qui fabriquent l'archet, et celui qui le choisit. Il y a aussi les mains toutes les mains, jusqu'à celles de l'instrumentiste, il y a l'apprentissage, l'amitié entre l'homme et l'instrument, il y a moi qui essaie d'écouter.
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1, 2, 3, les internets sont un monde minuscule. On se chasse, on se perd, tu me retrouves, je t'évite, je me mens, tu fais semblant, je souris, peut-être que toi aussi, je m'évade, on se cache, on s'ignore, je te guette, je me fais violence, tu liras, je déménagerais, multiplie, multiplie les secrets. 1, 2, 3, cliquera, cliquera pas.
samedi 3 mars 2012
822 : vendredi 2 mars 2012
vendredi 2 mars 2012
821 : jeudi 1er mars 2012
Les Charlanta Bronca n’ont rien à voir avec le groupe de Meringué du même nom. Ils sont les membres uniques d’une secte unique où l’on joue aux osselets avec ceux de ses morts en proférant des mots stridents entre ses dents. Dans cette confrérie chacun boit encore tout le sang d’un autre quatre fois par jour, quand le sang de chacun, c’est de bonne guerre, quatre fois par jour est pompé jusqu’au dernier gama. On s’encomate et on se ressuscite à grandes lampées d’amour sucé, sur un fond musical douteux et un peu trop fort à mon goût.
jeudi 1 mars 2012
820 : mercredi 29 février 2012
J’ai voulu croire que tu m’avais brisée. Que c’est ta perte qui avait causé la douleur. Je me suis menti ouvertement, le vide était là avant, tu m’a juste donnée de quoi me remplir un peu le cœur. On pensait que les gens ne changent pas leur nature profonde et tu avais sûrement raison. J’étais échouée avant de te connaitre, je ferai naufrage dans d’autres lits et l’histoire se répète. On a tous une certaine capacité à se combler dans les écornures l’un de l’autre, la mienne doit être réduite ; la faute à personne. Je ne changerai jamais ces creux qui rongent et m’ulcèrent, la morale c’est qu’il faut apprendre à vivre avec, et sans toi.
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Les Pleurottes naissent dans le cœur des crocodiles et s’y délectent longtemps de chagrins humides et muets.