Combien sommes-nous à nous tromper là-dessus ? Il reste ses œuvres, j’aurais dit. A-t-on besoin d’être injurieux pour se faire entendre ? Circonstance atténuante, si tout cela (les faits et l’article) s’est passé un 1er avril.
mardi 28 août 2012
lundi 27 août 2012
965 : dimanche 26 août 2012
Ce
matin là, pendant qu'ils étaient le nez dans leurs bols ou se disputaient en
silence le pot de miel, leur mère leur dit « bonne nouvelle : votre tante
Mathilde et ses enfants viennent déjeuner », et après un moment de silence et
de regards coulés de l'un à l'autre, « ne montrez pas trop votre joie », et
puis « regardez moi », et puis « je compte sur vous », et puis à l'aînée « toi
tu restes là et tu veilles sur eux », et puis aux jumeaux « je ne veux pas vous
voir filer dans votre chambre » et à tous « vous verrez, ça va être une très
belle journée » et puis « souriez », et puis « je ne veux pas voir ces sourires
entendus ».
samedi 25 août 2012
964 : vendredi 24 août 2012
De
côté, assise, de dos, sans bouger : une vieille femme posée-là en direction d'une autre ville. A travers la fenêtre ça circule :
paysage en mouvement, vers ces fragments d'arbres. Figé-là un visage : face à
face. Peut-être que tu n'y es pas encore, il y a cette sensation d'un bruit
sourd : tunnel. D'un autre moment qui arrive : pluie forte. D'un mouvement en
continu, de passage : des paysages déjà qui disparaissent. Mais j'y suis.
vendredi 24 août 2012
963 : jeudi 23 août 2012
Les
hommes de nulle part se réunissent les uns les autres, en conciliabules, à
certains moments déterminés. Autrement, hormis ces rares conciles ils ne se rencontrent jamais. D'au dehors on
pourrait penser qu'ils se font la guerre, font de l'histoire pour construire la
géographie, constituent territoires et cultures, et même civilisations. Mais
les hommes de nulle part, qui parlent le langage de nulle part, n'ont nul
besoin ni de s'entendre ni de se comprendre.
mardi 21 août 2012
962 : lundi 20 août 2012
Il
doit s’agir de Fred Nietzsche (et non de Friedrich) car ce texte s’exprime de
manière très contemporaine, en dépit de ses effets de style suranné après
tout : « Écrire, c’est mettre en ordre ; confondre
"PIB" et "taux de croissance", c’est utiliser "emmener"
pour "apporter" ! »
dimanche 19 août 2012
961 : samedi 18 août 2012
Ce matin là, comme la Mariette était partie passer trois
jours chez sa sœur, ils ont décidé de préparer le petit-déjeuner... le lait n'a
pas débordé, Pierre a calé la boule contre lui et coupé un tas de tranches,
mais pas lui, les doigts des petites sont restés en suspens au dessus de la
confiture, ils ont discuté de la disposition des bols pour que les couleurs
fassent joli, ajouté un bouquet des pâquerettes du chemin, les parents sont
restés sagement sans se manifester dans leur chambre sans trop d'impatience,
souriant avec un rien de nervosité, et l'aînée a mis les cuillères de café au
fond de la cafetière ce qui s'est révélé non adéquat.
vendredi 17 août 2012
960 : jeudi 16 août 2012
Allers-retours Personne ne fera quoique ce soit avec ce bâtiment. Personne
ne sait vraiment ce qu'il en adviendra. "Sans issue. C'est sans
issue". Litiges entre les différentes parties. Problèmes d'ordre
administratif liés au fait que l'architecte - devenu fou - était aussi bien à
l'origine du projet que présent dans chacune des étapes ultérieures de son
exécution; aussi se trouvait-il qu'il était inévitable de requérir la dite
signature à chaque stade de sa mise en oeuvre. Les parties impliquées n'ayant pas
su se mettre d'accord sur un projet commun de réhabilitation, la résolution du
conflit semblait vouée à l'échec. Artefact laissé là sans aucune utilité,
l'édifice se trouvait là, quasi achevé, en passe d'une totale absence de
réalisation, en passe de devenir un objet d'art. La situation de l'édifice,
proche de l'hypercentre, tout en étant quelque peu excentré, lui donnait une
certaine visibilité. Il s'élançait, simplement; de ses lignes et ses formes,
vers le ciel; esthétique aux formes nues. L'hiver les frimas brumeux noyaient la ville et recouvraient
les tours de givre. Lors des journées de grande luminosité on voyait des pans
entiers de la cité se refléter projetés sur les tours de Transparence.
jeudi 16 août 2012
959 : mercredi 15 août 2012
Il y a les grilles vertes, cette
haute maison, ce grand jardin bourré d'arbres que je vois de biais à travers
les grilles.
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Allers-retours L'architecte
est devenu fou. Personne ne sait ce qu'est le Rayon. Tous redoutent sa terrible
Illumination. L'architecte est devenu fou, depuis qu'il a vu le Rayon.Personne
ne sait ce qu'est le Rayon. La plupart en ont perdu la raison. Mais
lui en est juste sorti comme abruti, un peu engourdi, ou abasourdi. On le
dirait toujours en apnée. Son regard se maintient, au loin, fixant l'horizon
absent; ce qu'il dit se réduit toujours au minimum. Il est là,
il est seul, quelque part. Il n'est pas sûr qu'il n'en pense pas moins.
Ses circuits de communication ont subi une très forte distorsion. Diurnes. Personne
ne sait exactement ce qu'est le Rayon. Ses yeux fatigués suivent les
ombres les courbures du vide. Comme celui qui s'est déserté lui-même son regard
se maintient au loin, presque comme éteint. Densité. Mais celui qui
n'est pas totalement un rescapé reste avec son âme dénudée et oui ne peut que
rester là, ébahi, hébété, prostré. Pourtant un calme profond émane de sa
présence et, comme quasiment scindé, séparé, son esprit furtivement
s'échappe il va ça et là, il est tout entier décentré, et se prend à se promener
le long des parois, des reflets de verre. Ce milieu est instable, les
réseaux s'y forment et s'y déforment, ils diffusent leurs rayons à résolution
multiples, ce désert n'a pas toujours été un désert. Le sable chante,
crissement du sel et de la pierre, le vent dans les dunes, qui éprouve leurs
formes. Ce désert n'a pas toujours été un désert, le silence n'y existe pas, il
s'y joue des symphonies, il y a toujours symbiose, et osmose, il y a la
neige, la glace, le gel, sous une infinité de formes. Chaque grain de sable
étant pourvu d'une qualité de singularité et d'unicité. Chaque flocon de neige
étant lui aussi différent de tout autre flocon de neige.
mercredi 15 août 2012
959 : mardi 14 août 2012
Ce
matin là, comme il pleuvait interminablement, pour toujours, l'aînée a décidé
qu'ils joueraient au théâtre, a distribué des rôles malgré controverses
chougnardes ou doucereuses, a décidé d'une histoire qu'ils ont détruite en
improvisant, et ils se sont merveilleusement disputés et amusés, sauf Pierre
qui leur a dit que c'était idiot et qui est allé retrouver ses amis pour faire
un concours de saut en longueur avec dérapage dans la boue de la rive près du
ruisseau, et fastueuses réceptions sur les fesses.
mardi 14 août 2012
958 : lundi 13 août 2012
Les
nourritures de l’esprit progressent : voilà une idée accueillante,
Artichaut ! De tout cœur avec lui, Euh ! Les infirmières ne sont
nécessaires que dans un monde de malades…
samedi 11 août 2012
957 : vendredi 10 août 2012
Ce
matin là, ils ne purent se mettre d'accord,
les suggestions de leur mère tombèrent dans l'indifférence, leur père n'en fit
aucune, il y eu litige pour la possession du bol à l'oiseau bleu, quelques
grands gestes de bras, une danse du pot de miel, et chacun s'en alla de son
côté.
jeudi 9 août 2012
956 : mercredi 8 août 2012
Le
regard se poserait sur ce sac, sur l’envol des guêpes, sur l'ombre sur ce
mur : d'un coup ton visage se pose sur cette trace laissée là, face à face.
mardi 7 août 2012
955 : lundi 6 août 2012
Émouvantes et mouvantes émotions,
mieux vaut faire équipe que collaborer ! Par comparaison avec les hommes,
les cobayes ont la vie douce.
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Ce matin là, ils sont partis sur
le chemin du port, pieds nus, chacun portant une charge à sa mesure, le sac à
voiles, le petit seau de minuscules escargots blancs récoltés dans les herbes à
côté de la piste de la base aéro, le panier des palangrottes, ou celui du pain
et des abricots, et la brise de terre soufflait doucement sur la plage quand
ils sont arrivés au bateau.
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Lors des instants d'extase, son
visage s'imprégnait d'une lumière éthérée qui paraissait exploser de
l'intérieur, sortant de son être et allongeant ses traits d'un bonheur qui
semblait lointain et omniprésent à la fois. Rien que d'y penser l'excitait, il
aimait la regarder se perdre dans cette langueur magnifique, se dire qu'il
était à l'origine de se plaisir partagé. Parfois, un reflet de vitre ou
l'orientation d'un miroir lui permettait de voir également son propre visage et
la vision de leurs corps entremêlé décuplait son ardeur et son orgasme. Elle
entrouvrait les lèvres et les yeux, il aurait voulu que cela dure toujours. Ils
restaient ensuite enlacés jusqu'à l'endormissement.
lundi 6 août 2012
954 : dimanche 5 août 2012
Suspendu
en l'air, son corps relâché pendait vers ce sol se rapprochant d'un coup sa
tête a disparu.
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Elle
aimerait que la notion de vertige s'efface, comme si l'on pouvait supprimer ce
mot du dictionnaire, prétendre qu'il n'existe pas. Comme si le monde n'était
constitué que d'ancres solides et immuables et que le changement n'y avait de
place. Elle se penche, en avant, vers sa vie, et attend l'instant où le passé
la retiendra.
dimanche 5 août 2012
953 : samedi 4 août 2012
Ce
matin là, ils allèrent au bout du village, chez la grand-mère de la Mariette , avec des doigts
gourmands, mais au fond du jardin, à l'ombre du buis clairsemé, il n'y avait
plus de framboises et la grand-mère se lamentait, y a eu une bande d'oiseaux pilleurs,
mes enfants.
samedi 4 août 2012
952 : vendredi 3 août 2012
Les
aiguilles plient dans sa paume. Il ne s'attendait pas à rencontrer un pin bleu
en Bretagne. Assis sous l'arbre, il respire l'odeur de résine et sent sous ses
doigts les sensations de l'enfance. Il y avait plusieurs arbres près de sa
maison. La promenade du dimanche les emmenait près de ces tâches bleues
argentées égayant les bois par toutes saisons. Aujourd'hui il est plus âgé sans
être plus sage. Son corps lui rappelle que les ans ont passé, mais sous ce pin,
tout à coup, la fatigue s'envole et l'air devient plus jeune.
vendredi 3 août 2012
951 : jeudi 2 août 2012
C’était comme prendre la route un
vendredi soir. / Comme prendre son mal en patience. / Comme rouler sans GPS à
la lumière de la lune. Sans trop savoir dans quelle direction. / Elsa avait
peut-être eu un plan un jour. Elle l’aurait appelé Cartographie des
sentiments. Puisqu’il fallait bien dire où l’on allait finalement.
Puisqu’ici tout se nomme. / Elle avait gardé le nom des rues. Celle où le
soleil se lève. L’odeur du bois de bon matin. Un café, un trottoir, une place
pavée. / Comme une ligne de métro des cœurs.
mercredi 1 août 2012
950 : mardi 31 juillet 2012
De
ses lèvres dégoulinait ce qui restait de cet instant, d'un corps à présent
abandonné-là, en arrêt face à l'autre celui qui la contemple doucement, figé-là
dans ce lit. Les corps prennent toute la place dans ce lieu. Vers ces visages,
vers cette bouche, dans l'ombre de ses lèvres.
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Marc
passe sa langue sur ses lèvres. Le goût du sel se mélange aux cris des
mouettes. Face à la mer et les yeux dans le ciel, il est déjà loin du bureau,
la longue route avant d'arriver est oubliée. Il ancre ses pieds dans le sable
et attend les vagues.
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